Alors que le variant Omicron commence à émerger, nous sommes dans une situation d’entre-deux où l’information n’est pas vraiment disponible. Une fois n’est coutume, dans ce cas, il faut pas rappeler que « on ne sait pas encore » est en soi une information valable et saine à véhiculer.

On ne sait pas, à cette date du 2 décembre 2021, à quel point le variant Omicron du coronavirus est plus contagieux et/ou plus virulent. Si des hypothèses sont possibles, aucune n’est immédiatement vérifiée ou vérifiable pour l’instant. Mais pourquoi est-ce donc si difficile de dire qu’« on ne sait pas » ? Durant cette crise sanitaire, l’existence temporaire d’un manque de connaissance sur un sujet spécifique constitue pourtant une information en tant que telle.

Il ne faut jamais postuler que l’absence de connaissances relèverait d’un grave manque, d’une improbabilité difforme qui n’a pas lieu d’être. D’ailleurs, le complotisme vient parfois puiser dans cette idée, en apportant des réponses toutes faites, simplistes, sur un plateau pour faire semblant de rassurer tout en étant, en réalité, très anxiogène. Or, il est pourtant déterminant de prendre en compte ces périodes d’incertitude telles qu’elles sont : la vérité à un moment donné est qu’il n’y a pas encore de réponses. Dire « on ne sait pas » est, dans certains cas, l’information la plus importante.

Car les incertitudes sont légion au fil de cette pandémie, elles demandent bien souvent rien d’autre que du temps. Ce qu’il nous manque alors, en général, ce sont des publications scientifiques. La situation d’urgence sanitaire fait que tout circule très vite : l’apparition d’un phénomène nouveau tend à être médiatisé avant les données fiables. Nous nous situons alors dans un entre-deux où l’information n’est pas accessible, mais où les discussions sur le sujet vont bon train.

Au début de la pandémie, le coronavirus SARS-CoV-2 était nouveau, il y avait beaucoup de choses que nous ne savions pas, et la recherche a peu à peu apporté des réponses — à une vitesse inédite. À une époque, la question se posait par exemple d’une transmission plutôt par les surfaces ou aérosols, or l’on sait maintenant avec certitude que la contamination aérosol étant la plus significative, l’aération constitue un geste barrière déterminant aux côtés des masques.

Les données d’Omicron d’ici moins de deux semaines

Dans le cas du variant Omicron, il existe à l’heure actuelle de nombreuses hypothèses. Aucune n’est vraiment étayée par des données. Les seules informations disponibles sont, à cette date, l’imagerie de sa protéine Spike à partir du séquençage de son génome. Cela montre un grand nombre de mutations, davantage que pour le variant Delta, et concentrées dans la région qui se lie aux cellules humaines. C’est ce qui fait craindre une souche mieux adaptée à notre organisme, et donc plus contagieuse. On sait aussi que le variant est déjà présent aux quatre coins du monde, ce qui nourrit l’hypothèse de sa forte contagiosité.

La protéine Spike du variant Omicron du covid. // Source : Hôpital Bambino Gesu

La protéine Spike du variant Omicron du covid.

Source : Hôpital Bambino Gesu

Un grand nombre de mutations ne nous donne toutefois pas la valeur exacte de celles-ci. Ainsi, le variant pourrait être fortement transmissible, mais tout de même moins contagieux qu’on ne le craint. Il pourrait, en revanche, faire preuve d’une contagiosité très élevée. Si ce second cas se présente, reste à savoir si les symptômes sont plus graves ou moins graves. Comme le rappelle le New York Times, la présence des mutations ne suffit pas : reste à savoir comment elles fonctionnent ensemble, car elles pourraient aussi, pour le dire métaphoriquement, se « tirer une balle dans le pied » et donc rendre le virus moins dangereux. La situation sera grandement différente en fonction que telle ou telle hypothèse se confirme.

Mais face à l’anxiété que génère ce variant Omicron — car la pandémie dure depuis presque deux ans maintenant — ne tombons pas une nouvelle fois dans une information de Schrödinger, qui consisterait à dire à la fois qu’il est inquiétant et à la fois qu’il ne l’est pas, et donc à véhiculer tout et son contraire. Aujourd’hui, on ne sait pas vraiment quelle est l’ampleur de ce variant ni quel pourrait être son impact sur l’épidémie ou les vaccins.

Les équipes de recherche dédiées à l’étude du variant Omicron, tout comme les laboratoires comme Pfizer, estiment que les données les plus déterminantes seront accessibles un peu avant la mi-décembre, probablement la deuxième semaine du mois.


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