Loki sera représenté comme un dieu dit « gender fluid » dans la série Disney qui débutera le 9 juin 2021 sur la plateforme de vidéo à la demande par abonnement (SVOD), Disney+.
Cela n’a pas été annoncé en grande pompe : il s’agit d’un petit détail qui a été repéré par des fans sur une vidéo de teasing publié sur le compte officiel de la série. On y voit ce qui ressemble à un dossier qu’ont rempli les forces de l’ordre sur le personnage joué par l’acteur Tom Hiddleston, frappé d’un tampon « appréhendé », pour montrer que le dieu du Mensonge et de la Tromperie sera un prisonnier dans cette nouvelle production Marvel.
Entre les lignes qui donnent sa taille ou la couleur de ses yeux, on remarque sur le dossier que la mention « fluide » a été ajoutée à côté de « sexe ». Ce détail peut paraitre anodin, mais il fait pourtant de Loki la première tête d’affiche de l’univers cinématographique Marvel (cinéma ou série) à être présenté comme un personnage queer. Il est ici défini comme un dieu « gender fluid », ce qui signifie que son identité de genre ne serait pas forcément fixée de manière binaire. Les personnes qui apprécient la terminologie gender fluid peuvent par exemple alterner l’utilisation de pronoms féminins ou masculins, ou utiliser des alternatives neutres comme le pronom « iel » (ou they en anglais).
Une fluidité présente dans les comics
Pour les lecteurs et lectrices des comics Marvel, il ne s’agit pas d’une grande surprise : le dieu est présenté depuis longtemps en ces termes : son père Odin l’appelle par exemple « mon enfant qui n’est ni ma fille ni mon fils » une fois, puis une autre fois, s’adressant à ses trois enfants : « mon fils, ma fille, et mon enfant qui est les deux ».
Les bandes-annonces de la série Disney+ ne donnent, en revanche, aucune indication sur l’orientation sexuelle de Loki. Le concept de fluidité de genre est en effet rapporté au genre et non à l’orientation sexuelle : une personne gender fluid peut être attirée uniquement par les femmes, par exemple. Dans les comics du milieu des années 2010, les auteurs ne s’étaient pas privés de laisser entendre que Loki ne se reconnaissait pas dans la notion d’hétérosexualité classique : « Dans ma culture, on ne partage pas vraiment votre conception de l’identité sexuelle », dit-il à un humain, « il y a juste des actes sexuels, c’est tout. » Par la suite, Al Ewing, auteur de certains comics Loki: Agent of Asgard, avait écrit sur Tumblr que « Loki est bisexuel » et qu’il « changera de genre de temps en temps ».
Du LGBT-washing par Marvel Studios ?
Ce petit détail, repéré dans une courte vidéo, est vraiment paradoxal. D’un côté, il est certain que certains fans s’agaceront du simple fait que l’on ose mentionner l’identité de genre d’un personnage de leur franchise préférée. De l’autre, certaines personnes LGBT+, longtemps invisibilisées par la pop culture, pourront se sentir manipulées par ce geste « d’ouverture »… qui reste finalement extrêmement discret, voire peu assumé.
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Le souci est d’autant plus présent que Disney a historiquement déçu ses fans queer, accumulant plusieurs décisions qui ont contribué à leur donner l’impression de n’être que des minuscules cases à cocher par « obligation » sociétale. Dans le dernier Star Wars, un baiser lesbien ridiculement furtif a ainsi été casé à la toute fin de la franchise, dans le fond d’une scène, entre deux personnages secondaires (ou plutôt tertiaires). Six mois plus tôt, Marvel avait enfoncé le couteau dans la plaie, par la voix du réalisateur Joe Russo, qui avait promis qu’il y aurait Le Tout Premier Personnage Gay Dans Un Marvel Au Cinéma dans Avengers: Endgame. Résultat des courses : il ne s’agissait absolument pas d’un super-héros, ni d’un personnage principal, simplement d’un figurant, joué par Joe Russo lui-même, qui parle d’un rendez-vous galant qu’il a eu avec un homme (qu’on ne même voit pas, bien sûr).
Dans des images du tournage de Loki qui ont fuité l’an dernier, certains ont cru voir une actrice différente de Tom Hiddleston jouer un « Loki version femme », ce qui casserait complètement le principe de la représentation de la non-binarité, en tant qu’identité de genre, à l’écran. Encore une déception à venir ? La seule manière d’en savoir plus sera de suivre les épisodes de Loki sur Disney+.
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