Depuis la sortie du jeu Pokémon Let’s Go sur Nintendo Switch, plusieurs joueuses et joueurs ont raconté ne pas pouvoir y jouer. Le jeu n’est pas adapté à certains handicaps.

Vendredi 16 novembre, Nintendo a sorti son jeu « Pokémon Let’s Go », disponible sur Nintendo Switch. Problème : l’entreprise ne semble pas avoir suffisamment pensé aux personnes handicapées en le concevant.

Un mouvement difficile, mais indispensable pour jouer

Sur Twitter, les témoignages de joueuses et joueurs mécontents se sont multipliés. Reddah Boulahia, 29 ans, a twitté : « Nintendo, c’est pas juste, je dois sûrement vous saouler avec ce jeu, mais ce n’est vraiment pas juste. Encore une fois, je me sens exclu !!!! »

Joint par Numerama, le joueur, qui travaille bénévolement dans l’association APF France Handicap et tient une chaîne YouTube de gaming, nous raconte avoir un handicap de naissance. Son infirmité motrice cérébrale l’empêche de marcher, rester debout, et il a également des difficultés à effectuer de grands mouvements avec les bras.

Sauf que dans le jeu Pokémon Let’s Go, il est impossible de jouer sans de tels mouvements. Pour lancer une Pokeball et capturer un Pokémon, il faut faire un geste précis et qui « demande de l’effort » avec la manette. « C’est impossible pour moi », regrette Reddah Boulahia.

Un problème récurrent chez Nintendo

Kaïs, 27 ans, qui est lui aussi youtubeur, rencontre le même problème avec le joycon. « Je peux absolument tout faire dans le jeu, sauf capturer des Pokémon, à cause du geste en question », dit-il à Numerama.

Il remarque qu’en mode portable, il suffit d’appuyer sur une touche pour lancer une Pokeball… Sauf que comme d’autres joueurs, il ne peut jouer qu’avec un écran de télévision.

Kaïs explique que c’est « la première fois » qu’il a un souci avec un jeu sur la console Switch. « Par contre sur Wii et Wii U ce n’était juste pas possible », se souvient-il. Reddah Boulahia, lui, nous explique que le problème est récurrent chez Nintendo, comme le montre cet article publié sur Medium.

D’ordinaire, il parvient à les contourner, par exemple en faisant des mouvements alternatifs, ou en jouant avec une manette classique, comme la Switch Pro. Cette manette, comme son nom l’indique, peut se connecter à une Switch, et les jeux Nintendo sont normalement compatibles avec elle. Cela permet à des personnes handicapées de jouer avec des boutons, plutôt que des gestes… Mais pour des raisons inconnues, la Switch Pro n’est pas compatible avec le jeu Pokémon Let’s Go.

La manette utilisée par Reddah Boulahia, qui lui permet normalement de jouer à la Switch. // Source : Reddah BOULAHIA

La manette utilisée par Reddah Boulahia, qui lui permet normalement de jouer à la Switch.

Source : Reddah BOULAHIA

« Je suis certain que Nintendo et Gamefreek [le développeur du jeu] aurait pu faire en sorte d’adapter le jeu pour la manette classique, nous explique-t-il, pour pouvoir l’utiliser avec les boutons, sans être obligé de faire des mouvements. Je ne suis pas le seul dans ce cas. »

Des progrès, jugés insuffisants pour l’instant

Nintendo, qui n’a pas encore donné suite à nos sollicitations, n’est pas la seule entreprise à ne pas toujours penser aux personnes handicapées.

Récemment, Activision et le studio de développement Toys for Bob ont également été pointés du doigt concernant l’absence de sous-titres sur leurs jeux Spyro. Cette décision a été justifiée par le fait que plus de langues soient disponibles.

« Chez Sony Playstation il y a également un problème d’accessibilité, raconte Reddah Boulahia. Ils proposent un casque de réalité virtuelle pour certains jeux, mais il faut faire de grands mouvements et, dans la plupart des cas, il faut être debout. »

Il ajoute que les personnes qui comme lui, souffrent d’un stress élevé à cause d’une maladie comme le diabète, ou celles qui ont des maladies cardiaques, ne peuvent apprécier la VR. Le cerveau ne fait pas toujours bien la différence entre la réalité, et ce qui s’affiche à l’écran, et dans ces cas précis, cela peut poser de réels problèmes. Du coup, depuis le lancement de la réalité virtuelle, Reddah Boulahia n’a toujours pas pu tester de jeux sur ce mode-là.

Kaïs estime également que d’autres studios « rendent les jeux trop complexes ». « Il devrait y avoir la possibilité de simplifier le jeu si on le désire. Par exemple, sur Tomb Raider [développé par Eidos Montréal], j’avais la possibilité de mettre la visée en automatique. Ça m’a facilité la tâche. Sans ça, je n’aurais pas pu jouer à ce jeu », raconte le vidéaste, qui a pris l’habitude de regarder les parties d’autres joueurs en ligne avant d’acheter un jeu, afin d’être sûr qu’il pourrait y jouer lui aussi.

Des manettes plus inclusives

Comme le note Kaïs, il n’est pas toujours simple de « contenter tout le monde au vu des handicaps différents ». Il reconnaît par exemple que Pokémon Let’s Go est parfait pour une personne qui n’a qu’un bras, car elle pourrait jouer sans aucun problème.

Il espère cependant que les fabricants de jeux vidéo feront davantage d’efforts dans le futur, en offrant la possibilité aux joueurs de configurer certains boutons, ou en développant des manettes plus inclusives. Des marques en ont créé, comme Xbox. Une « bonne initiative » selon Kaïs, mais qui reste « hors de prix donc inaccessible ». Cette manette, que l’on aperçoit ci-dessous, coûte 90 euros. Soit plus du double de la Switch Pro.

 

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