The Crowded Room s’annonçait comme un thriller haletant, reposant sur des interrogatoires entre l’auteur d’une fusillade et une mystérieuse enquêtrice. Mais cette nouvelle série en 10 épisodes, disponible sur Apple TV+ et Canal+, manque son objectif. Seul Tom Holland parvient à nous tirer de l’ennui. Notre avis.

La simple lecture des deux mots « Tom Holland » vous a peut-être incité à cliquer sur cette critique. Et vous avez raison : l’interprète actuel de Spider-Man trouve enfin l’œuvre dramatique dont il avait besoin avec The Crowded Room. Cette nouvelle production Apple TV+, également disponible sur Canal+, ménage largement le mystère autour de son intrigue. La presse a d’ailleurs reçu une liste longue comme le bras d’éléments majeurs à ne pas dévoiler, afin de ne pas spoiler les spectateurs.

Puisque nous ne pouvons donc pas vous révéler trop d’éléments narratifs, nous résumerons simplement la série de la façon suivante : à la fin des années 1970, à Manhattan, Danny Sullivan est arrêté. Accusé d’avoir déclenché une fusillade en plein centre-ville, le jeune homme assure que c’est son amie, Ariana, qui est l’autrice de cet événement criminel, qui a fait plusieurs blessés. Problème : cette complice est, depuis, introuvable. En attendant, Danny devra donc coopérer avec la mystérieuse enquêtrice Rya Goodwin, qui pourrait bien bouleverser toute sa vie…

Tom Holland is the new Paul Dano

Sur le papier, on espérait que The Crowded Room soit le thriller psychologique de l’année : haletant, surprenant, du genre à nous faire sursauter devant notre écran. Malheureusement, il semble que la série n’ait qu’un seul véritable atout dans sa manche : Tom Holland. L’acteur de 27 ans dévoile tout simplement la meilleure performance de sa (courte) carrière avec le personnage de Danny. Si le comédien était déjà plutôt convaincant dans les derniers Spider-Man, notamment dans le registre comique, ce premier vrai rôle dramatique donne une tout autre dimension à son jeu.

Tom Holland : 1 ; Notre petit coeur bouleversé : 0 // Source : Apple TV+
Tom Holland : 1 ; Notre petit coeur bouleversé : 0 // Source : Apple TV+

On assiste véritablement à l’éclosion d’un talent insoupçonné, qui rappelle le charisme et le talent d’un Paul Dano (Little Miss Sunshine, Prisoners, The Batman), à ses débuts. Nous n’avons pas l’autorisation de vous révéler en quoi son interprétation nous a touché en plein cœur d’un point de vue narratif, mais nous en sommes ressortis bluffés des 10 épisodes de la série. Tom Holland, lui-même, a récemment dévoilé être sorti « brisé » du tournage de The Crowded Room, dont il est également producteur exécutif. Incarner Danny Sullivan l’a tellement secoué qu’il a annoncé faire une pause d’un an dans son parcours artistique. Cela vous donne une idée de son implication et de l’immensité de sa prestation dans ce thriller.

Un pétard mouillé de complexité

Mais tout le problème est là : The Crowded Room est construit comme un thriller, censé nous tenir en haleine du début à la fin. Tom Holland parvient suffisamment à toucher notre corde sensible pour que l’on continue, en effet, à suivre ses aventures. Mais pour combien de temps ? Nous avons été nous-mêmes spoilés du « twist » majeur de la série, que nous ne devons en aucun cas divulgâcher ici et qui n’intervient que dans la seconde moitié de la saison.

Mais, à vrai dire, sans cette information cruciale, nous n’aurions peut-être jamais regardé les 10 épisodes jusqu’au bout. C’est justement cette donnée essentielle qui donne à l’équation The Crowded Room toute sa complexité dramatique et surtout son originalité. Sans trop en dire, le traitement de sa thématique principale est remarquable de sensibilité et d’inventivité.

Le talent d'Amanda Seyfried (The Dropout) est trop peu exploité // Source : Apple TV+
Le talent d’Amanda Seyfried (The Dropout) est trop peu exploité // Source : Apple TV+

Mais si l’on supprime ce savoir, que reste-t-il ? Une série pas franchement addictive, qui enchaîne les clichés aussi vite que les perles d’un collier et qui ne bénéficie pas de dialogues subtils. La chronique adolescente façon sexe, drogue, rock’n’roll et problèmes familiaux se mêle alors à une enquête policière sur la véritable identité de Danny, dans un mélange déjà vu et revu sur le petit écran.

Et, soyons honnêtes : quiconque a déjà vu la moindre série policière dans sa vie n’aura pas besoin de plus de trois ou quatre épisodes pour comprendre les tenants et aboutissants du scénario, alors qu’il faut attendre l’épisode 6 pour enfin mettre en lumière cette fameuse « révélation ».

Il nous restera au moins le générique

The Crowded Room souffre ainsi d’un gros souci narratif : faire reposer l’intégralité de son récit sur un « twist », certes bien amené, mais que l’on nous suggère déjà très fortement dès le premier épisode et qui est surtout beaucoup trop tardif. On se retrouve ainsi confus à la moitié de la saison, en étant privés de l’élément central, censé nous faire continuer à regarder. La série bénéficie tout de même d’une direction visuelle plutôt intéressante, notamment dans le tout premier épisode, dont les jeux d’ombres et de lumières collent parfaitement à l’ambiance.

Un face-à-face parfois émouvant, souvent ennuyant // Source : Apple TV+
Un face-à-face parfois émouvant, souvent ennuyant // Source : Apple TV+

Le générique, tout en aquarelles, est également magnifique, à tel point que l’on aimerait presque y rester pour toute la durée des épisodes. Mais lorsque ledit générique est justement mieux construit et entretient davantage le suspense que les épisodes qu’il doit introduire, on peut légitimement se poser des questions sur les qualités scénaristiques de la série.

Les 3 premiers épisodes de The Crowded Room sont déjà disponibles sur Apple TV+ ainsi que sur Canal+. Un nouvel épisode sera ensuite disponible chaque vendredi, jusqu’au 28 juillet 2023.

Le verdict

The Crowded Room // Source : Apple TV+
5/10

The Crowded Room

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En visionnant The Crowded Room, on s’est demandé si la série n’était pas née d’un pari, tant elle mélange le pire et le meilleur. Ce thriller psychologique, centré sur l’auteur d’une fusillade qui découvre de nouveaux éléments troublants sur son passé, ne cesse de déstabiliser. Elle est ainsi aussi inconstante que la durée de ses épisodes, entre 40 et 60 minutes chacun. À la fois le meilleur rôle de Tom Holland, mais aussi l’un des pires écrins pour le mettre en valeur, The Crowded Room aurait pu être une fantastique série sur la santé mentale, si elle ne cherchait pas autant à faire compliqué à tout prix. Heureusement qu’un déluge de bons sentiments nous emporte tant bien que mal dans les deux derniers épisodes, si vous vous accrochez jusque-là.

Source : Montage Numerama

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