Il y a plus de vingt ans, Danny Boyle vidait Londres pour 28 jours plus tard. En résulta une scène devenue culte : Cillian Murphy, méconnu à l’époque, se réveille d’un coma, sort d’un hôpital et déambule dans les rues sans vie ni bruit de la capitale anglaise. Un moment à part, et qui fait encore froid dans le dos aujourd’hui.
À l’époque, personne n’aurait pu prévoir que le réalisateur reviendrait à son univers post-apocalyptique, articulé autour d’un virus qui transforme les personnes infectées en créatures enragées (des « zombies »). Pour ce faire, il a refait appel à Alex Garland, scénariste de génie et futur réalisateur de l’adaptation d’Elden Ring, et a sorti sa plus belle collection d’iPhone. Tour de force, 28 ans plus tard symbolise le retour au premier plan de ce qui mérite de devenir une saga qui compte, dans un genre que l’on croyait agonisant.
28 ans plus tard est une « suite » magistrale
28 ans plus tard se place bien évidemment à hauteur d’homme pour dérouler son intrigue, centrée sur un jeune adolescent qui a encore tout à apprendre pour survivre au milieu de l’apocalypse. Habitant du dernier vestige humain relié au Royaume-Uni, devenu une immense zone de quarantaine et de danger, il grandit sous la coupe d’un père ferme et d’une mère étrangement malade.
En plaçant le point de vue chez ce personnage au regard naïf, 28 ans plus tard parvient à toucher avec des thèmes inattendus, alors que le genre est sérieusement éculé. Car dans un monde où l’extérieur est une menace permanente, il ne faut jamais oublier que l’intérieur peut s’avérer tout autant destructeur. Une autre façon de s’approprier le message de Freaks, dans lequel Todd Browning rappelait que les monstres ne sont pas toujours ceux qu’on croit.
28 ans plus tard assume sa violence sans aucune concession
Aidé par un casting impliqué, Danny Boyle construit son film en misant sur un rythme maîtrisé. Où les moments de calme, pour ne pas dire de contemplation, finissent par céder leur place à des séquences à la limite du supportable. Le cinéaste n’épargne personne, pas même le public. 28 ans plus tard assume sa violence sans aucune concession, et le film prend même un malin plaisir à la répandre à l’écran — jouissif, gore et barré, tout ce qu’il faut.
En parfait apôtre du chaos, Danny Boyle s’amuse comme un petit fou, misant sur un montage épileptique pour matérialiser l’enfer permanent qu’est devenu un lieu autrefois paisible. On espère que Nia DaCosta en fera autant dans la suite directe, intitulée 28 Years Later: The Bone Temple.

28 ans plus tard joue habilement sur les ralentis ou les accélérations fulgurantes, couplés à des bruitages effrayants et des cris stridents, pour installer un sentiment de malaise à couper le souffle. Rarement aura-t-on ressenti une telle sensation d’urgence et de survie quand les infectés apparaissent. Malgré tout, Danny Boyle parvient à saisir une beauté, presque poétique, dans ce quotidien de rescapés qui tombent parfois dans une folie légitime, compte tenu de leur rapport à la mort.
L’ellipse de 28 ans sert de rupture, comme un marqueur pour l’évolution, que l’on devine à la manière dont Alex Garland et Danny Boyle ont intelligemment construit l’univers. Et comme 28 ans plus tard est un héritier plutôt qu’une suite, il n’y a nul besoin de voir les précédents opus pour comprendre.

Irréprochable sur le fond, 28 ans plus tard ne l’est pas totalement sur la forme. Danny Boyle a énormément tourné avec des iPhone et il est trahi par les quelques limites techniques du smartphone conçu par Apple. Certes, le résultat est plus brut et authentique, avec ce souhait de marier au mieux les images et le récit. On y gagne en immersion, avec cette impression d’être là, en train de filmer soi-même l’horreur avec son téléphone, pour fanfaronner ensuite sur les réseaux sociaux. C’est vrai.
Mais il y a des sacrifices à consentir : une photographie en berne (des éclairages cramés), des flous particulièrement marqués et une définition en retrait. On finit par s’y faire, car la patte de Danny Boyle prend le dessus. Il était un élève. Près de 28 ans plus tard, il est devenu un maître.
Le verdict

28 ans plus tard
Voir la ficheOn a aimé
- La réalisation de Danny Boyle
- Un retour malin dans la narration
- Une violence jouissive à l’écran
On a moins aimé
- Le tournage a l’iPhone, ça se voit
- On a attendu trop longtemps
- C’est quand la suite ?
Les abonnés Numerama+ offrent les ressources nécessaires à la production d’une information de qualité et permettent à Numerama de rester gratuit.
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l’I.A, contenus exclusifs et plus encore. Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

Toute l'actu tech en un clin d'œil
Ajoutez Numerama à votre écran d'accueil et restez connectés au futur !
Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez la communauté Numerama sur WhatsApp !