Une application arrive bientôt pour permettre aux Françaises et aux Français de prouver leur identité en ligne avec un haut degré de certitude. L’application servira notamment pour interagir avec des services publics ou privés.

Quelle est cette nouvelle appli pour la carte d’identité numérique ?

Il s’agira de l’application « France Identité ». Il s’agit d’un programme interministériel lancé en 2018, sous l’égide des ministères de l’Intérieur et de la Justice, ainsi que du secrétariat d’État au numérique. Son développement est toujours en cours en 2023, mais elle doit sortir dans les prochains mois, à la fois sur Android et iOS — les deux O.S. incontournables dans le monde.

application service
Des usages possibles avec la nouvelle application. // Source : France identité numérique

Celle-ci sera articulée FranceConnect, qui est un portail d’accès à des centaines de démarches administratives en France, grâce à un système de connexion centralisé. L’appli constituera la plus solution de connexion « forte » à France Connect. L’outil est promis simple d’utilisation, mais ne remplacera pas l’option papier pour celles et ceux qui ne comptent pas l’employer.

Ce projet s’inscrit dans un règlement européen de 2014, eIDAS, qui organise les « interactions électroniques sécurisées » entre la population, les sociétés et les administrations selon trois seuils : faible, substantiel et élevé. Plus ce niveau est élevé, plus la garantie que la personne est la bien celle qu’elle dit être est haute.

Quelles applications pour la carte d’identité ?

Le premier usage de France Identité sera justement de justifier son identité. L’appli pourra ainsi être une alternative à la carte d’identité classique, que ce soit le « vieux » modèle, ou la carte nationale d’identité électronique (CNIe). À terme, elle pourra accueillir d’autres documents officiels, comme le permis de conduire, ou servir à certains actes, comme la procuration.

« À l’occasion des élections européennes de 2024, une expérimentation sera menée dans le Rhône, les Hauts-de-Seine et l’Eure-et-Loir afin de permettre aux habitants de recourir à la procuration totalement dématérialisée. L’expérimentation débutera d’ici le début de l’année prochaine », indique le gouvernement, dans un point d’étape du 16 mai.

L’application pourrait servir de justificatif de majorité. Ce n’est pas anodin à l’heure où la France impose désormais aux sites X de vérifier l’âge des internautes, pour tenir à distance les mineurs — un objectif légitime. Les autorités n’ont pas précisé le mode d’emploi à suivre pour le secteur de la pornographie, qui doit donc trouver une recette sans avoir la certitude qu’elle marche.

On sait que le gouvernement prévoit une application, qui agira comme intermédiaire pour transmettre une attestation de majorité anonyme, selon le mécanisme dit du double anonymat. Indispensable compte tenu de la sensibilité du sujet, puisqu’il est question de données personnelles et d’identité en ligne. Les liens entre cette appli et celle de France Identité restent à voir.

Dans un cas comme dans l’autre, des dispositions particulières de protection sont annoncées pour éviter une usurpation d’identité ou pour ne pas transmettre toutes ses données. En outre, l’appli sera facultative et il sera possible d’y renoncer pour privilégier une autre approche classique, en présentant plutôt ses documents sous format papier.

Pourquoi l’application France Identité alors qu’il y avait Alicem ?

Il y a quelques années, le gouvernement avait été à l’origine d’une première tentative d’application sur l’identité numérique. Son nom ? Alicem, acronyme pour « Authentification en LIgne CErtifiée sur Mobile ». Le projet, qui a fait parler de lui en 2019 et 2020, a été abandonné. Un décret publié en avril 2021 a abrogé celui de 2019 consacré à Alicem.

Une illustration de la reconnaissance faciale de Facebook // Source : Facebook
La reconnaissance, qui se trouvait au coeur d’Alicem, est maintenant écartée. // // Source : Facebook

Alicem devait déboucher sur un moyen d’identification électronique, mais le projet était controversé, car il reposait sur l’utilisation de la reconnaissance faciale. L’usage de cette méthode biométrique avait été l’objet d’une vive controverse et d’une action devant le Conseil d’État pour tenter de s’opposer, sans succès, au traitement de données biométriques avec Alicem.

Le gouvernement, pendant un temps, a défendu Alicem. Cédric O, le secrétaire d’État au numérique, avait dénoncé les « fantasmes » sur l’application. Il ne devait s’agir que d’une alternative pour se connecter aux services publics, en s’assurant de l’identité de chaque personne avec un haut degré de certitude. Et la biométrie est l’un des moyens d’atteindre ce niveau de confiance.

L’exploitation du visage à des fins d’identification et d’authentification nourrit depuis des années de fortes inquiétudes au sein de la société. Elle soulève des enjeux éthiques, car elle touche à l’identité et à l’image des personnes. Elle interroge aussi sur des risques de dérive, de surveillance et de société dans laquelle on devient en permanence identifiable et identifié.

Quels sont les prérequis pour cette application d’identité numérique ?

L’application nécessite de satisfaire des préalables : il faut télécharger et installer l’application sur son smartphone. Il faut s’assurer que son téléphone dispose d’une capacité de communication en champ proche NFC. Cette technologie est aujourd’hui courante sur les smartphones récents. Il faut aussi avoir une version assez récente du système d’exploitation (Android 8 ou iOS 16).

CNIe carte nationale d'identité électronique
Source : Melvyn Dadure pour Numerama

L’autre préalable est la détention de la carte nationale d’identité électronique (CNIe). Celle-ci embarque justement une puce sécurisée dans laquelle figurent des données personnelles. Cette puce embarque aussi l’image des empreintes digitales du ou de la titulaire. Il s’agit là aussi de données biométriques, mais elles ne seront pas lues par l’application.

Il faut ensuite suivre un parcours de configuration. Celui-ci inclut soit la création d’un code personnel après s’être identifié avec FranceConnect, soit la réception d’un courrier postal. Dans celui-ci figure un document dans lequel il faudra scanner un code QR et ensuite inscrire un code personnel à six chiffres. Des étapes fastidieuses, qui ne seront ensuite plus demandées.

Comment avoir une carte d’identité numérique ?

Il est annoncé une compatibilité avec les deux grands systèmes d’exploitation du marché : Android de Google et iOS d’Apple. En pratique, ces deux OS équipent exclusivement tous les smartphones. Il n’est pas encore précisé la version minimum d’Android ou d’iOS à avoir pour faire marcher l’application. Si vous avez Windows Phone, vous n’êtes pas éligible.

Concernant les smartphones, la grande majorité des modèles en circulation devrait être compatible avec l’application — l’idée est de pouvoir la rendre accessible au plus grand nombre. Attention, les smartphones d’entrée de gamme ne sont pas toujours équipés d’une puce NFC. En outre, les simples téléphones portables ne sont pas non plus pris en charge.

Quand sort l’application de la carte d’identité numérique ?

L’application officielle pour la carte d’identité doit arriver durant l’année 2023. Son accessibilité doit être étendue au cours des prochains mois : on parle de 10 000 testeurs en mai et 100 000 pendant l’été. Le ministère de l’Intérieur prévoit bien un déploiement national d’ici décembre, à condition d’avoir un téléphone compatible et la carte nationale d’identité électronique.

Source : Numerama

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