Elon Musk lance un parti politique : une initiative vouée à l’échec

Dans une Amérique bipartite, où les Démocrates et les Républicains se succèdent depuis des décennies, plusieurs figures politiques tentent régulièrement de briser le système.

Les candidats indépendants sont courants aux États-Unis, mais leurs chances de réussite dans un système rouge et bleu sont très faibles. Donald Trump en est l’incarnation parfaite : sans affiliation politique pendant des années, il avait rejoint le Parti républicain peu avant de se présenter à sa primaire pour l’élection présidentielle de 2016. Le système du collège électoral rend quasiment impossible l’élection d’un candidat non issu d’un des deux partis historiques.

Le 5 juillet 2025, après avoir prévenu pendant des semaines qu’il envisageait de créer son propre parti politique, Elon Musk a dévoilé la création du « America Party ». Il s’agit d’une réponse à son éviction du gouvernement de Donald Trump : Elon Musk n’a pas réussi à changer le système de l’intérieur, il rêve désormais le renverser.

Elon Musk veut se venger de Donald Trump

Elon Musk a grandement contribué à l’élection de Donald Trump. Le milliardaire, qui a financé une partie de la campagne du Républicain, a même intégré son gouvernement pour diriger un semi-ministère appelé DOGE, dont la mission était de réaliser des milliards de dollars d’économies. Six mois après son arrivée, Elon Musk a pris la porte et est entré en guerre contre Donald Trump. Après avoir converti une grande partie de ses fans au Trumpisme, il veut désormais les ramener vers sa propre idéologie.

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Peu après son retrait du DOGE, Elon Musk avait promis qu’il allait se recentrer sur ses entreprises. Une promesse déjà non tenue, puisque le milliardaire est de retour dans l’arène politique.

Elon Musk, qui critique désormais ouvertement de Donald Trump, utilise un ton similaire à celui du président américain dans l’annonce de son nouveau parti : « Lorsqu’il s’agit de ruiner notre pays par le gaspillage et la corruption, nous vivons dans un système à parti unique, et non dans une démocratie. Aujourd’hui, le Parti de l’Amérique est créé pour vous rendre votre liberté ». Des paroles que pourraient avoir prononcées Donald Trump, sauf qu’Elon Musk inclut désormais l’action de son ancien patron dans la corruption.

Pour renverser les deux partis historiques, Elon Musk se compare à Épaminondas (un général). Il promet une « force extrêmement concentrée à un endroit précis du champ de bataille », sans indiquer quelle sera son action politique exacte. La seule chose que l’on sait est qu’il vise les élections de mi-mandat de 2026, pour prendre des sièges au Congrès et au Sénat, et pourquoi pas des municipalités (des grandes villes comme New York ont déjà été dirigées par des indépendants, comme Mike Bloomberg).

Elon Musk ne peut pas se présenter à l’élection présidentielle et ne réussira probablement rien avec son parti

Elon Musk a passé la quasi-totalité du week-end à promouvoir son parti politique, mais ne mentionne que très peu un détail : en tant que personnalité née à l’étranger, de parents non Américains, il ne peut pas se présenter à l’élection présidentielle.

La Constitution des États-Unis interdit à Elon Musk, aussi riche soit-il, de briguer la Maison-Blanche. Un obstacle qui sera probablement fatal pour le Parti de l’Amérique : Elon Musk doit trouver un bras droit, se mettre dans l’ombre et espérer que ses fans acceptent de le suivre. Il est aussi inéligible au poste de vice-président. Seules des élections locales sont possibles pour une personnalité naturalisée, mais il faut trouver un territoire où l’ancrage républicain ou démocrate n’est pas trop fort. Autrement dit : quasiment aucun. Les modalités d’accès aux élections sont aussi différentes d’un État à un autre : Elon Musk ne pourra pas présenter des candidats America partout.

Selon Engadget, le Parti America attirerait déjà des ultra riches, en plus des fans d’Elon Musk désormais convaincu qu’il est l’homme de la situation. Le parti America pourrait faire parler de lui pendant les élections de mi-mandat, peut-être en remportant quelques sièges, mais s’écrasera probablement contre le mur démocrate/républicain, comme toutes les initiatives indépendantes avant la sienne.

Le Parti de l’Amérique deviendra-t-il un jour quelque chose ? Ou est-il amené à devenir un énième projet secondaire d’Elon Musk, qui doit déjà gérer Tesla, SpaceX, Starlink, xAI et X ? Tout laisse penser qu’il ne s’agit pas d’une initiative crédible au vu de nombreux obstacles sur sa route et de l’inéligibilité d’Elon Musk, qui se lassera probablement de ce projet qui ne peut pas lui offrir ce dont il rêve. Sur certains aspects, le parti America rappelle même le « Birthday Party » de Kanye West, une autre initiative qui a vite brûlé.

À Washington, l’arrivée du Parti de l’Amérique ne semble pas faire peur à grand monde. Donald Trump a lui-même dégommé son ancien allié dans un post sur Truth Social : « Je suis attristé de voir Elon Musk « dérailler » complètement. Il s’est transformé en naufrage au ralenti au cours des cinq dernières semaines. Il veut même créer un troisième parti politique, bien qu’ils n’aient jamais réussi aux États-Unis. Le système ne semble pas avoir été conçu pour eux. La seule chose pour laquelle les partis alternatifs sont bons, c’est la création d’une désorganisation et d’un chaos complets et totaux ».

Donald Trump en profite pour rappeler qu’il n’hésitera pas à s’attaquer à Tesla et à SpaceX : Elon Musk a plus à perdre qu’à gagner, alors que le président américain menace de définancer ses entreprises.

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