Si vous avez reçu une notification d’alerte le 28 février 2023, c’est normal : vous avez participé à un test technique au niveau national, pour la mise en place d’un nouveau système destiné à prévenir la population en cas de grave danger.

C’est un message que vous avez reçu sur votre smartphone dans la journée du 28 février 2023 et sa nature vous a peut-être alarmé ou intrigué. La notification évoque un nouveau système d’alerte à la population, agrémenté d’un pictogramme d’avertissement rouge et d’un texte intimidant écrit en majuscule : FR-ALERT.

En lisant toutefois attentivement le message, aucune inquiétude à avoir : il s’agit en fait d’un test technique pour vérifier le bon fonctionnement de ce système d’alerte, pour s’assurer qu’il sera opérationnel le jour où il faudra l’activer. Cela a été confirmé par la Sécurité Civile sur Twitter et le gouvernement, précisant qu’aucune action particulière du public est requise.

Il est à noter que d’autres tests de ce genre sont à prévoir, pilotés par la Direction du numérique du ministère de l’Intérieur, avec le concours des opérateurs de téléphonie mobile. Le test du 28 février était circonscrit à la France métropolitaine.

À quoi ressemble un message FR-Alert ?

En cas de réception d’un message FR-Alert, le smartphone émet un « signal sonore spécifique », distinct des sonneries habituelles, pour avoir l’attention du propriétaire. Ce son se déclenche y compris si le smartphone est réglé en mode silencieux. Le smartphone vibre également. Il y a deux exceptions : si le mobile est éteint ou s’il est en mode avion.

FR-Alert Test
Un exemple d’avertissement reçu le 28 février. // Source : Capture d’écran

Un message s’affiche à l’écran, même si celui-ci est verrouillé, afin de communiquer des informations sur les raisons de ce message et la conduite à tenir. Le texte varie évidemment au cas par cas, selon la nature de la menace. Il peut être mentionné le type de risque, sa localisation, l’autorité à l’origine de l’alerte ainsi qu’un lien s’il faut transmettre des informations additionnelles.

Dans quel cas un signal FR-Alert est-il déclenché ?

Les notifications FR-Alert ne doivent servir qu’en cas de danger majeur en France et pour la population. Cela inclut les catastrophes naturelles (comme une inondation, un feu de forêt ou une tempête), les accidents industriels (fuite de gaz, pollution, incident nucléaire), les dangers sanitaires (pandémie) et les urgences en matière de sécurité publique (attentat terroriste).

Ces alertes sont également déclenchées aux alentours de l’endroit où la situation de crise est identifiée. Cela varie bien sûr selon la crise : un feu de forêt a une incidence relativement locale. Une tempête peut avoir un impact département, voire régional. Quant à une pandémie, on l’a vu avec le coronavirus : ses effets peuvent survenir à l’échelle d’une nation, voire du monde.

Autrement dit, si les autorités publiques estiment qu’un déclenchement de FR-Alert est justifié en Corse parce que l’île est ravagée par des incendies, seuls les mobiles dans la zone seront notifiés. Les personnes se trouvant en Bretagne, à Paris ou dans l’est du pays ne seront pas averties. Le choix de l’aire géographique à couvrir avec ces alertes est politique et dépend de la nature de la menace.

Comment marche le système FR-Alert ?

Le système FR-Alert a comme atout principal de ne pas nécessiter l’installation d’une application mobile au préalable, ce qui lève une première contrainte pour toucher efficacement un maximum d’individus dans une zone donnée. Passer par une app constitue une barrière limitant le taux d’adoption : on l’a vu avec SAIP, l’ancêtre de FR-Alert, et avec TousAntiCovid.

Pour le public, les notifications ressemblent à des SMS. Sur le plan technique, il s’agit en fait d’une diffusion cellulaire (ou « cell broadcast » en anglais). Ce sont des messages d’alerte transportés par les ondes radio, à partir des antennes relais qui sont disséminées dans le pays. Ces antennes relais contactent alors tous les smartphones se trouvant à proximité.

Déjà employé avec succès dans d’autres pays, le cell broadcast ne requiert pas grand-chose, en somme : pour le particulier, il suffit d’avoir un smartphone allumé et se trouver dans la zone géographique concernée. Il n’y a pas besoin non plus de s’inscrire au préalable sur une liste pour obtenir des informations. Là aussi, c’est une barrière de moins à l’entrée.

De l’autre côté, la décision de déclencher FR-Alert est politique, en fonction de ce qui se passe dans le pays. Une fois la décision prise d’envoyer une notification, un message est rédigé sur un portail dédié. Les opérateurs de téléphonie mobile s’en emparent pour le relayer sur leur réseau, dans les zones retenues. Voilà, dans les grandes lignes, le fonctionnement de FR-Alert.

Point notable : comme ce ne sont pas des SMS, mais des messages propagés par cell broadcast, FR-Alert est moins exposé à une congestion du réseau téléphonique. Or, c’est justement très important : en cas de péril majeur, on peut s’attendre à une saturation des lignes, à cause d’une sursollicitation ponctuelle, ou bien à des infrastructures détruites.

Les alertes atteignent-elles tout le monde ?

L’objectif de FR-Alert n’est pas de prévenir la totalité de la population française à chaque situation de grave danger, mais uniquement les individus se trouvant dans la zone de péril. Pour cela, l’option de la diffusion cellulaire apparaît beaucoup plus efficace que l’application mobile (qu’il faut connaître et installer) ou la liste d’alerte (à laquelle il faut s’inscrire).

Initialement, ce dispositif de diffusion cellulaire était limité aux smartphones dotés de la 4G et de la 5G, ce qui ne permettait de toucher 84 % de la population (plus de huit personnes sur dix sont équipées d’un smartphone en France). Depuis la fin 2022, il a été élargi aussi aux appareils fonctionnant en 2G et 3G, ce qui permet de couvrir 94 % de la population.

Il peut subsister sur le territoire des endroits encore en zone blanche, où l’on ne reçoit même pas la 2G. Mais, ces espaces sont de plus en plus rares. Selon le régulateur des télécoms, Orange, SFR, Free Mobile et Bouygues Telecom couvrent au moins 96 % du territoire en 2G/3G et plus de 99 % de la population (du fait de la concentration urbaine).

Source : Numerama

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