Après plusieurs années à promettre un modèle plus abordable, Tesla l’a fait. Enfin, si l’on considère que les nouvelles versions « Standard » des Model 3 et Model Y répondent à la promesse initiale. Même parmi les plus fervents défenseurs de Tesla et d’Elon Musk, les langues se délient pour dire que ces modèles sont bien plus chers que ce qu’on attendait.
Le débat fait rage depuis : est-ce que Tesla s’est foiré en beauté ? Même si je suis tentée de répondre par un « oui » franc, ces déclinaisons vont peut-être trouver leur public hors des fans de la marque. Il est bien sûr trop tôt pour juger du succès commercial de ces véhicules. Il n’en reste pas moins que l’on s’attendait à beaucoup mieux du constructeur américain, et cette déception laisse un goût amer de trahison.
Tout ça pour ça !
Certains fans de la marque attendent toujours le fameux modèle plus compact à 25 000 €. Nommé parfois Model 2, A ou Q, selon les rumeurs plus ou moins hasardeuses, beaucoup se refusent à croire que Tesla ne produira pas ce modèle qui aurait tout son sens sur le marché, au moins en Chine et en Europe. Ce n’est pourtant pas faute de répéter que celui-ci a été mis au placard par Elon Musk lui-même, car jugé pas « suffisamment intéressant » à ses yeux. Il préfère se concentrer sur sa révolution à venir avec ses Cybercab (robotaxis), eux aussi censés être abordables, s’il ne nous refait pas le coup du Cybertruck.
Cela fait un peu plus d’un an que la direction a clairement affirmé que la marque proposerait simplement des versions plus dépouillées de ses modèles actuels en guise d’alternative abordable. Et les voilà. Ce 7 octobre, Tesla a ajouté les Model 3 et Y Standard à son configurateur américain : 36 990 $ et 39 990 $. Des baisses de 10 % seulement, loin des 25 000 $ rêvés ou même des 30 000 $ qui ont été mentionnés un temps par Elon Musk aux investisseurs. Les fans ont rapidement déchanté face à l’annonce, et ce ne sont pas les seuls. Même les investisseurs n’ont pas forcément accueilli la nouvelle en se frottant les mains. L’action Tesla a même commencé à baisser quelques minutes après l’annonce, alors qu’elle aurait dû partir à la hausse.
[Mise à jour du 12/10 : l’édito a été envoyé le jeudi 9, depuis Tesla a ouvert les commandes en France et dans le reste de l’Europe]
Que reproche-t-on à ces modèles ?
C’est surtout le Model Y Standard qui cristallise les critiques. Pour 5 000 $ de moins que la version supérieure – renommée Premium – le client devra faire de nombreux compromis : batterie plus petite (69 kWh), suppression de la signature lumineuse en bandeau remplacée par des phares monoblocs moches, toit vitré masqué d’un ciel de toit en tissu, moins de confort de suspension, moins de confort acoustique, moins d’aides à la conduite (hors option de conduite autonome FSD à 8 000 $), intérieur plus cheap, arrivée de réglages manuels… Avec autant d’équipements en moins, on aurait pu s’attendre à un prix d’appel beaucoup plus bas – autour de 35 000 $ – pas juste à un prix qui ressemble à une promotion pour doper les ventes en fin de trimestre. Tous ces efforts de développement, pour ça ?
Le comble, c’est que Tesla a donc aussi créé en parallèle une Model 3 Standard. Pour 5 500 $ de moins que le prix de la version supérieure, celle-ci sacrifie bien moins d’éléments. La batterie est également plus réduite, les suspensions reviennent à l’ancienne génération et l’intérieur est aussi un peu plus cheap, mais le style extérieur, comme le toit panoramique, reste inchangé. Il y a donc un sérieux problème de cohérence dans l’affaire, et cela n’a échappé aux fans de la marque.
La Model 3 Standard apparaît comme une offre honnête, mais le Model Y Standard fait tache. Son rapport qualité/prix donne surtout l’impression d’un leurre marketing, conçu pour pousser les clients vers la version Premium. Une stratégie étonnamment maladroite pour de tels investissements.
Les ventes trancheront
Ces modèles vont se déployer dans le monde entier, et ce sont les ventes qui diront si Tesla a fait le bon choix. On ne pourra pas retirer que même si le Model Y Standard déplait aux fans, il plaira peut-être à une clientèle qui ne jure que par le prix. Néanmoins, à la différence des autres générations de modèles, il est peu probable que les clients actuels se précipitent pour acheter le nouveau modèle, et ce n’est pas un bon signe pour Tesla qui a pourtant besoin de booster ses ventes.
Il reste incompréhensible de se dire que le constructeur avait un boulevard, voire une autoroute, devant lui pour dominer le marché des voitures électriques en développant sa gamme. Pourquoi alors l’entreprise semble s’acharner à scier la branche sur laquelle elle est assise ?
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