Après une première génération de véhicules électriques au succès mitigé, Ford a choisi de repenser sa stratégie plutôt que de reculer, comme l’ont fait d’autres constructeurs américains. Une petite équipe secrète a donc été mise en place chez Ford pour repenser la conception et la production des futurs modèles électriques de la marque.
C’est justement le résultat des réflexions de cette équipe spéciale que Jim Farley, patron de Ford, a présenté en direct le 11 août 2025. Plusieurs éléments sont intéressants dans la démarche initiée par Ford pour produire des voitures électriques abordables. Pour autant, certains ne sont pas sans rappeler des annonces passées de Tesla, qui sont tombées à l’eau ou ont été retardées. Alors, qui de Tesla ou Ford va finalement repenser la production de voitures avant l’autre ?
Objectif : un pick-up moyen à 30 000 dollars
Jusqu’à présent, les modèles électriques proposés par Ford aux États-Unis sont plutôt des modèles haut de gamme au sein du catalogue du constructeur. Il y a d’abord le SUV familial Mustang Mach-e, qui est le best-seller de la marque en électrique, le grand pick-up F-150 Lightning et l’utilitaire Ford e-transit.
Ford a vendu 38 988 véhicules électriques durant le premier semestre 2025, un résultat en baisse de 12 % par rapport à 2024, selon les données Cox Automotives. Si Tesla est très loin devant, avec plus de 271 000 véhicules vendus durant la même période, Ford se retrouve également derrière Chevrolet, qui enregistre plus de 47 000 véhicules, et même le groupe coréen Hyundai (Kia, Hyundai et Genesis) avec plus de 44 000 électriques cumulés.

Ford a besoin de véhicules électriques plus abordables pour séduire une clientèle plus large. Son patron a toujours été transparent en disant que pour le moment, il n’était pas en mesure de produire localement ce type de véhicules, et que c’est pour cette raison que l’entreprise avait misé sur des véhicules plus statutaires. Jim Farley comptait donc beaucoup sur le travail de cette équipe spéciale, basée hors des murs de Ford, pour trouver la solution afin de proposer des véhicules abordables. L’un des objectifs était de réduire drastiquement le coût de production, dans le but de fabriquer ces véhicules aux États-Unis, et non dans un pays où la main d’œuvre est moins chère.
Grâce au travail de cette équipe, Ford se dit prêt à lancer une nouvelle génération de véhicules électriques plus abordables, à commencer par un pick-up intermédiaire autour de 30 000 dollars. Ce modèle inaugurera une plateforme inédite, conçue pour servir de base à plusieurs déclinaisons : une première pour Ford USA, où chaque modèle dispose aujourd’hui de sa propre architecture. Rien de révolutionnaire sur le papier : Européens, Coréens et Chinois exploitent déjà depuis longtemps des plateformes modulaires dédiées à l’électrique. Alors, où Ford compte-t-il vraiment créer la surprise ?
Un petit goût de plateforme Next-Gen de Tesla
En mars 2023, Tesla annonçait que ses futurs modèles reposeraient sur une nouvelle plateforme aux méthodes de production « révolutionnaires ». Fini la chaîne classique, place à une fabrication en plusieurs modules distincts, assemblés ensuite pour former le véhicule final. Elon Musk avait baptisé cette approche la méthode « unboxed ». En divisant par deux les coûts de production et en réduisant la surface nécessaire dans les usines, Elon Musk avait de quoi enterrer la concurrence aux méthodes dépassées.

Deux ans plus tard, le tableau est moins flamboyant : le premier modèle Next-Gen censé en bénéficier (le fameux Model 2/A/Q) a été abandonné, et pour le second, le robotaxi Cybercab, la production n’est pas encore une réalité. Lors d’une réunion surprise fin mars, le patron de Tesla a quand même assuré que cette innovation progressait et serait mise en place dans la gigafactory d’Austin pour produire le Cybercab. Il reste néanmoins à voir si, cette fois, les promesses tiendront face à la réalité, ou si Tesla a également réduit la voilure sur ce projet.
Du gigacasting et un nouveau procédé de production en 3 lignes pour Ford
Ford sait que pour produire des voitures électriques moins chères, il faut actionner plusieurs leviers : réduire les coûts de production, simplifier la mécanique et utiliser des batteries plus petites. Autrement dit, tout l’inverse de sa première génération de modèles. C’est donc la petite révolution qui se prépare dans une des usines de Ford. L’entreprise compte énormément sur les employés du site pour s’adapter à ce changement. L’UAW (syndicat automobile américain) était d’ailleurs invité sur scène pour mettre en avant les bénéfices de cette nouvelle méthode, présentée comme plus favorable aux employés, malgré une cadence plus élevée.
Côté technique, Ford mise sur davantage de gigacasting — qu’il préfère appeler « unicasting » — afin de réduire le nombre de pièces à assembler. Cela représente jusqu’à 20 % de pièces en moins par véhicule, avec moins de fixations à poser et un faisceau électrique plus court.
La grande nouveauté, c’est surtout la méthode « Universal EV Production System ». Fini l’assemblage unique, trois lignes travailleront en parallèle sur l’avant, l’arrière et la partie centrale (batterie, sièges, console) du véhicule avant de les réunir en fin de chaîne. Une méthode qui s’inspire beaucoup de celle présentée par Tesla en 2023.

Sur la batterie, Ford compte aussi économiser avec des cellules prismatiques LFP (lithium-fer-phosphate), moins chères, car sans cobalt ni nickel, malgré une production aux États-Unis. La marque n’a par contre pas donné plus de détails sur les autonomies espérées ou sur la capacité de batterie visée pour son premier modèle, qui devrait arriver sur le marché américain en 2027.
Difficile de prédire si le pari de Ford se révèlera payant avant 2027. Impossible de savoir également si certains de ces modèles arriveront jusqu’en Europe. Ce n’est pas la priorité de Ford. Sa branche européenne a son propre calendrier de développement de produits, adaptés au marché européen, mais au succès mitigé. Une révolution industrielle appliquée aux usines européennes pourrait être bénéfique pour tirer les prix vers le bas ici aussi.
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