Depuis plusieurs années, Foxconn ne cache plus ses ambitions dans la voiture électrique. Le géant taïwanais de l’électronique y voit même l’un de ses principaux relais de croissance à long terme. Pourtant, son parcours dans l’automobile ces dernières années est essentiellement jalonné d’échecs.
Quel rôle exact Foxconn veut-il jouer dans cette industrie ? La stratégie de Foxconn a toujours été un peu floue, et l’annonce du rachat du constructeur Luxgen par Foxtron en cette fin décembre n’arrange pas les choses.
De fournisseur à constructeur avec Foxtron ?
Foxtron – filiale auto de Foxconn en coentreprise avec Yulon – souhaite racheter 100 % des parts de la marque taïwanaise Luxgen pour 787 millions de dollars taïwanais (près de 25 millions de dollars), selon Nikkei Asia. Foxtron veut mettre la main sur l’ensemble des actifs de la marque : salariés, réseau de distribution, capacités de maintenance et de service après-vente à Taïwan. Enfin, cette opération reste soumise au feu vert de l’autorité de la concurrence taïwanaise, attendu pour le premier trimestre 2026.
Jusqu’ici, le groupe Foxconn offrait surtout ses services pour concevoir et fabriquer pour le compte de constructeurs, comme il le fait pour Apple dans les smartphones. Avec Luxgen, Foxtron récupère un outil clé : l’accès direct au marché domestique, sans intermédiaire.
Pour autant, le discours reste prudent. Foxtron a déjà précisé qu’aucun nouveau modèle électrique ne serait lancé sous la marque Luxgen. Le futur Model B, conçu par Foxtron, sera commercialisé à Taïwan sous un nouveau nom, Bria, estampillé Foxtron. Luxgen devient donc moins une marque à développer qu’une structure juridique prête à l’emploi pour développer Foxtron à Taïwan, et éventuellement ailleurs dans le monde.
Malgré une longue liste de revers, Foxconn persévère
Après une série de partenariats et de projets qui n’ont jamais vraiment décollé ou pris forme, Foxconn ne s’est pourtant pas découragé. Le groupe a d’abord investi dans Lordstown Motors aux États-Unis, avec l’ambition de produire le pick-up électrique Endurance. Lordstown a fait faillite en 2023, après des ventes quasi inexistantes et des accusations de chiffres gonflés. Foxconn s’est retrouvé actionnaire d’un projet mort-né.
Même tendance avec Fisker : Foxconn devait produire la compacte électrique PEAR, présentée comme un modèle clé pour démocratiser l’électrique. Le projet a été suspendu, puis abandonné, avant que Fisker ne dépose le bilan en 2024. Là encore, aucune concrétisation industrielle.
Avant cela, Foxconn avait déjà repris des actifs de Byton, startup sino-américaine prometteuse… qui n’a jamais dépassé le stade du prototype avant de disparaître. Là aussi, beaucoup d’annonces, notamment lors du CES Las Vegas, mais aucune vente.
Foxconn était également pressenti pour plusieurs partenariats avec des constructeurs japonais, mais seul celui évoqué avec Mitsubishi semble encore tenir la route, mais pour combien de temps ?
Quant à Luxgen, la vitrine la plus concrète de Foxtron/Foxconn à ce jour, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le SUV électrique n7 a connu un pic de ventes à son lancement, avant de retomber lourdement. En 2025, la marque stagne en enregistrant plus de 50 % de baisse des ventes sur l’unique marché taïwanais où elle n’a aucune concurrence nationale.
Pris séparément, chaque échec peut s’expliquer. Mis bout à bout, ils dessinent surtout une constante : impossible de savoir si Foxconn sait réellement concevoir et industrialiser des voitures électriques, tant l’entreprise peine à transformer ces compétences en succès commerciaux durables dans l’automobile. Le rachat de Luxgen ne fait que renforcer cette impression, celle d’un groupe qui refuse d’abandonner le secteur automobile malgré les débâcles. Mais est-ce une stratégie tenable à long terme ?
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