L’usine européenne de BYD devait marquer un tournant décisif dans sa conquête du marché. Sauf que le site de production de Szeged, en Hongrie, censé produire les premiers modèles électriques du constructeur chinois, prend du retard. Certes, des délais allongés ne sont pas inhabituels lors de la construction d’une usine. Néanmoins, les ambitions du groupe semblent avoir été revues à la baisse pour ce site, ce qui interpelle forcément un peu plus.
Selon Reuters, le 22 juillet 2025, la production de masse ne commencerait pas avant 2026, avec une montée en cadence bien plus lente que prévu. Pendant ce temps, les projets concernant l’usine en Turquie sont accélérés.
Simple contretemps ou changement stratégique plus profond ?
Nul doute que les déclarations de BYD ne dévieront pas du discours habituel, assurant que tout suit son cours normalement et que l’usine ouvrira comme prévu fin 2025. Officieusement, plusieurs sources internes évoquent pourtant une série de révisions du projet : démarrage repoussé, montée en cadence à petite échelle et capacité de production globale revue à la baisse. Des doutes s’installent sur la pertinence d’un tel investissement, dans le contexte actuel d’un groupe déjà en surcapacité de production.

Cette usine était la solution diplomatique trouvée pour contourner la nouvelle surtaxe européenne des véhicules produits en Chine (27 % de droits de douane pour BYD). Surtout, elle devait servir à envoyer un signal fort aux institutions européennes et clients finaux : les constructeurs chinois souhaitent s’implanter durablement en Europe. Néanmoins, face à des tensions commerciales omniprésentes, des ventes plus timides que prévu et un possible retrait de la surtaxe, il n’est pas exclu que BYD soit en train de décider d’optimiser différemment ses capacités de production hors de Chine.
En parallèle de l’usine hongroise, BYD construit aussi une usine en Turquie, dont l’ouverture est prévue pour fin 2026. Les modèles qui y seront produits ne sont pas encore arrêtés (tout comme pour la Hongrie), mais la production sera majoritairement envoyée en Europe — tout en desservant aussi des marchés proches comme la Turquie, Israël ou les Balkans. Signe d’une priorité inversée, le chantier turc avance plus vite que prévu, et les prévisions ciblent une montée en cadence rapide jusqu’à 150 000 véhicules. À ce rythme, l’usine turque pourrait produire plus que celle de Hongrie… pourtant finalisée plus tôt.
BYD pourrait ainsi jouer la prudence. Le marché européen est loin d’être conquis, et il est raisonnable de penser que le constructeur ait pu décider d’ajuster ses ambitions pour réduire les coûts et les risques. Surtout que l’usine turque permet de livrer des véhicules électriques en évitant la surtaxe.

Un vrai problème pour les ventes de BYD en France
Hélas, une telle décision pourrait contrarier les plans de la marque pour son développement en France. Avec l’usine hongroise, BYD peut contourner les barrières environnementales françaises et de rendre ses modèles éligibles aux aides à l’achat, comme le coup de pouce CEE (ex-bonus écologique), le leasing social (s’il venait à connaître une troisième édition en 2026) ou encore la prime CEE pour les véhicules de flottes. Tant que la production reste en Chine, ces dispositifs sont quasiment hors de portée.
Si les véhicules électriques BYD sont produits en Turquie, ils pourraient éventuellement être éligibles aux aides à l’achat. Cela reste un calcul complexe à faire, pour voir si le score environnemental minimal peut être atteint selon les coefficients attribués à ce pays de production. Le résultat est donc incertain. Ce qui est sûr, c’est que tant que les modèles BYD n’auront pas ce sésame en France, ils risquent de rester durablement désavantagés face à des concurrents comme Renault, Volkswagen ou Tesla.
Au-delà des aides, la production en Europe reste surtout un enjeu d’image. Elle permettrait à BYD de dissiper une partie des réticences envers les constructeurs chinois. Et la France n’est pas la seule à y accorder autant d’importance. BYD fait donc un pari risqué en ralentissant la cadence en Hongrie. Bonne intuition ou mauvais calcul ? On aura vite la réponse.
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