Le gouvernement travaille sur la seconde édition de son leasing social ou voiture à 100 €/mois. Ils n’ont en revanche pas écouté les recommandations des constructeurs pour améliorer le dispositif, ce qui les agace.

Des voitures électriques accessibles dès 100 €/mois pour des ménages plus modestes, c’était la promesse électorale faite par Emmanuel Macron avant son second mandat. La première édition de ce dispositif, nommé aussi leasing social, s’est tenue de janvier à mi-février 2024. En six semaines, près de 50 000 véhicules électriques ont été commandés alors que le quota était initialement inférieur à 25 000 exemplaires.

Cet afflux rapide des clients en concession a dans un premier temps donné le sourire aux constructeurs participants, mais l’humeur s’est rapidement assombrie. Pour éviter que le nouvel épisode de 2025 ne vienne plomber encore plus la situation, la filière automobile a fait des recommandations au gouvernement, mais aucune de ces requêtes ne sont mentionnées dans le projet d’arrêté soumis par le gouvernement le 22 mai.

Un nouveau financement pour le leasing social 2025

Pour réduire les dépenses publiques en 2025, le gouvernement cherche à limiter sa contribution directe au leasing social. En 2024, le leasing social était financé à 100 % par le budget de l’État : en partie par le bonus majoré de 7 000 € et complété par une aide exceptionnelle de 6 000 €, le tout pour atteindre 13 000 € d’aides globales par véhicule.

Peugeot e-208 version 2023 // Source : Peugeot
La Peugeot e-208 a été le modèle le plus vendu en leasing social en 2024 // Source : Peugeot

Comme pour les primes CEE, la nouvelle version du leasing social 2025 devrait être financée par les certificats d’économies d’énergie (CEE) pour la partie surprime, complétée par le bonus majoré (de seulement 4 000 € cette année) à la charge des finances publiques.

Le projet d’arrêté mentionne : « Le volume de certificats d’économies d’énergie délivré dans le cadre de ce programme n’excède pas 41 TWh cumac sur la période 2025-2030 », ce qui équivaut à un budget maximal de 369 millions d’euros. Le calcul est rapide, cela signifie que les CEE amèneront 7 830 € par véhicule. Le dispositif d’aides ne dépassera pas 11 830 € par voitures électriques au lieu de 13 000 €.

Des véhicules électriques plus chers qu’en 2024 ?

Avec une aide inférieure, cela va forcément se répercuter sur le prix affiché pour les véhicules. En 2024, certaines offres étaient particulièrement attractives : à partir de 40 €/mois pour une Renault Twingo, 49 €/mois pour la Fiat 500e et 54 €/mois pour la Citroën ë-C3.

Les offres de loyer seront probablement plus élevées que l’année passée. C’était le souhait du gouvernement de proposer des véhicules autour de 100 €/mois, et non à des tarifs deux fois moins chers qu’un pass Navigo. En revanche, les véhicules plus familiaux qui s’affichaient déjà autour de 150 €/mois en 2024, risquent de sortir du cadre du dispositif. Et cela ne serait pas une bonne nouvelle pour les familles avec enfants.

Renault Mégane E-Tech // Source : Renault
La Renault Mégane E-Tech était déjà à la limite avec 150 €/mois en 2024 // Source : Renault

10 % des dossiers réservés aux habitants des ZFE

Le projet d’arrêté indique que 5 000 dossiers sur les 50 000 prévus seront réservés « pour les personnes dont le domicile ou le lieu de travail est situé dans une commune dont une partie du territoire est située au sein d’une zone à faibles émissions mobilité, définie à l’article L. 2213-4-1 du code général des collectivités territoriales ».

10 % des leasing social seront donc sacralisés pour les habitants en ZFE éligibles au leasing social 2025. Pas sûr que cette mesure suffise à plaider en faveur des zones à faibles émissions, dont les débats sont toujours en cours quant à leur maintien.

Des constructeurs mécontents

La filière automobile souhaitait que le leasing social 2025 puisse porter sur les véhicules d’occasion et pas uniquement sur des véhicules neufs. Les constructeurs se retrouvent avec un vrai problème quant à la valeur résiduelle des véhicules électriques qui vont rentrer massivement sur leur parc d’occasion en 2027. Le marché de l’occasion risque d’être déstabilisé par le retour massif et les concessions risquent de perdre de l’argent sur chaque véhicule.

Les véhicules électriques d’occasion peinent encore à séduire les clients. Les constructeurs auraient préféré y orienter la demande, avec des modèles récents mieux équipés, mais non neufs.

Un autre point pourrait rendre réticent les constructeurs. En 2024, il avait fallu plusieurs mois avant que les aides avancées aux clients dans le cadre du leasing social soient remboursées par l’Agence de Services et de Paiements (ASP), car le logiciel n’était pas prêt. En changeant de nouveau le mode de financement du leasing social, les constructeurs s’exposent à de nouveaux problèmes de remboursement pour ce millésime. Certaines concessions avaient failli mettre la clé sous la porte en 2024, fragilisées par la situation. Il n’est pas certain qu’ils sautent de joie à l’idée de repartir sur un nouvel imbroglio financier. Des concessionnaires pourraient tout simplement refuser de prendre les commandes de leasing social.

Les constructeurs vont devoir soumettre leurs offres au gouvernement, mais l’on peut se demander si Stellantis et Renault ont vraiment envie de se saisir de l’opportunité pour vendre 50 000 véhicules électriques, ou s’ils vont y réfléchir à deux fois pour ne pas sacrifier la valeur de leurs modèles sur le marché de l’occasion. Réponse à la rentrée 2025, date prévue pour le lancement officiel de cette nouvelle édition du leasing social.

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