Le 6 novembre, la moitié du monde se réveille en pleine gueule de bois politique. Pour certains, c’est la conséquence d’avoir trop célébré la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine, pour d’autres, c’est tout l’inverse. Il faut sortir du brouillard et de la sidération provoqués par le résultat de cette élection. Mais quel rapport avec la mobilité électrique, me direz-vous ? Ce qui se passera en matière de voitures électriques aux États-Unis influencera forcément le reste du monde. Si le marché américain s’enrhume, c’est toute l’industrie automobile internationale qui retient son souffle, à l’exception peut-être de la Chine.
La présence d’Elon Musk dans le giron de Trump pourrait rassurer sur l’avenir de la voiture électrique, ou au moins de Tesla, mais rien n’est moins sûr. S’il y a bien une règle universelle en politique, c’est qu’il ne faut jamais se fier aux apparences, encore moins aux relations (trop) cordiales.
Tu es viré !
Elon Musk aurait dépensé près de 100 millions de dollars dans la campagne de Donald Trump. La présence de l’entrepreneur à succès aux côtés du candidat républicain a certainement eu un impact non négligeable sur l’opinion publique. Elon Musk a également été vu d’un bon œil par plusieurs puissances étrangères avec lesquelles l’entrepreneur a un lien particulier, comme la Chine. Avec un tel soutien, qui peut douter du programme économique de Trump, alors même qu’il n’a formulé aucun discours cohérent en la matière ? Les Américains ont, en tout cas, choisi leur camp.
Néanmoins, les deux hommes sont tout aussi imprévisibles l’un que l’autre. Ce que l’histoire nous a appris, c’est que Trump pourrait très bien faire un virage à 180° dès son investiture en janvier : remercier Elon Musk pour son implication dans la campagne et ses donations, mais le renvoyer à ses fusées et ses voitures électriques avec son célèbre « you’re fired ! ». L’inverse est aussi vrai, Elon Musk pourrait très bien claquer la porte à la moindre contrariété sur un sujet qui lui tient à cœur. Or, sans Elon Musk dans les parages, l’avenir de la voiture électrique s’obscurcira aussi vite que si elle était engloutie dans une mare de pétrole.
À quelle sauce seront mangés les concurrents de Tesla ?
Ce qui est certain, c’est que la transition écologique vient de s’arrêter net aux USA pour au moins quatre ans. Si le programme économique de Trump est flou, celui concernant l’écologie et le climat est clair : tout partira directement à la poubelle. Toutes les aides et réductions d’impôts lancées sous l’administration Biden en faveur de la voiture électrique vont certainement être arrêtées. Les constructeurs américains, qui avaient déjà ralenti leur stratégie électrique à cause du contexte économique, risquent de freiner encore plus brutalement. Heureusement, il leur reste le thermique.
Elon Musk n’a jamais caché que tout ceci pourrait faire ses affaires. Tesla peut se passer de ces coups de pouce gouvernementaux ; ses concurrents, non. Il doit jubiler quelque peu à l’idée d’éliminer aussi facilement une concurrence qui ne lui arrive pas à la cheville. Il restera l’épineuse question des droits de douane pour les véhicules et pièces en provenance de Chine. Si Elon Musk ne veut pas se fâcher avec la Chine, dont il dépend énormément pour Tesla, il devra convaincre Trump de différer cette décision. Ce qui pourrait l’exposer à de nouveaux concurrents gênants sur le territoire américain. Il faut bien savoir faire quelques compromis de temps en temps.
Pas de petits bénéfices
À l’ouverture de la bourse, le 6 novembre, l’action Tesla a bondi d’environ 13 %. Pourtant, les prises de positions politiques d’Elon Musk avaient surtout pesé de manière négative sur le cours de l’action durant les derniers mois. Cette envolée subite ne veut absolument rien dire (de durable), il peut s’agir d’un opportunisme à l’idée qu’Elon Musk hérite d’un rôle dans le gouvernement de Trump et que cela profite par extension à Tesla. Il ne faut pas y accorder plus de crédits qu’aux précédentes tentatives de manipulation du cours de l’action par le patron de Tesla.
Il n’est pas certain que les autres constructeurs soient autant à la fête. Ils ont deux mois pour éventuellement revoir les stratégies en urgence. Je vais paraître bien pessimiste, mais cela ne présage rien de bon pour la voiture électrique aux États-Unis, et cela pourrait bien contaminer l’Europe comme une traînée de poudre. Quelle galère !
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