Le gouvernement américain intensifie ses mesures contre les voitures chinoises, dont il veut empêcher l’arrivée massive sur son territoire. Cette fois, il s’agit d’interdire les logiciels et matériels chinois dans les véhicules connectés circulant aux États-Unis. La Maison-Blanche a lancé une enquête sur de potentiels risques pour la sécurité nationale, rapporte Reuters dans un article du 23 septembre 2024.
L’objectif ? Éviter que les voitures fabriquées en Chine deviennent de potentiels espions ou pire, des menaces sur roues contrôlées à distance par un gouvernement étranger. Concrètement, si la proposition passe, les constructeurs américains devront purger leurs véhicules de toute technologie chinoise d’ici à 2029. Cette décision est officiellement justifiée par la crainte de collecte de données sensibles par des puissances étrangères. Mais n’est-ce pas un prétexte pour une mesure protectionniste de l’industrie automobile américaine ?
Voitures, robotaxis et camions seraient bannis
Cette initiative s’inscrit dans un contexte de durcissement des relations commerciales entre les États-Unis et la Chine. Plusieurs secteurs, dont la téléphonie et le divertissement (TikTok), sont déjà dans la ligne de mire du gouvernement américain.
Dans un premier acte, il a été décidé d’augmenter les droits de douane de 100 % sur les véhicules électriques chinois, ainsi que sur les composants en provenance de Chine (les batteries, notamment). Toutefois, les constructeurs chinois étaient en mesure de trouver des parades, en implantant des usines avec un approvisionnement local en pièces dans les pays frontaliers des États-Unis. Le texte en cours d’élaboration viendrait encore durcir les restrictions.
La réglementation proposée toucherait l’ensemble des véhicules connectés circulant sur les routes américaines, excepté ceux utilisés dans l’agriculture ou l’industrie minière. Les drones et les trains sont pour le moment également exclus de cette nouvelle règle. Les voitures autonomes chinoises seraient aussi bannies des routes américaines, y compris pour effectuer des tests sur le territoire. L’interdiction des logiciels chinois (système d’exploitation automobile, aides à la conduite…) entrerait en vigueur dès 2027, tandis que celle sur le matériel débuterait deux ans plus tard, en 2029.
Des conséquences pour les constructeurs, y compris nationaux
Les constructeurs automobiles devront se préparer à des ajustements potentiellement coûteux. General Motors et Ford, par exemple, devront arrêter la vente de véhicules importés de Chine aux États-Unis. De plus, la règle forcerait les entreprises à remplacer progressivement leurs technologies d’aides à la conduite chinoises par des alternatives (de préférence américaines), ce qui pourrait bouleverser leurs chaînes d’approvisionnement.
L’Alliance pour l’innovation automobile, qui représente les grands constructeurs comme GM, Toyota et Volkswagen, avertit déjà que certaines entreprises pourraient avoir besoin de plus de temps pour se conformer aux nouvelles exigences. Le groupe chinois Geely, déjà présent aux États-Unis avec Volvo et d’autres marques, risque de devoir faire une drôle de gymnastique, même si la production est réalisée aux États-Unis.
Une mesure controversée qui pourrait s’étendre
Le gouvernement de Biden ne veut pas attendre que le parc automobile américain soit saturé de véhicules chinois. Ces véhicules y sont pourtant extrêmement rares pour l’instant, mais la crainte de voir ces voitures collecter des données sensibles ou même être piratées en cas de tensions diplomatiques pousse les États-Unis à l’action. Les constructeurs chinois pourront demander des dérogations, mais le message est clair : la technologie chinoise n’est plus la bienvenue sur les routes américaines.
La Chine, de son côté, fulmine et appelle les États-Unis à jouer le jeu du commerce équitable. En attendant, il ne reste plus que 30 jours au public pour commenter cette proposition.
Une telle mesure vise principalement la Chine. Néanmoins, elle s’appliquerait aussi aux logiciels et matériels russes, et pourrait s’étendre à d’autres pays jugés problématiques. Et pourquoi pas l’Europe plus tard ? Cela serait une mesure protectionniste particulièrement efficace.
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