Fisker se retrouve encore dans une situation délicate. S’il veut continuer à satisfaire ses ambitions, il va devoir s’associer à un autre constructeur. Tout ne sera pas résolu pour autant, c’est le sujet abordé dans la newsletter Watt Else du 7 mars.

Le constructeur Fisker se trouve dans une zone de fortes turbulences. Malgré les discours rassurants de son PDG, Henrik Fisker, depuis plus de 2 ans, le ciel s’assombrit toujours plus au-dessus de la jeune marque automobile. Fisker a pourtant le potentiel pour se différencier, j’ai même voulu y croire, assez séduite par le discours de son dirigeant. Néanmoins, l’entreprise semble exactement reproduire ce qui l’a déjà menée à la faillite une première fois. L’issue sera-t-elle différente ?

Beaucoup de spéculations et de tractations sont en cours depuis quelques semaines. D’ici à la fin de l’année, Fisker se retrouvera à court de liquidité si l’entreprise ne trouve pas rapidement un soutien financier. 

On prend le même et on recommence 

Henrik Fisker est un designer automobile reconnu. Voilà deux décennies que l’homme se rêve en capitaine d’une marque automobile à succès. Sa première tentative avec la Fisker Karma, entre 2007 et 2013, a été un échec. Précisons que face à lui, sur le marché californien des véhicules haut de gamme à nouvelle énergie, il y avait un certain Elon Musk avec la bien connue Tesla Model S. La bataille entre les deux entreprises a été particulièrement rude. Depuis, Fisker rêve de prendre sa revanche.

Fisker pickup Alaska et Pear // Source : Fisker
Fisker pickup Alaska et Pear // Source : Fisker

L’échec de Fisker n’est pas dû qu’au succès de Tesla. Malgré un modèle de voiture assez spectaculaire, Fisker n’a pas réussi à surmonter les difficultés, à la fois techniques et financières. Le design et l’ingénierie de la berline sportive hybride entraient en conflit pour la production de la voiture. L’entêtement de son dirigeant a également précipité sur la route des modèles inaboutis et engendré des clients mécontents. C’est finalement la faillite d’un fournisseur, bloquant la production, qui a fini par enfoncer la marque dans une situation financière inextricable. 

Confondre vitesse et précipitation 

Sous la pression des investisseurs, Henrik Fisker tenait à prouver qu’il pouvait tenir les promesses (à la différence d’Elon Musk) de produire son modèle Ocean en 2 ans. Il n’a eu qu’un peu plus de 6 mois de retard, malgré le contexte économique défavorable. Mais pour tenir cet engagement, la marque a fait l’impasse sur plusieurs développements, y compris celui du régulateur de vitesse et d’autres aides à la conduite, qui n’est toujours pas résolu plus de 9 mois après. 

Production des Fisker Ocean dans l'usine autrichienne  // Source : Fisker
Production des Fisker Ocean dans l’usine autrichienne de Magna // Source : Fisker

Je n’ai pas encore eu l’opportunité de tester le Fisker Ocean pour le constater moi-même. Cependant, la partie logicielle reste à ce jour particulièrement problématique d’après les premiers essais et retours des clients. Même si le modèle est apprécié pour son look et son agrément, les bugs logiciels ternissent l’expérience. Le véhicule n’a pas été correctement finalisé, un enseignement que le dirigeant aurait pourtant dû tirer de son expérience passée. Cela dit, personne n’est à l’abri de l’erreur, même Volkswagen y a été confronté avec l’ID.3. 

Henrik Fisker aura beau clamer avec conviction dans une interview pour Bloomberg que sa voiture électrique est meilleure que le Model Y, le charme n’opère plus. L’entrepreneur croît toujours à sa réussite, sans l’ombre d’un doute. 3 nouveaux modèles sont déjà prévus pour compléter le premier, dont les débuts sont toutefois balbutiants.

Nissan à la rescousse ? 

Les résultats financiers de 2023 mettent Fisker dans une position inconfortable. Pour essayer d’éviter de foncer dans le mur, l’entreprise a dû revoir en urgence sa stratégie de commercialisation. Mais Fisker doit aussi rapidement trouver de l’argent frais.

Fisker Alaska et Ocean // Source : Raphaelle Baut
Le Fisker Alaska interesserait particulièrement Nissan // Source : Raphaelle Baut

Si Henrik Fisker a clairement écarté la possibilité d’un investissement venant d’un constructeur chinois, tel que BYD, les rumeurs citent Nissan depuis quelques jours. Le constructeur japonais n’est plus vraiment au sommet de sa gloire, mais il pourrait investir 400 millions d’euros dans Fisker. Les deux entreprises pourraient s’entendre sur le développement de voitures électriques, particulièrement adaptées au marché américain. Encore faut-il que les négociations de partenariat débouchent sur un accord. Ce n’est jamais simple avec les Japonais, Renault peut en témoigner.

Ce serait un tel gâchis d’observer Fisker (comme Lucid ou Rivian) faire faillite sans réagir, alors que dans le même temps les groupes automobiles européens s’associent dangereusement avec des marques chinoises. Personne ne peut souhaiter cette situation. 

Si cet édito vous a plu, le reste de la newsletter Watt Else le devrait aussi. Chaque semaine, un édito épicé et des actualités decryptées, sur le thème de la voiture électrique, vous sont envoyés.

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