Après avoir été suivi par différents corps de métiers en Suède, la grève s’étend aux pays voisins sous de nouvelles formes, y compris une pouvant menacer la stabilité du constructeur en bourse.

Elon Musk se retrouve confronté à une solidarité entre les pays scandinaves qu’il n’avait probablement pas imaginée. Tesla pensait avoir à faire uniquement à une grève de quelques mécaniciens suédois de ses ateliers, facilement contournable. Sauf qu’en six semaines, les choses ont largement évolué, de nombreux autres services se sont ligués pour perturber l’activité du constructeur en Suède. Les revendications dépassent désormais les frontières suédoises, avec des conséquences variées, ce qui commence à exaspérer de plus en plus Elon Musk.

Le 7 décembre, l’un des plus grands fonds de pension du Danemark (PensionDanmark) aurait cédé 64 millions d’euros d’actions Tesla selon Reuters. D’autres gros investisseurs pourraient décider de suivre le mouvement si Tesla ne fait aucun effort pour ouvrir le dialogue. Pour Tesla, il ne s’agit plus de gérer quelques dockers et mécaniciens en colère… mais bien d’éviter de se mettre à dos toute la Scandinavie.

Tesla se met à dos de gros investisseurs

Pour le moment, seul PensionDanmark est apparemment passé à l’acte. Le gestionnaire de fonds nommé Paedagogernes Pension a déclaré qu’il cèderait également sa participation de 32,5 millions d’euros. Face à ces informations, Elon Musk a réagi sur X : « Wow, ils devraient être poursuivis en justice pour manquement à leur obligation fiduciaire envers les retraités ! »

En refusant de s’asseoir à la table des négociations, Tesla met certains investisseurs scandinaves dans des positions délicates. Certains fonds de pension, notamment suédois, veulent conserver leurs investissements pour espérer faire pression sur l’entreprise américaine, mais tous prônent des valeurs où le droit du travail et le respect du droit syndical est nécessaire dans leur choix d’investissements. C’est aussi le cas du 7ᵉ plus gros investisseur de Tesla. Le fonds souverain norvégien, qui détient une participation de 6,3 milliards d’euros, a décidé de faire pression sur l’entreprise pour qu’elle respecte les droits du travail, y compris celui des conventions collectives.

Selon un article publié ce lundi 11 décembre sur Reuters, plusieurs fonds d’investissement nordiques se sont associés pour envoyer un courrier commun à Tesla : « En tant qu’investisseurs dans Tesla, nous reconnaissons la grande contribution de l’entreprise à l’électrification du secteur des transports, mais nous demandons en même temps à la direction de chercher une solution au conflit. » Tesla va-t-il pouvoir continuer sa politique de l’autruche ?

Des fonds américains ont déjà tenté cette approche auparavant, mais sans grand succès : « Nous avons déposé de nombreuses propositions d’actionnaires et écrit des lettres pour demander des améliorations des politiques de travail de Tesla et de ses parties prenantes.» Des demandes pour lesquelles le conseil d’administration a recommandé de voter « non » lors des réunions d’investisseurs.

Qui participe à la grève Tesla suédoise ?

Lors de notre premier article au sujet de la grève en Suède le 27 novembre, les professions suivantes s’étaient associées aux mécaniciens contre Tesla :

  • Les électriciens refusent de réparer les bornes de recharge Tesla,
  • Le ménage dans les showrooms n’est plus fait par l’entreprise en charge,
  • Les ordures ne sont plus ramassées devant les centres Tesla,
  • Les dockers refusent de décharger les Tesla arrivant dans les ports,
  • L’entreprise Hydro ne produit plus de pièces en aluminium qui servent à la production des Model Y à Berlin,
  • Le service postal ne livre plus les plaques d’immatriculation à destination de Tesla, mais aussi les pièces détachées de réparation…
Tesla Model Y sans capteur USS // Source : Tesla
Tesla Model Y – modèle le plus vendu en Suède // Source : Tesla

Le 27 novembre, Tesla venait de déposer un recours en justice pour obtenir la livraison des plaques d’immatriculation. Un premier jugement avait demandé à l’entreprise postale de reprendre les livraisons, mais un second jugement a annulé le premier, ramenant Tesla dans la situation de blocage initiale.

Depuis, le syndicat IF Metall, à l’origine de la grève suédoise, a entamé des discussions avec les groupes syndicaux voisins pour empêcher le constructeur automobile de contourner le blocus des dockers suédois. Par solidarité, les pays voisins ont accepté de ne pas décharger et transporter les véhicules Tesla à destination de la Suède qui pourraient transiter par chez eux :

  • Norvège à partir du 20 décembre,
  • Finlande à partir du 20 décembre,
  • Danemark depuis le 5 décembre.

Tesla semble désormais bloqué pour assurer la livraison des nouveaux modèles en Suède. Les pièces détachées pourraient également commencer à manquer en Suède, puisqu’elles sont bloquées par les dockers et les services postaux.

Des voix s’élèvent pour soutenir Tesla

Les avis paraissent de plus en plus partagés concernant ce mouvement de grève. Pour certains Scandinaves, les actions du syndicat IF Metall sont allées trop loin. Dans un article du New York Times du 7 décembre, il était pointé du doigt que le syndicat se serait lancé dans un combat impossible à gagner. De quelques employés mécontents, le cas Tesla devient presque affaire d’État, mais est-ce que tout le battage médiatique était nécessaire ?

Avec l’action des investisseurs institutionnels, on a l’impression que le conflit n’a plus qu’un objectif : faire plier Elon Musk.

Les conflits sociaux font partie intégrante de l’actualité des voitures électriques en 2023. Pour ne rien manquer sur ces sujets de société liés à la mobilité électrique, abonnez-vous à notre newsletter hebdomadaire Watt Else.

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