Plusieurs constructeurs lancent des véhicules électriques à quatre roues qu’ils déconseillent d’appeler des « voitures ». Derrière la logique marketing et la désignation dans le Code de la route, il y a aussi la vision d’un modèle de société qui diffère entre certains acteurs de la mobilité électrique. Qui l’emportera ?

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Ceci n’est pas une voiture. À écouter certains acteurs de la mobilité électrique, on se dit que la pensée figurative a de beaux jours devant elle.

J’en ai eu la confirmation ce mardi à Paris, alors que Micro présentait sa toute petite Microlino à la presse, pour célébrer les premières commercialisations en France d’ici la fin de l’été. « Cette voiture est vraiment microscopique ! » ai-je d’abord pensé. Avant de lever le nez et voir partout les slogans : « Ceci n’est pas une voiture ! » « Ni voiture, ni moto, voici la Microlino ! »

Et soudain, un flashback. En 2020, Citroën faisait tester à Numerama son Ami, un petit véhicule électrique bleu à quatre roues, léger, carré, marrant et surprenant. On était immédiatement tombés sous le charme de la voiture. Attendez, non, pas la voiture. Il ne fallait surtout pas utiliser ce terme, mais privilégier les termes « solution de mobilité ». Autant vous dire que dans les articles, ça ne rendait pas l’écriture très fluide…

Heureusement trois ans plus tard, Citroën a lâché du lest — et parle d’ailleurs lui-même de « voiture sans permis » pour profiter d’un référencement SEO correct sur Google. 

Faut-il opposer les véhicules électriques entre eux ?

Si une photo vaut souvent mille mots, le seul petit mot « voiture » charrie visiblement des émotions contradictoires. Il n’y a qu’à voir comment Microlino communique sur son nouveau modèle. La concurrence, ce ne sont pas les voitures thermiques ; le Suisse Micro est déjà dans le futur et veut abattre les voitures électriques. « Notre empreinte carbone représente ⅓ de celle des voitures électriques », assurent les deux fils Ouboter. La Microlino pèserait 500 kg au total, soit « le poids de la batterie d’un SUV électrique », insistent-ils. Le message est passé.

L’avenir de la mobilité électrique commencerait à se dessiner bicéphale : d’un côté, les constructeurs qui cherchent à rassurer le conducteur thermique à grands coups de « voiture électrique puissante » et autres promesses sur les « 1 000 km d’autonomie » fantasmés. De l’autre, ceux qui projettent un autre modèle de société, où l’on ne cherche pas à imiter ce qui existe, mais créer de nouveaux usages et limiter les absurdités.

Le taux moyen d’occupation d’une voiture est de 1,2 personne en France. En 2019, un Français parcourait en moyenne 20 km par jour en voiture. La voiture électrique est sans aucun doute le premier pas vers une planète plus propre, mais les grandes villes ont besoin d’autres solutions pour s’adapter au réchauffement et à la surpopulation. Les véhicules « ovniesques » réussiront-ils à convaincre ?

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