Lors du Paris NFT Day, grand rendez-vous de la communauté d’entrepreneurs et d’investisseurs dans les NFT, un projet en particulier a attiré notre attention : une armurerie dans le métaverse.

« Vous savez, dans le métaverse, il y a déjà eu des agressions sexuelles », lance Gauthier Bros, le directeur du stand Metaverse Weapon Factory. « Et ces agressions n’arriveraient pas si vous aviez une AK-47 avec vous ». Nous sommes au Paris NFT Day, un rassemblement des professionnels du NFT et des mondes virtuels organisé dans la capitale, et parmi tous les exposants, ce comptoir sort du lot, avec ses fusils en plastique et une idée radicale : armer le métaverse.

Depuis le début de l’année 2021, les NFT sont partout : les non fungible tokens (ou jetons non échangeables, en français) sont des sortes de certificats d’authenticité inscrits sur une blockchain, ce qui garantit leur inviolabilité. Ce mécanisme a permis à un véritable marché de l’art virtuel d’émerger, et à des NFT de se vendre plusieurs millions de dollars. Poussé par l’ambition affichée de Facebook de se lancer dans le métaverse, tout l’écosystème crypto s’est lancé dans la mise au point de produits dédiés aux NFT — et beaucoup d’entreprises, dont Metaverse Weapon Factory, étaient à Paris pour exposer leurs « solutions ».

Le stand du Metaverse Weapon Factory, pendant le Paris NFT Day // Source : Aurore Gayte pour Numerama
Le stand du Metaverse Weapon Factory, pendant le Paris NFT Day // Source : Aurore Gayte pour Numerama

« Il faut tuer les manifestants anti bitcoin »

Le concept de Metaverse Weapon Factory (ou WMF) est simple : ils proposent de vendre des NFT d’armes, qui pourraient, à terme, être utilisés dans toutes sortes de métaverses. L’idée derrière, nous explique directement le directeur de WMF, Gauthier Bros, est de pouvoir assurer sa sécurité dans le monde virtuel — et donc, de se prémunir des agressions sexuelles virtuelles. « Avec un AK-47 avec vous, vous pouvez être sûres qu’il ne vous arrivera rien », assure-t-il.

Il est vrai que le harcèlement sexuel existe dans le métaverse. Les premiers cas d’agressions virtuelles ont été rapportés en décembre 2021, quelques semaines à peine après la grande annonce de Mark Zuckerberg sur les futurs plans de Facebook sur le métaverse. S’il est important de mettre en place des outils pour pouvoir modérer les espaces virtuels, il n’est pas sûr que s’armer puisse, un jour, avoir un véritable impact positif sur les univers virtuels. Plusieurs études ont d’ailleurs prouvé que, dans la vraie vie, les villes les plus armées ne souffraient pas de moins de crimes que les autres — il est probable que cette tendance se retrouve dans les mondes virtuels.

L'un des AK-47 de Metaverse Weapon Factory // Source : Aurore Gayte pour Numerama
L’un des AK-47 de Metaverse Weaopn Factory // Source : Aurore Gayte pour Numerama

La lutte contre le harcèlement sexuel dans le métaverse n’est pas la seule préoccupation de Metaverse Weapon Factory. En attendant que les armes puissent être interopérables dans plusieurs univers, l’entreprise a prévu de lancer un jeu, dont Numerama a pu voir une démo lors du Paris NFT Day. Le principe est surprenant : nous sommes installés dans un stand de tir classique, sauf qu’au lieu de tirer sur des cibles, « il faut tuer des manifestants anti-bitcoin ». « Les militants, quand ils crient que les crypto ce sont des arnaques ou des pyramides de ponzi, il y a le risque que le cours du bitcoin tombe à zéro », justifie le fondateur.

« Tout le monde a besoin d’un flingue dans le métaverse »

Dans la démo, des personnages courent vers nous, puis tombent une fois abattues. Il n’y a aucun signe distinctif « anti-bitcoin » sur leur avatar. Une fois totalement développé, le jeu sera plus complet, nous assure-t-on. On peut d’ailleurs voir sur leur site que les équipes de MWF ont déjà prévu de minter (transformer en NFT, ndlr) 30 000 AK-47, et ont organisé des évènements lors des prochains mois. Leur slogan est également inscrit en haut du site, dans un post-it : « Tout le monde a besoin d’un flingue dans le métaverse ». Mais il n’y aurait pas que des fusils : il est prévu que des pistolets et des couteaux puissent être achetés en tant que NFT, nous précise le fondateur de MWF. Toutes sortes d’armes différentes sont prévues, dont… des catapultes.

Pendant la journée, le stand de Metaverse Weapon Factory a rarement désempli. Toute une foule de curieux (95 % des visiteurs du salon étaient des hommes) a pris des photos avec les fusils en plastique disponibles sur le stand, et s’est essayée au tir avec un casque de réalité augmenté. Pour Wendie, qui s’est intéressée au projet et qui est restée un temps sur le stand de MWF, l’intérêt d’un tel équipement dans le métaverse n’est pas à trouver dans la sécurité, mais dans les jeux vidéo. « Je joue beaucoup à Call of Duty, donc forcément ça m’intéresserait de pouvoir avoir ma propre arme en NFT, surtout qu’elles sont belles. »

Le site de Metaverse Weapon Factory // Source : Metaverse Weapon Factory
Le site de Metaverse Weapon Factory // Source : Metaverse Weapon Factory

Pour l’instant, il n’y a pas de date annoncée pour une potentielle interopérabilité des armes de MWF dans différents métaverses, et il n’est pas sûr que les joueurs puissent s’en servir partout. Il n’y a d’ailleurs pas encore de métaverse, à proprement parler. Mais une telle possibilité pose tout de même certaines questions. « Il pourrait y avoir des dérives », concède Wendie. « La multiplication des armes, ça n’est pas toujours une bonne idée ».


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