Le bitcoin, la première et la plus connue des crypto-monnaies, est devenu incontournable. La devise numérique fait parler d’elle partout dans le monde, de la Chine aux États-Unis en passant par le Salvador, et compte de plus en plus d’adeptes. Création, fonctionnement, utilisation, sécurité : on fait le tour de vos questions.

Depuis la fin d’année 2020, un mot a été sur toutes les lèvres : bitcoin. Entre l’envolée de son prix extraordinaire en 2021, son interdiction dans certains pays, sa légalisation dans d’autres, ou encore sa reconnaissance comme monnaie officielle au Salvador et en Centrafrique, le bitcoin a régulièrement fait l’actualité depuis 3 ans.

Bien qu’il soit plus que jamais dans la lumière, le domaine des crypto-monnaies et du bitcoin reste néanmoins très compliqué. Entre des notions mathématiques qui peuvent sembler complexes, un jargon en anglais et de nombreuses notions à retenir, il n’est pas facile de se faire une bonne idée de ce qu’il en retourne réellement. Fonctionnement, utilité, impact : on répond à toutes vos questions.

Le bitcoin, la plus connue des crypto-monnaies // Source : Canva
Le bitcoin, la plus connue des crypto-monnaies // Source : Canva

Le bitcoin, c’est quoi ?

Il faut tout d’abord commencer par la base : qu’est-ce que le bitcoin ? Il s’agit d’une crypto-monnaie, c’est-à-dire une devise qui n’est pas créée par une entité centralisée. Concrètement, aucun gouvernement ou banque centrale ne supervise la création du bitcoin, contrairement à ce qu’il se passe avec les monnaies fiduciaires classiques. L’euro est contrôlé par la Banque centrale européenne, le dollar est émis par la Réserve fédérale américaine, etc.

Il est important de noter dès le début de cet article qu’il est très facile de confondre les définitions de bitcoin et de crypto-monnaie. Il s’agit bien de deux notions séparées : le bitcoin est une crypto-monnaie, mais toutes les crypto-monnaies ne sont pas du bitcoin.

Pour donner une définition de base, le bitcoin est une devise numérique autonome, qui est créée à intervalles réguliers par un algorithme, et basée sur un système connu sous le nom de blockchain, ou chaîne de bloc en français. Il n’y a pas de billet ou de pièce bitcoin : tout se fait par internet.

Les termes précédents sont compliqués de prime abord, mais nous allons tous les expliquer au cours de cet article — et afin de mieux comprendre le fonctionnement et l’idée derrière la création du bitcoin, il vaut mieux revenir en arrière, à ce qui a motivé sa genèse.

Qui a créé le bitcoin ?

Le créateur du bitcoin s’appelle Satoshi Nakamoto. Un grand mystère plane au-dessus de cette personne, dont la véritable identité n’a jamais été confirmée, et qui n’a pas donné de signe de vie depuis la mise en ligne de la blockchain du bitcoin, en janvier 2009.

Satoshi Nakamoto souhaitait créer une monnaie qui ne répondrait qu’aucune instance gouvernementale ni d’aucune institution bancaire. Il voulait arriver à la mise en œuvre d’une devise parfaitement indépendante.

Mais comment atteindre cet objectif sans une tierce personne pour fixer la valeur de la monnaie ? Comment faire en sorte qu’elle ne soit pas détournée à mauvais escient ? Il fallait mettre en place un filet de sécurité. La solution qu’a trouvée Satoshi Nakamoto est la mise en place d’une blockchain.

C’est quoi, une blockchain ?

Vous vous demandez peut-être ce que la définition de la blockchain vient faire dans un papier censé définir le bitcoin : vous avez tout à fait raison. Il est cependant nécessaire de comprendre comment fonctionne une blockchain avant de passer à la partie explicative sur le bitcoin : la blockchain est en effet un élément central de son développement — et du développement de toutes les crypto-monnaies.

Les blockchains sont des registres virtuels. Il s’agit, en quelque sorte, de la machine sur laquelle les devises numériques existent, et dont elles sont indissociables. Pour prendre un exemple, la blockchain est au bitcoin ce qu’une console est aux jeux vidéos.

Le bitcoin s'appuie sur une blockchain // Source : Canva
Le bitcoin s’appuie sur une blockchain // Source : Canva

Plus concrètement, une blockchain est une base de données qui contient un historique de toutes les transactions qui s’y sont déroulées. La blockchain du bitcoin conserve donc, depuis 2009, une trace de tous les échanges qui s’y sont déroulés. La chaîne n’a pas de propriétaire : elle est partagée simultanément avec tous ses utilisateurs, qui en sont tous les détenteurs, ce qui fait aussi qu’elle n’a pas qu’un seul lieu de stockage, ni d’autorité centrale. Les utilisateurs hébergeant la blockchain sur leur ordinateur (ce qu’on appelle des nodes bitcoin, ou des nœuds bitcoin) sont ceux qui permettent la décentralisation de la blockchain.

La chaîne est transparente, c’est-à-dire qu’elle est consultable par tout le monde, elle est sécurisée, infalsifiable et décentralisée, ce qui fait qu’elle est en quelque sorte autogérée grâce aux utilisateurs de cette chaîne. Cela est rendu possible par son architecture : les informations concernant les transactions sont stockées dans des blocs de données, qui sont rajoutés à la chaîne au fur et à mesure (d’où son nom).

Pour qu’un nouveau bloc soit rajouté, il doit tout d’abord être validé par les utilisateurs grâce à un protocole précis, nommé protocole de consensus, qui utilise la technologie de la cryptographie pour en assurer l’inviolabilité. C’est une étape très importante, qu’on appelle le minage. Une fois qu’un nouveau bloc est ajouté à la chaîne, il est visible sur tous les nœuds bitcoins — ce qui permet d’en assurer l’intégrité.

Comment un bitcoin est-il produit, ou miné ?

Le minage, parlons-en. Le terme désigne le fait de créer un nouveau bloc, et par conséquent, de nouvelles unités de crypto-monnaies — dans notre cas, du bitcoin.

Il s’agit du procédé de validation des transactions faites sur une blockchain. On ne valide pas chaque transaction individuellement, mais par bloc, comme on vient de le voir. Pour valider un nouveau bloc, des internautes sont mis en compétition les uns avec les autres : le premier qui réussira à répondre à une équation cryptographique (donc, extrêmement complexe) gagnera le droit d’approuver le nouveau bloc de transactions. Ce sont en général les utilisateurs avec la meilleure puissance de calcul qui gagne le droit de miner le bloc. Ce processus est désigné par le terme « protocole de consensus », et il permet de s’assurer que tous les nodes de bitcoin ont la même version.

Le minage de bitcoins demande une grande puissance de calcul // Source : Canva
Le minage de bitcoins demande une grande puissance de calcul // Source : Canva

Une fois que le nouveau bloc est ajouté, le mineur qui l’a validé est récompensé pour son travail : il obtient de nouvelles unités de bitcoin. C’est ce qui permet de s’assurer que n’importe qui ne peut pas créer de bitcoin comme il le faut, ce qui dénaturerait son utilité de monnaie.

Grâce au protocole de fonctionnement de la blockchain, on a donc une base de données qui permet de tenir les comptes, d’assurer les transactions, et qui récompense les personnes qui l’entretiennent en leur donnant de l’argent. C’est un système autonome et décentralisé, et ces deux qualités ont grandement participé au succès du bitcoin au fil des années.

Bitcoin : comment ça marche, et comment en acheter ?

Comment le bitcoin fonctionne-t-il ?

Pour récapituler : le bitcoin fonctionne sur une blockchain, comme toutes les autres crypto-monnaies, et il est produit grâce à une opération qui s’appelle le minage. Ce sont les principes de base qu’il faut connaître du bitcoin. Une fois qu’un bitcoin est produit, il fonctionne de la même manière que les autres monnaies : on peut s’en servir pour payer un bien ou un service.

Comment la valeur du bitcoin est-elle fixée ?

Comme toute chose, la valeur du bitcoin est fixée par 2 principaux facteurs : sa rareté, et son utilité (même si on peut également rajouter une certaine dose de spéculation depuis 2020). Aujourd’hui, et après beaucoup de variations, sa valeur fluctue autour de 20 000 dollars, mais ce chiffre change fréquemment.

Comme on l’a vu, tout le monde ne pas produire ses propres stocks de bitcoins, comme on ne peut pas nous-mêmes imprimer de nouveaux billets afin de s’enrichir. Cela assure une certaine stabilité au prix bitcoin. De plus, dès le départ, Satoshi Nakamoto avait prévu que la quantité maximale de bitcoins jamais produite serait de 21 millions d’unités. Cela rajoute au bitcoin une rareté qui en fait une dentée précieuse, comme l’or ou le pétrole : plus une chose est rare, plus elle est chère.

En plus de la limite de 21 millions, un autre mécanisme vient renforcer la valeur du bitcoin : le halving. Il s’agit d’un évènement, qui a lieu tous les quatre ans, et lors duquel la somme récoltée par les mineurs est divisée par deux. Au tout début du bitcoin, les mineurs recevaient en effet 50 bitcoins pour chaque nouveau bloc, et lors du premier halving, en 2012, la récompense a été divisée par deux, passant à 25 bitcoins. En 2016, elle est passée à 12,5, et depuis 2020 et le dernier halving, les mineurs ne reçoivent « que » 6,25 bitcoins pour chaque nouveau bloc. En 2024, pour le prochain halving, la rémunération baissera encore, à 3,125 bitcoins.

Depuis le début d'année 2022, le prix du bitcoin a fortement chuté // Source : Canva
Depuis le début d’année 2022, le prix du bitcoin a fortement chuté // Source : Canva

Il faut rajouter en plus de cela son utilité : au départ, le bitcoin ne servait pas à grand-chose en tant que monnaie. Peu de commerçants acceptaient d’être payés en crypto-monnaie, et il n’y avait pas un grand marché pour cela sur Internet. Avec le temps et avec la popularité croissante du bitcoin, de plus en plus de commerces et de plateformes d’échange ont commencé à accepter la crypto-monnaie comme moyen de paiement, augmentant ainsi mécaniquement son utilité et sa valeur.

Enfin, depuis quelques années, le bitcoin s’insère de plus en plus dans une logique boursière : tout un marché de trading s’est créé autour de la crypto-monnaie, ce qui contribue à faire varier les prix. Plus il y a de demandes pour des bitcoins, plus ils valent cher — c’est ce phénomène qu’on a vu à l’œuvre lorsque le record de valeur a été battu, en octobre 2021. L’inverse est aussi vrai : lorsque le prix baisse, tout le monde veut vendre avant que le produit ne perde entièrement sa valeur, entrainer la valeur dans sa chute — ce qui est connu sous le nom de bear market.

Comment acheter du bitcoin en France ?

Pour acheter du bitcoin en France, il faut se rendre sur des plateformes d’achats et d’échanges de crypto-monnaies. Numerama ne saurez vous recommander une plateforme plutôt qu’une autre : gardez en tête que tous les sites ont leurs inconvénients, et qu’acheter des crypto-monnaies comporte toujours une part importante de risque, même lorsque vous être sur une plateforme connue.

FTX en est le parfait exemple. Celle qui était considérée comme l’une des plateformes d’échange de crypto-monnaies les plus sûres au monde a fait faillite de manière spectaculaire. En novembre 2022, en quelques jours seulement, FTX est passée d’une valorisation de 32 milliards de dollars au néant. Renseignez-vous donc bien avant de faire la moindre opération, et n’investissez pas de sommes trop importantes.

Comment payer avec des bitcoins ?

Étant donné qu’il s’agit d’une monnaie complètement numérique, il n’est pas possible de payer exactement comme vous en avez l’habitude : il n’y a pas de pièces, ni de carte de crédit (encore) pour payer en bitcoin. Un paiement en bitcoin nécessite ainsi obligatoirement un accès à internet pour avoir accès au registre virtuel de la blockchain.

Il existe cependant des similarités dans les processus de paiement : tout d’abord, il vous faudra un porte-monnaie crypto (souvent appelé wallet dans le milieu). Il vous faudra enfin l’adresse vers laquelle vous voulez transférer vos bitcoins.

De plus en plus d’entreprises et de services proposent de payer en bitcoin. Lorsque c’est le cas, il faut généralement utiliser une app spéciale pour effectuer le paiement, un acte qui peut donc ressembler à une validation classique sur un téléphone. Le système de paiement repose alors sur un processus informatique sans tiers de confiance : l’ordre de paiement part, la transaction est inscrite dans la blockchain, et l’argent est transféré. Il n’y a pas d’intermédiaire, comme les terminaux de paiement Visa ou les banques.


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