Métavers, métaverse, méta-univers ou metaverse, on ne parle que de ce terme depuis que Mark Zuckerberg l’a proclamé successeur d’Internet. Mais, quelle est sa définition exacte ?

En octobre 2021, face à l’accumulation des affaires, Facebook change de nom. Le groupe de Mark Zuckerberg annonce devenir « Meta » et, au passage, présente sa vision de l’avenir. Selon lui, l’Internet 2D, celui sur lequel on surfe grâce à un navigateur web (Chrome, Firefox, Safari), va mourir. L’avenir du numérique sera en 3D, dans un monde virtuel appelé « métavers ».

Déterminé à faire un maximum de bruit pour que l’on parle de son projet (et pour détourner l’attention médiatique), Meta a tout fait pour que la planète parle du métavers. Un pari payant : les médias du monde entier se sont mis à présenter cet univers virtuel comme notre futur, tandis que des startups et des grandes entreprises, comme Carrefour, ont annoncé travailler dessus. Le métavers, qui n’est encore aujourd’hui qu’un fantasme, est devenu un sujet de la vie de tous les jours. Alors que la plupart des gens ne savent pas ce qu’il signifie.

En août 2022, le métavers est un terme fourre-tout, qui veut tout et rien dire. Si la vision de Mark Zuckerberg et de Meta est assez claire, bien qu’irréalisable à l’heure actuelle, l’utilisation du terme dans la société est rarement appropriée. Sur le papier, il existe déjà des milliers de métavers.

« Le » métavers selon Facebook

Pour vous expliquer ce qu’est un métavers, nous allons diviser notre article en deux parties. La première est consacrée à la vision de Facebook, qui imagine un seul et unique métavers capable de remplacer Internet. L’autre parle du terme plus généralement et s’applique à des choses existantes.

Notre quotidien pendant une semaine ressemblait à ça. // Source : Louise Audry pour Numerama
Meta lie son métavers aux casques de réalité (virtuelle, mixte ou augmentée), même s’il sera ouvert à d’autres supports. // Source : Louise Audry pour Numerama

Comment Meta imagine-t-il son métavers, qu’il présente comme un monde virtuel unique et non pas comme une application ? Pour l’entreprise de Mark Zuckerberg, le web va bientôt pivoter dans l’ère de la 3D. Meta imagine que l’on naviguera dans des mondes virtuels, censés répliquer le monde réel, grâce à des lunettes (réalité virtuelle, réalité mixte ou réalité augmentée). Il y a cependant un point important à considérer : son métavers n’est pas forcément lié aux lunettes. Dans la vision de l’entreprise, on peut aussi y accéder depuis son smartphone, même si ce sera moins intuitif.

Dans le métavers selon Meta, on retrouve tout Internet. On se balade sous la forme d’un avatar, on peut rejoindre ses amis à l’autre bout de la planète, participer à des activités à plusieurs, travailler et consommer, grâce à une monnaie virtuelle. Le métavers est une réplique de Ready Player One ou de Matrix et, dans l’idéal de l’entreprise, deviendra un standard. Meta espère que tous les géants du web se mettront d’accord pour rendre interopérables leurs écosystèmes. L’entreprise veut que les services de Google, Microsoft, Apple et les autres soient accessibles dans son monde virtuel, sans que l’on ait à changer d’application. Un enjeu majeur, que personne n’imagine vraiment possible. En août 2022, « le » métavers à la Facebook n’existe pas du tout, malgré les investissements de Meta. Personne ne sait s’il verra le jour.

Quand on met sa main devant sa tête, une télécommande virtuelle apparaît. // Source : Numerama
Horizon Worlds donne un aperçu du métavers version Facebook. // Source : Numerama

Aujourd’hui, Meta propose Horizon Worlds, une application donnant un aperçu de son métavers, qui ressemble surtout à un jeu vidéo façon Les Sims. Ses débuts sont très contrastés. Horizon Worlds peine à convaincre et ne donne pas réellement envie de lâcher toute sa vie numérique pour ce monde virtuel. Il y a d’ailleurs de moins en moins d’utilisateurs sur la plateforme.

« Les » métavers, un concept très large

En réalité, Facebook n’a rien inventé. L’entreprise de Mark Zuckerberg a réussi l’exploit d’avaler le terme « métavers » pour en faire sa propriété, mais a surtout créé la confusion dans la tête de millions de personnes. Beaucoup lient désormais Facebook, la réalité virtuelle et le métavers, alors que ces trois idées sont complètement distinctes. La réalité virtuelle est assurément une technologie d’avenir, mais rien ne dit que Facebook, avec sa filiale Oculus, restera la star du milieu. L’existence du concept de métavers unique n’est pas assurée. On se demande notamment ce qu’Apple fera avec son casque en 2023. On imagine mal l’entreprise foncer dans les mêmes concepts que Meta, avec un monde virtuel.

En réalité, les métavers sont anciens, même si l’on ne les appelait pas ainsi avant. Par définition, un métavers est « un monde virtuel, allant au-delà du monde réel ». Rien ne le lie à la réalité virtuelle ou au remplacement d’Internet, il peut parfaitement s’agir d’un jeu vidéo ou d’une application. Voici quelques exemples de services rentrant parfaitement dans la définition d’un métavers :

  • Les jeux vidéo comme GTA Online ou Fortnite, dans lesquels on interagit avec d’autres joueurs dans un monde virtuel.
  • Les anciens concepts comme Second Life, où l’on menait une double vie avec un avatar dans un jeu vidéo.
  • Les applications de rencontre en réalité virtuelle, comme VRChat, qui permettent de rencontrer des gens dans des faux lieux.
  • Les applications pour jouer ou se divertir à plusieurs, en réalité virtuelle ou ailleurs, pour se retrouver dans des mondes virtuels.

Dans les faits, toutes les expériences virtuelles avec des vraies personnes sont des métavers. Le rêve de Facebook, de créer le successeur d’Internet en 3D, n’est qu’un fantasme fondé sur un concept existant. Lorsque les médias parlent du métavers, ils parlent la plupart du temps de l’idée de Facebook. Mais, le terme peut rapidement être détourné, notamment quand des startups imaginent vendre des parcelles dans un monde virtuel ou que des groupes comme Carrefour organisent des entretiens d’embauche sur une île virtuelle. Le métavers veut tout et rien dire et l’on ne peut que regretter que celles et ceux qui en parlent oublient parfois cette distinction.


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