Après 10 000 km en vélo électrique à Paris, on a saisi l’opportunité de la révision obligatoire pour faire expertiser notre Moustache X-Road 3 par la cheffe d’atelier d’un vélociste. Voici son verdict.

Le vélo électrique est devenu un mode de transport incontournable en ville, mais qu’en est-il de sa durabilité ? Un vélo électrique, surtout lorsqu’il est soumis aux rigueurs de la vie parisienne, est-il un investissement rentable sur le long terme ? C’est la question à laquelle on a tenté de répondre, avec une expérience modeste : j’ai parcouru 10 000 km à vélo électrique à Paris avec son Moustache X-Road 3.

Loin des clichés sur la fragilité des vélos connectés ou les faillites de marques emblématiques comme Angell ou VanMoof, cette exploration révèle la robustesse insoupçonnée des VAE bien conçus et entretenus.

Merci à Pastel Turbigo et à Sandrine d’avoir bloqué son atelier toute une matinée pour nous !

Le cœur et le cerveau : comment va l’électronique après 10 000 km ?

L’une des préoccupations majeures concernant les vélos électriques est la fiabilité de leur système de propulsion : grosso modo, le moteur, la batterie, l’afficheur et les câbles. Et contrairement aux idées reçues véhiculées par les mésaventures de certaines entreprises, ces composants peuvent faire preuve d’une robustesse étonnante, à condition de respecter quelques règles simples et de privilégier des marques reconnues pour leur fiabilité — en l’occurrence, on le sait, Bosch fait gonfler le prix des vélos, mais c’est robuste.

Humidité et températures extrêmes : les ennemis des moteurs

Comme tout appareil électronique, le système électrique d’un VAE est sensible à l’environnement. L’humidité, qu’il s’agisse de la pluie ou d’un nettoyage excessif, et les températures extrêmes – qu’elles soient très froides ou très chaudes – sont ses principaux ennemis. À Paris, on n’a pas de souci à se faire côté chaleur (et dans le reste de la France non plus, à date). Mais côté humidité, pluie et températures froides, on rentre dans les seuils bas.

La clé de la longévité de l’électronique réside donc dans une protection adéquate. C’est assez évident, mais un vélo qui dort sous un porche, dans un parking ou à l’intérieur est un vélo qui durera plus longtemps. Les changements de température brusques peuvent également affecter la batterie. Sur des vélos comme le mien, le principal ennui vient aussi de l’afficheur qui peut prendre l’eau.

10 000 km en vélo électrique : la révision par l'experte de Pastel Turbigo // Source : Alfred Tertrais pour Numerama
10 000 km en vélo électrique : la révision du moteur par l’experte de Pastel Turbigo // Source : Alfred Tertrais pour Numerama

Après 10 000 km, mon vélo équipé d’un kit Bosch de la génération 2019, ne présente aucun signe de faiblesse côté moteur et batterie. L’autonomie n’est pas significativement impactée, et aucun changement de batterie n’est nécessaire — Bosch ne les répare pas, c’est un consommable pour eux. Avec des trajets quotidiens variant entre 7 et 20 km, soit une autonomie d’environ 40 km en mode Turbo par charge, je n’ai ressenti aucun besoin, à aucun moment, d’avoir plus d’autonomie. De même, le moteur Performance a toujours sa patate des premiers jours et je n’ai aucun problème avec les dénivelés de la région parisienne.

Selon Sandrine, cheffe d’atelier de Pastel Turbigo où nous nous sommes rendus pour ce reportage, Bosch est un des rares équipementiers qui passe la barre des 10 000 km sans panne. Les vélos vendus équipés de kit Bosch sont chers, mais ils ont l’avantage de durer. Je ne suis pas certain qu’un vélo électrique dont un composant doit être remplacé tous les 2 000 à 3 000 km soit une bonne idée pour le cycliste ou l’environnement.

Je vous avoue qu’aujourd’hui, quand on me demande un conseil VAE, je ne recommande même plus du neuf : une bonne marque historique qui équipe en Bosch Performance, en reconditionné sur Upway, est pour moi un meilleur plan qu’un vélo neuf entrée de gamme. Cela demande de faire confiance au processus tout en ligne, mais les quelques proches qui se sont équipés comme ça ces dernières années ne regrettent pas du tout leur achat, bien au contraire. Ce sera, je pense, aussi ma méthode si je dois renouveler un jour mon vélo.

La mécanique sous contrainte : un VAE, ça pousse fort

Au-delà de l’électronique, la mécanique du vélo électrique est soumise à des contraintes importantes, dans la mesure où le moteur pousse beaucoup plus que vos guiboles (sauf si vous venez de terminer le Tour de France). L’usure des composants mécaniques est inévitable, mais une bonne connaissance des points faibles et un entretien régulier permettent de minimiser les coûts et de prolonger la vie du vélo.

10 000 km en vélo électrique : la révision par l'experte de Pastel Turbigo // Source : Alfred Tertrais pour Numerama
10 000 km en vélo électrique : la révision par l’experte de Pastel Turbigo // Source : Alfred Tertrais pour Numerama

Les freins sont le premier élément mécanique à réviser. Heureusement, avec des marques comme Shimano, la durabilité est au rendez-vous — et surtout, le frein ne va pas lâcher. La clé est de comprendre que les plaquettes de frein sont des consommables et doivent être changées régulièrement. Une purge du liquide de frein est également recommandée tous les 2 ans. La bonne nouvelle est que ces opérations peuvent être mutualisées pour réduire les coûts de main-d’œuvre (faites la purge uniquement si vous avez à changer les plaquettes). C’est peut-être le conseil le plus important de cet article : ne rigolez pas avec vos freins, c’est ce qui vous sépare d’un accident. N’attendez pas de ne pas pouvoir freiner pour aller changer les plaquettes.

Pour mon vélo à 10 000 km le bilan est clair : les plaquettes avant doivent être changées et la purge de l’huile effectuée (j’ai changé les plaquettes arrière il y a moins d’un an et leur état est encore bon). Mais il ne faut surtout pas attendre 10 000 km pour les changer !

Le bloc chaîne-dérailleur-plateau est l’un des ensembles les plus sollicités sur un vélo électrique. L’usure y est donc plus prononcée que sur un vélo musculaire. À titre personnel, mon dérailleur a dû être changé parce qu’un tendeur qui l’a arraché, et le plateau avant a été tordu (peut-être lors d’un accident). La chaîne, quant à elle, a été changée deux fois en 10 000 km, car elle s’use rapidement, mais reste un consommable abordable. Souvent, elle se change en même temps que la cassette pour la laisser s’user au même rythme que les pignons. Pour moi, on va laisser la cassette vivre encore un peu. Pourquoi ? Tout repose sur les vitesses.

10 000 km en vélo électrique : la révision par l'experte de Pastel Turbigo // Source : Alfred Tertrais pour Numerama
10 000 km en vélo électrique : la révision des freins par l’experte de Pastel Turbigo // Source : Alfred Tertrais pour Numerama

Il faut savoir qu’un point crucial pour la longévité de la transmission est l’utilisation correcte des vitesses. De nombreux cyclistes urbains ont tendance à ne rouler qu’avec un ou deux pignons, en appuyant fort sur les pédales. Cette pratique est très néfaste pour la transmission et accélère considérablement son usure. Passer ses vitesses régulièrement et en douceur est un geste simple qui permet de réduire significativement les coûts d’entretien (alternative : roulez avec un vélo à courroie).

En résumé, pour la partie propulsion, le remplacement du plateau et de la chaîne est nécessaire, tandis que la cassette peut attendre. L’entretien régulier de ces composants – grattage des dents, dégraissage, huilage avec les bons produits – est essentiel pour prolonger leur durée de vie.

10 000 km à vélo, ça coûte combien ?

Le coût total d’entretien pour cette révision des 10 000 km, incluant la main-d’œuvre, les révisions, la nouvelle chaîne et le nouveau plateau, s’élève à 173 €, et à environ 800 € de pièces et d’entretien sur cinq ans. En ajoutant le prix d’achat du vélo (3300 € en janvier 2020), le coût à amortir est de 4 100 €, soit 820 € par an (ou 41 cts d’euro par kilomètre).

C’est moins cher qu’un passe Navigo annuel et je n’ai ni compté l’aide de 500 € que j’ai obtenue de la région Île-de-France, ni le Forfait Mobilité Durable que nous avons mis en place dans notre entreprise. En clair, même avec un vélo onéreux, l’entretien est peu coûteux et l’amortissement est, pour moi, très rapide.

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