Matter, le protocole universel de la maison connectée, passe en version 1.2. Comme promis par l’instance qui le régule, Matter s’étoffe avec neuf nouvelles catégories de produits, que doivent désormais adopter les membres de l’accord (Apple, Amazon, Google, Samsung…).

Lancé en apothéose en novembre 2022, le protocole Matter est un des accords les plus ambitieux de l’histoire de la tech. Dans un monde où la domotique est difficile à comprendre, passe par plusieurs applications et n’est pas compatible avec tout, les géants de la tech ont décidé de s’allier pour créer un protocole unique, qui permettra à terme à n’importe quelle ampoule de fonctionner avec n’importe quel interrupteur ou n’importe quel assistant vocal. Apple, Amazon, Google, Samsung, IKEA, Philips… La plupart des géants du secteur ont dit oui, après des années de discussions.

Un an après, où en est-on ? Comme Numerama le pressentait dès le jour du lancement, la transition vers Matter n’est pas aussi fluide qu’espérée. Certaines marques ont rapidement joué le jeu (Eve, SwitchBot), d’autres traînent des pieds, sous prétexte que Matter n’offre pas assez de souplesse à leurs clients (et d’autres assument même que Matter ne les arrange pas, puisqu’il rend leurs ponts de connexion inutiles). Résultat, les produits Matter sont encore rares.

En octobre 2023, le CSA (Connectivity Standards Alliance) annonce le lancement de Matter 1.2, qui vient s’adresser à plusieurs critiques. Matter 1.2 ajoute notamment le support de neuf nouvelles catégories de produits, dont certaines très populaires.

Du purificateur d’air au lave-vaisselle

À partir de Matter 1.2, qu’Apple, Google, Amazon et les autres fournisseurs d’accès doivent maintenant ajouter à leurs applications respectives, il sera possible d’utiliser le protocole Matter pour contrôler les appareils suivants :

  • Réfrigérateurs et congélateurs (contrôle de la température).
  • Climatiseurs (contrôle de la température et du mode).
  • Lave-vaisselles (contrôle à distance, suivi de l’avancée du nettoyage et notifications en temps réel).
  • Lave-linges (suivi du cycle).
  • Robots aspirateurs (contrôle à distance, choix du monde, informations sur les erreurs).
  • Détecteurs de fumée et de monoxyde de carbone (envoi de notifications, informations en temps réel).
  • Capteurs de qualité d’air (relevé d’informations en temps réel).
  • Purificateur d’air (relevé d’informations en temps réel).
  • Ventilateur (gestion du mouvement, des modes, de la vitesse et de la direction).
Le fameux module serpillère du Roomba j9+. Il peut passer sous l'aspirateur tout seul, comme une voiture décapotable.
iRobot s’est engagé à supporter Matter. // Source : Numerama

Avec toutes ces nouvelles catégories, Matter devrait pouvoir séduire plus de constructeurs, qui ont tout à gagner en jouant le jeu de leur intégration. De nombreuses catégories présentes dans Matter 1.2 sont aujourd’hui incompatibles avec Apple Maison (l’électroménager et les robots aspirateurs ne peuvent pas être contrôlés avec Siri aujourd’hui). Il sera intéressant de voir à quelle vitesse Apple ajoutera leur support. Dans les prochaines semaines ? Ou dans les prochains mois ?Même question pour Google ou Alexa, qui se contentent souvent d’un bouton on/off. Quand est-ce que leurs assistants pourront aller plus loin ? Autre question : combien de temps faudra-t-il pour que Bosch, Candy, Samsung ou LG ajoutent Matter à leurs appareils déjà connectés ?

Le grand absent du protocole Matter 1.2 est la caméra de surveillance, toujours incompatible avec le standard universel. Cela pousse les constructeurs à quelques incohérences, comme lorsque Philips Hue lance une solution de sécurité entièrement propriétaire, alors que ses autres produits sont compatibles Matter. Les caméras, les alarmes et les sonnettes, souvent incompatibles avec les apps des autres, sont grandement attendues dans Matter, afin d’être lisibles sur toutes les plateformes.

La liste des produits qui seront prochainement ajoutés à Matter. // Source : Numerama
Dans la liste des objets promis par le CSA, il reste les caméras, les routeurs Wi-Fi, les fours, les objets pour contrôler l’énergie et les portes de garage. Ce sera sans doute pour Matter 1.3, 1.4 ou 2.0. // Source : Numerama

Avec Matter 1.0 et Matter 1.1, le CSA supportait déjà tous les produits d’éclairage, de contrôle de la température (clim, chauffage, thermostat), les enceintes, les téléviseurs, les box TV, les volets roulants, les capteurs de sécurité (détecteur de porte, détection de mouvement) et les serrures connectées.

Matter a-t-il des chances d’échouer ?

Un an après Matter, la faible adoption du standard entérinent-elles ses chances de réussite ? Puisque Matter n’a pas vraiment d’opposants, il serait difficile de parier sur son échec. On peut toutefois s’interroger sur son démarrage progressif… Y aura-t-il, dans cinq ans, des produits encore non-Matter sur le marché de la maison connectée ?

Un des problèmes cités par les constructeurs concerne la trop grande simplicité de Matter. Dans le cas des aspirateurs robots par exemple, Google, Amazon et Apple n’auront pas accès à la cartographie de la pièce en temps réel, alors que l’application officielle du constructeur en disposera. Dans ce cas, pourquoi s’embêter à supporter Matter, si le passage par l’application officielle est toujours indispensable ? Du moins à la configuration.

L’annonce de Matter 1.2 n’a pas été suivie du lancement de nouveaux produits déjà compatibles, ce qui prouve une nouvelle fois que Matter n’est pas la priorité des marques. Le CES 2024 de Las Vegas pourrait être le lieu où de premiers produits électroménagers Matter apparaissent.

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