La scène se déroule à Prague, le 24 août 2006. L’Union astronomique internationale (UAI) se réunit à l’occasion de son 26ème congrès et donne sa décision définitive : Pluton n’est plus une planète. Un coup de massue qui arrive après une semaine de débats intenses entre géologues, astronomes, astrophysiciens et autres spécialistes.
La décision fut difficile à prendre. Découverte en 1930 par l’Américain Clyde Tombaugh, Pluton faisait partie intégrante de notre Système solaire. Elle était aussi auréolée d’un certain mystère qui la rendait populaire dans les œuvres de science-fiction, car c’était la planète la plus lointaine. Et puis, elle était très mal connue.
Une planète « problématique »
Mais voilà, les progrès de l’astronomie ont jeté un doute sur sa véritable nature. Pour commencer, son orbite très elliptique qui croisait celle de Neptune et qui n’était pas alignée avec le plan des autres planètes causait problème. Sa petite taille aussi, à peine 2 300 km de diamètre, soit moins que la Lune, en faisait une exception.

Puis, ce qui a motivé cette décision, ce fut la découverte d’autres corps similaires. C’est le cas d’Eris, dont la taille est initialement estimée à 3 600 kilomètres de diamètre, avant d’être revue à la baisse. Il en va de même pour Makémaké, Orcus et Sedna, tous des objets célestes comparables à Pluton. Des simulations assurent que des centaines de corps semblables seraient sur la même orbite.
L’UAI décide alors de changer la définition d’une planète. Pour entrer dans cette catégorie, il faut répondre à de nouveaux critères :
- Être ronde, pour ne pas confondre avec des astéroïdes qui seraient particulièrement massifs.
- Être en orbite autour du Soleil, ce qui correspond encore à Pluton, même avec sa trajectoire plutôt originale.
- Avoir fait le ménage autour de son orbite.
C’est ce dernier critère qui change tout pour Pluton. Si d’autres objets transneptuniens existent sur son orbite, alors il faut la considérer comme une planète naine, au même titre que l’astéroïde Cérès.
Les défenseurs de Pluton
Pluton est donc destituée, mais cela ne convient pas à tout le monde.
Pour commencer, comme il s’agit de la seule planète découverte par un Américain, nombre de compatriotes insistent pour la garder ! Ils réunissent plusieurs centaines de planétologues qui signent une pétition pour s’y opposer. Ils dénoncent un vote ayant rassemblé seulement 400 participants alors que 6 000 scientifiques participaient au congrès.
En plus, le timing tombe mal puisque la sonde New Horizons est partie juste quelques mois auparavant en direction de Pluton, et il y a la crainte que cette mission ne passionne moins les foules désormais.

Les années suivantes donnent en partie raison aux défenseurs de Pluton. Les centaines de corps similaires attendus s’avèrent finalement être plus petits que prévu. Dans la catégorie, Pluton domine largement, même Éris ou Makémaké restent bien plus petits.
Pluton pourra-t-elle redevenir une planète ?
Le destin de Pluton n’est pas encore scellé. Ses défenseurs voudraient qu’elles puissent retrouver sa place, peut-être aux côtés d’Eris et Makémaké, ce qui donnerait un système à 11 planètes. Pourquoi pas ?
La découverte de la planète 9, si elle a lieu un jour, pourrait remettre tout cela en cause. Un astre massif, au-delà de l’orbite de Pluton, clôturerait irrévocablement le débat. En attendant, pour le grand public, ces débats apparaissent lointains, voire ignorés. Pluton est bien souvent encore perçue comme une planète, une vraie.
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