La mission Peregrine ne touchera jamais le sol lunaire. Aujourd’hui, l’alunisseur est en route pour revenir vers la Terre. Il entrera bientôt dans l’atmosphère pour s’y consumer. Ce sera alors la fin du voyage.

Il devait achever son voyage sur la Lune. Finalement, l’alunisseur américain Peregrine terminera sa course quelque part au-dessus de la Terre, en se consumant très vraisemblablement durant sa rentrée atmosphérique. C’est le scénario qui se dégage du dernier point d’étape partagé par l’entreprise Astrobotic Technology, le 14 janvier 2024.

Une perspective à laquelle la startup ne semblait pas s’y faire à l’origine, malgré les déboires de la mission Peregrine. « Comme il s’agit d’une mission commerciale, la décision finale concernant la trajectoire de vol de Peregrine est entre nos mains », rappelait-elle, suggérant un désir de prolonger ce programme aussi longtemps que possible, même s’il n’y avait plus d’espoir.

Partie de la Terre le 8 janvier dernier, la mission Peregrine était censée se rendre sur la surface lunaire. Un succès aurait été doublement historique : la mission aurait été la première depuis cinquante ans à voir un engin retourner sur le satellite. En outre, elle aurait été aussi la première à y parvenir du côté du secteur privé. D’autres groupes ont tenté l’aventure par le passé, sans y arriver.

Représentation de Peregrine. // Source : Capture d'écran YouTube Spaceflight Now
Représentation de Peregrine. // Source : Capture d’écran YouTube Spaceflight Now

Hélas, les choses ont vite mal tourné pour Peregrine, au point de rendre illusoire un alunissage. Un incident est survenu peu après le décollage, après le déploiement dans l’espace de la sonde transportant l’alunisseur, et les problèmes se sont accumulés avec, en particulier, une fuite de carburant et un problème d’orientation du véhicule par rapport au Soleil.

Ces difficultés ont rapidement fait comprendre à Astrobotic que le scénario initial de la mission n’était plus viable. Compte tenu de la situation, il a fallu changer les plans en temps réel pour essayer de profiter malgré tout au maximum de la présence d’une sonde dans l’espace, ne serait-ce que pour accumuler les données de vol — ce qui servira entre autres pour la tentative d’après.

Il a également été possible d’allumer les instruments scientifiques embarqués sur l’alunisseur, même s’ils ne pourront pas être exploités sur la Lune, comme c’était prévu. D’autres éléments plus inattendus se trouvent par ailleurs à bord : des cendres de dépouilles humaines et animales, une canette de boisson et de la cryptomonnaie (Bitcoin).

Une rentrée sur Terre pour s’y consumer

Bien que les estimations sur la durée de vie de la mission se soient avérées favorables compte tenu des circonstances, « la recommandation que nous avons reçue est de laisser le vaisseau spatial se consumer lors de sa rentrée dans l’atmosphère terrestre », a fait savoir la startup. « Nous avons pris la décision difficile de maintenir la trajectoire actuelle du vaisseau spatial pour qu’il rentre dans l’atmosphère terrestre. »

« En fin de compte, nous devons trouver un équilibre entre notre propre désir de prolonger la vie de Peregrine, d’utiliser des charges utiles et d’en apprendre davantage sur le vaisseau spatial, et le risque que notre vaisseau endommagé puisse causer un problème dans l’espace cislunaire ». L’intérêt général a primé sur les désirs individuels.

Aujourd’hui, la mission se trouve sur une trajectoire qui l’amène à circuler entre la Terre et l’orbite lunaire, qui se trouve à 390 000 kilomètres de distance — c’est l’espace cislunaire. De fait, c’est une victoire pour Astrobotic : elle a réussi à voyager jusqu’au domaine de la Lune. Une réussite qu’a voulu souligner la société dans un point d’étape le 13 janvier.

Astrobotic cislunaire
La mission a rejoint l’orbite lunaire. // Source : Astrobotic Technology

Astrobotic s’est rapprochée de la Nasa ainsi que du gouvernement américain et de la communauté spatiale pour discuter de l’avenir de Peregrine. Il s’agissait entre autres de déterminer la manière la plus sûre et la plus responsable de mettre fin à la mission, sans risquer une collision avec un autre satellite, ce qui pourrait causer une pollution de l’orbite terrestre ou de la zone cislunaire.

Quant aux habitants de la Terre, tout est fait pour qu’ils ne risquent rien. « Nous pensons que la rentrée de Peregrine ne présente pas de risques pour la sécurité et que le vaisseau spatial se consumera dans l’atmosphère terrestre. Nous travaillons avec la Nasa pour continuer à mettre à jour et à évaluer la trajectoire de rentrée contrôlée de Peregrine. Nous validons cette hypothèse par des analyses en collaboration avec le gouvernement américain », est-il ajouté.

Aujourd’hui, c’est vraisemblablement au large de l’Australie que Peregrine devrait terminer sa course. Selon un astronome amateur, Tony Dunn, les calculs amènent à penser que la rentrée atmosphérique de l’engin le 18 janvier 2024 au-dessus de la Grande Barrière de Corail. Un beau décor pour accueillir le chant du cygne de l’alunisseur.

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