La mission JUICE explorera les lunes glacées de Jupiter : Ganymède, Europe et Callisto. Cela doit permettre d’en savoir plus sur l’habitabilité de ces satellites. Mais JUICE ne pourra probablement pas y trouver la vie.

L’une des missions spatiales les plus importantes de 2023 s’apprête à partir. La mission JUICE (« Jupiter Icy Moons Explorer ») de l’Agence spatiale européenne (ESA) décolle le jeudi 13 avril 2023, avec une fenêtre de tir s’ouvrant à 14h15 (heure de Paris). Objectif : l’exploration des satellites naturels de Jupiter, au terme d’un long voyage en zigzags — les missions spatiales ne voyagent jamais en ligne droite.

La sonde spatiale doit aider à mieux cerner l’habitabilité des océans glacés de plusieurs lunes de Jupiter : Ganymède, Europe et Callisto. La mission les étudiera « en tant qu’objets planétaires et habitats possibles », résume l’ESA. Le concept de la vie est donc au cœur de cette mission, avec en fond la question de savoir si des satellites de géantes gazeuses pourraient être des mondes habitables. Mais, JUICE est-elle réellement en mesure d’identifier la vie une fois sur place ? Si une bactérie, par exemple, vit bien sur ces lunes, JUICE sera-t-elle en mesure de la découvrir ?

JUICE restera trop loin des océans, cachés sous la glace des lunes de Jupiter

C’est très peu probable. « Si la vie existe sur ces lunes, nous pensons qu’elle se trouve dans l’eau, qui est très difficile d’accès », explique Adam Masters, spécialiste de physique spatiale à l’Imperial College London, interrogé par Space. Le scientifique a travaillé sur l’un des instruments de JUICE. « Nous ne nous attendons pas à trouver de la vie à la surface de ces lunes et il n’est pas encore possible de descendre [sous la croûte glacée] là où il pourrait y avoir de la vie. » Lorsque JUICE terminera sa mission, dans des années (normalement en s’écrasant sur Ganymède), nous ne saurons de ce fait sans doute toujours pas si la vie existe bien dans les environs de Jupiter.

JUICE survolant Ganymède. // Source : Capture d'écran YouTube ESA
JUICE survolant Ganymède, vue d’artiste. // Source : Capture d’écran YouTube ESA

Il faut rappeler que la surface des satellites joviens que partira observer de plus près JUICE ne ressemble pas à celle de notre Lune. On pense que Ganymède, Europe et Callisto abritent toutes un océan liquide sous la glace de leur surface. Ce sont dans ces océans que les scientifiques soupçonnent des conditions propices au maintien de la vie sont possibles. En s’approchant de ces surfaces glacées, JUICE va aider à étudier leurs propriétés physiques et chimiques, y compris celle des océans. Ce sera utile pour la quête de leur habitabilité. Mais, il semble peu envisageable de détecter une preuve de vie de si loin, sans toucher ni même aller sous la glace des lunes de Jupiter.

Ganymède, une cible moins prometteuse qu’Europe pour la vie

Par ailleurs, JUICE devrait davantage se concentrer sur l’étude de Ganymède, par rapport à celle d’Europe et de Callisto. Or, toujours selon Adam Masters, cité par nos confrères de Space, ce n’est peut-être pas le choix le plus stratégique dans la quête de la vie. Europe semble être une cible plus prometteuse : non seulement cette lune est plus proche de Jupiter que Ganymède, mais on suspecte aussi la présence de panaches d’eau sur Europe. « Comme nous pensons qu’il pourrait y avoir des panaches d’eau sur Europe, tout comme sur Encelade [lune de Saturne], nous pensons qu’il doit y avoir une source d’énergie. Ganymède, en revanche, est dans une catégorie différente. » L’océan de Ganymède serait tellement vaste qu’il serait aussi glacé en dessous, empêchant un contact entre l’océan et le noyau rocheux de la lune — contact qui existe par contre sur Europe.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si c’est sur Ganymède que l’ESA prévoit le crash final de sa mission. Ainsi, on évitera de contaminer la prometteuse Europe avec un déchet spatial.

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