Août 2050. Il fait 40 degrés à Paris, 30 degrés à Nantes, 36 degrés à Marseille, 39 degrés à Tarbes, 42 degrés à Lyon, 26 degrés à Brest. Telles sont les températures que prédisait une carte météo futuriste, présentée par Évelyne Dhéliat en 2015. Ce faux bulletin visait à sensibiliser aux conséquences du réchauffement de la planète, qui est causé par les activités humaines.
Mais nous sommes maintenant le 16 juin 2022 et cette météo est notre réalité. Une plume de chaleur touche la France toute la semaine (et en particulier en cette fin de semaine). Cette phase caniculaire est largement hors-norme et les climatologues la relient en grande partie au changement climatique. Ce n’est pas la première fois en cette décennie, ni la dernière.
Cette carte fictive est souvent repartagée sur les réseaux sociaux lors de ces épisodes de fortes températures en France reliables au réchauffement planétaire, et ce fut à nouveau le cas lors de cette plume de chaleur.
La prévision de 2050 est déjà proche de 2022
Lorsqu’on compare la fausse carte 2050 d’Évelyne Dhéliat avec les prévisions Météo-France du samedi 18 juin 2022, le parallèle est frappant :
Et l’on se rend d’autant plus compte de cette proximité en comparant les cartes villes par villes. Quelques points sur le bulletin restent moins élevés, mais d’autres sont équivalents, voire supérieurs. À peu de choses près, la carte du samedi 18 juin 2022 aurait tout à fait pu être celle diffusée par Évelyne Dhéliat lors de sa météo prédictive.
À l’avenir, et comme on le sent dès maintenant été après été, ce type d’épisodes de très forte chaleur au-dessus des normales de saison sont amenées à se reproduire et leur fréquence à augmenter. Le nombre de personnes exposées à des températures extrêmes explose dans le monde. Des pays comme le Pakistan en 2022, ou encore le Canada en 2021, ont subi des canicules record. C’est le résultat du changement climatique : la planète se réchauffe et les phénomènes météorologiques extrêmes s’accentuent.
Ce n’est pas qu’une élévation des températures, mais aussi un décalage dans le temps — d’où la notion de « bouleversement » du climat. La fausse météo était fixée en août, là où cette plume de chaleur bien réelle a lieu à la mi-juin. Une chaleur comme celle que nous vivons aujourd’hui est donc d’autant plus anormale à ces dates. Ce n’est pas sans conséquences, car, comme le précisait Santé publique France cette semaine, l’alerte canicule est d’autant plus importante qu’à ce stade de la saison, nos organismes ne sont pas habitués à de telles chaleurs.
« En 2015, lors de la COP 21 à Paris, l’Organisation météorologique mondiale avait demandé à un présentateur météo de chaque pays de faire le bulletin météo de 2050. Et j’avais eu l’honneur de le faire pour la France », racontait Évelyne Dhéliat au sujet de cette carte prédictive, lors d’une interview en 2019 lors d’une précédente vague de chaleur. « À l’époque, je trouvais que les températures que nous avions élaborées avec Météo France étaient folles, car elles atteignaient les 40 degrés en France. Mais le 25 juillet 2019, nous avons pulvérisé les prévisions avec 42,6 degrés à Paris. »
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