Très, très attendue, la saison 1 de l’adaptation live-action de Cowboy Bebop est disponible sur Netflix. Malheureusement, c’est un fiasco.

La présence d’un corgi n’y change rien : l’adaptation de Cowboy Bebop par Netflix est ratée. C’est le constat qui s’impose dès le début de la saison, disponible dans le catalogue depuis ce 19 novembre 2021. Ce sentiment de gâchis ne sera quasiment pas démenti au fil de chaque épisode.

Les craintes des fans de la série originale se sont finalement confirmées. Il faut dire que les attentes étaient élevées : on ne présente plus l’animé de science-fiction Cowboy Bebop, qui a marqué plusieurs générations sur le petit écran. On y suit les aventures mouvementées et interplanétaires d’une équipe de chasseurs de prime. Notoirement, cette série est considérée comme brillante par l’originalité de son esthétique et son mélange entre de l’action et un scénario subtilement pertinent.

Si l’esthétique de l’adaptation Netflix est très réussie, grâce à des effets spéciaux de qualité et des décors travaillés, elle s’inscrit plus de 20 ans après l’animé : son originalité n’est plus, et Netflix n’a rien cherché à actualiser. L’absence d’inventivité — ou a minima de recherche — la rend très désuète. Côté scénario, la subtilité est tombée dans un trou noir.

La superficialité de Cowboy Bepop et la violence gratuite

Oui, de la subtilité, le Cowboy Bebop de Netflix n’en a aucune. Les blagues arrivent avec de gros sabots, tant et si bien qu’elles tombent à plat. C’est d’autant plus dommageable que la série repose en grande partie sur l’humour. Il nous arrive quelques fois d’esquisser des sourires, mais de manière poussive. Il en va de même pour le propos politique ou sociétal, qui est vide : l’écriture oublie sans cesse de donner du sens à ce qui advient, à l’univers, ne faisant que dans la superficialité.

Cela se retranscrit par exemple dans la bête gratuité des scènes de violence. Lorsque Vicious étrangle son épouse, ou qu’il mitraille une salle remplie de gens sans défense, le résultat est seulement glauque. L’art cinématographique, lorsqu’on invoque la violence, est de problématiser celle-ci par des moyens esthétiques ou scénaristiques. La violence gratuite de Cowboy Bebop montre combien la profondeur manque à l’appel.

L’investissement dans les aventures des personnages est difficile. L’enjeu des missions nous passe très largement au-dessus, tout comme les relations humaines poussées, là encore, à l’extrême superficialité. C’est une sensation étrange, qui tient probablement à l’écriture, car les trois personnages principaux dégagent pourtant une certaine tendresse entre eux.

L’alchimie du trio réhausse l’ensemble

Tout n’est pas raté dans l’adaptation. Les acteurs et actrices font leur possible pour livrer une interprétation décalée et tendre de leurs personnages. Cette dévotion du casting se perçoit essentiellement pour le trio de tête constitué de Spike (John Cho), Jet Black (Mustafa Shakir), et Faye Valentine (Daniella Pineda). L’alchimie de ce trio est palpable, et plaisante : ce sont ces rares moments qui donnent un peu de vie à Cowboy Bebop !

Le trio parvient à donner de la complexité à ces personnages, grâce à leur interprétation, alors même qu’ils ne sont pas aidés par l’écriture. Avec, sur ce point, une mention spéciale à Daniella Pineda qui livre une Faye Valentine aux interventions les plus captivantes.

Le trio de Cowboy Bebop. // Source : Netflix

Le trio de Cowboy Bebop.

Source : Netflix

Malheureusement, le trio est constitué bien trop tardivement : Faye est introduite brièvement au cours du premier épisode, mais n’intègre l’équipe véritablement qu’au cours de l’épisode 4. C’est à ce moment de la saison que l’alchimie déclenche enfin une petite flamme, que l’on s’intéresse davantage au devenir des personnages, et que des scènes qui mélangent humour et tendresse viennent donner un peu plus de relief aux relations humaines. Malheureusement, vers les épisodes 4-5, l’ennui des précédents épisodes nous a déjà trop plombés et la série ne parvient pas à nous passionner. Il est parfois difficile de ne pas abandonner la série en cours de route.

De l’âme, mettez de l’âme !

Le problème de cette adaptation est finalement le suivant : la série est sans âme et donc sans intérêt. Cela donne une sensation de gâchis : il y a des moyens pour les décors, les effets spéciaux, il y avait un casting absolument excellent, et visiblement une équipe de production tout à fait passionnée par la série animée originelle. Que s’est-il donc passé ? Une crainte de trop s’éloigner de l’œuvre originelle et donc de décevoir les fans ? Le problème est qu’une adaptation doit s’éloigner de son matériau d’origine, a fortiori quand plus de 20 ans nous séparent de ce matériau. Une adaptation doit faire preuve d’inventivité, s’émanciper, avoir sa propre âme, sinon elle n’est qu’une pâle redite qui n’équivaut pas ce qu’elle adapte.

C’est donc une occasion manquée, que l’on aurait presque envie de pardonner, car on sent que l’équipe est tombée dans un piège : la crainte de décevoir les fans. Mais c’est finalement cette crainte qui a condamné l’adaptation dans la médiocrité, là où le courage de l’inventivité aurait permis de livrer une jolie proposition.

Cela donne envie de redécouvrir (ou découvrir tout court) l’œuvre originale — qui est d’ailleurs disponible dans le catalogue de Netflix !

Le verdict

Cowboy Bebop // Source : Netflix
4/10

Cowboy Bebop, saison 1

Les effets spéciaux livrent un univers visuellement crédible. Il n'en demeure pas moins que cette adaptation de Cowboy Bebop par Netflix est ratée : elle n'a pas d'âme. Le trio fait preuve d'une certaine alchimie et fait son possible pour rendre hommage aux personnages originaux, pour livrer un mélange d'humour et de tendresse, mais cela ne suffit pas. L'écriture manque de profondeur et de subtilité, l'esthétique ne propose rien, et l'ensemble n'est pas inventif. Les épisodes ne décollent jamais -- jusqu'à l'ennui parfois. Cela ne rend pas hommage à l'œuvre d'origine, sans non plus proposer quelque chose de différent. La déception est grande. Cela aura au moins le mérite de donner un coup de projecteur à l'œuvre d'origine, et de montrer les talents de John Cho, Daniella Pineda et Mustafa Shakir.
Source : Montage Numerama

Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.