Toujours la même plage. Toujours le même soleil aveuglant qui se lève. Toujours le même sable qui colle aux gants. Toujours la même gueule de bois au réveil. Sur l’île de Blackreef, chaque journée ressemble à la suivante… et à la précédente. Coincé dans une boucle temporelle, Colt, héros du jeu vidéo Deathloop, passe d’abord son temps à grommeler, ce qui ne constitue pas une solution à son problème. Pour quitter ce piège éternel, il doit assassiner plusieurs cibles désignées en une seule journée. Une tâche pas si simple : il n’a que 24 petites heures pour tout faire.
Ce n’est pas le premier jeu de 2021 qui plonge les joueuses et les joueurs dans une boucle temporelle. Ces derniers mois, on a vu Returnal, The Forgotten City ou encore Twelve Minutes se jouer de l’unité de temps, avec plus ou moins de réussite. Avec Deathloop, Arkane Lyon (studio derrière la saga très appréciée Dishonored) réussit avec brio cet exercice périlleux.
On vous explique Deathloop
Deathloop enferme Colt dans une boucle temporelle durant une journée complète, découpée en quatre moments distincts (matin, midi, après-midi, soir). Le temps ne défile que dans un seul sens. L’unité de lieu, elle, prend la forme d’une île regroupant quatre zones, qui n’offrent pas tout à fait la même ambiance, en fonction du moment où on s’y rend. Quatre moments, quatre environnements : chaque boucle complète consiste donc à visiter Blackreef en intégralité, jusqu’à recommencer en mixant différemment les critères de temps et de lieu.
Une expérience plus dirigée qu’on ne pourrait le croire
De cette structure naît une mission claire : pour mettre fin à la boucle, Colt doit assassiner les huit Visionnaires, des pontes qui contrôlent les lieux et assument pleinement de revivre toujours la même chose (au même titre que les prisonniers habitants qui sont là pour les protéger). Le hic ? Il faut réaliser la boucle parfaite pour s’assurer d’occire les cibles en une seule et même journée. Pour y parvenir, Colt doit alors enchaîner les tentatives dans le but de trouver des indices qui lui permettront de découvrir l’unique marche à suivre.
En somme, Deathloop est davantage une enquête qu’un jeu d’action mêlant armes puissantes et pouvoirs surnaturels. C’est d’ailleurs dans son potentiel d’investigation qu’il brille le plus. À mesure qu’il arpente les nombreux décors de Blackreef, qui baigne dans les années 60, Colt découvre les sombres secrets qui l’habitent. Et, petit à petit, le puzzle se construit. La manière avec laquelle Arkane exploite la boucle pour bâtir son intrigue est à souligner, au même titre que sa capacité à briser le quatrième mur (avec humour). Quand bien même elle implique une expérience assez dirigée.
Comment s’en sortir dans la boucle temporelle de Deathloop ?
À noter que Deathloop dispose d’un mode multijoueur, lequel permet d’envahir la partie d’un autre joueur pour l’empêcher de nuire.
Deathloop ne lâche pas la joueuse et le joueur sans lui fournir quelques pistes pour réussir. Un rapide passage par les menus permet de découvrir tout le savoir accumulé à chacun des essais. Vous avez trouvé un code important dans une boucle ? Colt ne l’oubliera pas dans les suivantes. Deathloop prend vite la forme d’un vaste terrain d’expérimentations, où tuer des ennemis avec style devient moins important que cette quête incessante du savoir. Comme il n’y a qu’une seule boucle parfaite, il est nécessaire de connaître tous les faits et gestes de ses victimes, sans oublier leur petite routine journalière. Pour mieux les piéger et s’en débarrasser (parfois à distance).
L’exemple qui suit va vous donner un meilleur aperçu des règles de fonctionnement qui régissent Deathloop. Un atelier situé dans l’un des quartiers essuie un incendie dévastateur une fois la matinée écoulée. Par conséquent, il est nécessaire de l’empêcher afin de pouvoir y retourner plus tard et d’être en mesure d’y récupérer une information capitale (qui n’est pas encore disponible le matin). Information que vous n’aurez plus jamais besoin d’aller chercher ensuite. Dans Deathloop, il est nécessaire d’isoler ces événements ponctuels importants, en sacrifiant des boucles. Tous ces essais permettent de mettre en place une routine nécessaire, tout en faisant avancer l’enquête de manière grisante. On se prend vite au jeu, d’autant que Black Reef récompense l’exploration avec une architecture très bien pensée (un point que maîtrisait déjà Arkane dans les Dishonored).
Deathloop permet aussi de conserver son équipement d’une boucle à l’autre. Mais il y a un twist sur ce point : il faut d’abord infuser les différentes pièces, ce qui permet de les conserver ad vitam æternam. De cette manière, Arkane nous évite intelligemment la frustration de tout perdre. Deathloop encourage même à récupérer des armes et des pouvoirs, pour mieux se les approprier une bonne fois pour toutes.
Le titre s’apparente à un digne héritier des Dishonored, tant dans la manière d’approcher les différentes situations que dans le feeling général. On peut opter pour l’infiltration plutôt que l’affrontement direct et les lieux regorgent de pièges — qu’il est possible de détourner — et de raccourcis. On regrette juste que les aptitudes spéciales offrent finalement peu de sensations fortes (on peut s’en sortir sans jamais les utiliser).
Un vaste terrain d’expérimentations
Lorsqu’il doit se défendre, Colt peut compter sur un arsenal surpuissant et sa capacité à revenir d’entre les morts. Ce n’est pourtant pas pendant les échanges de tirs avec les Éternalistes que Deathloop est le plus convaincant. Pour ne rien arranger, l’intelligence artificielle des ennemis est souvent très risible.
Une vitrine intéressante pour la PS5
Deathloop est un paradoxe, jusque dans ses aspects commerciaux. Il est édité par Bethesda, désormais propriété de Microsoft. Mais, à son lancement, il n’est disponible que sur PlayStation 5 et PC. Pour Sony, c’est une belle exclusivité console à mettre en avant. Et la firme nippone aurait tort de s’en priver au regard des qualités graphiques et techniques de Deathloop. Dans son mode d’affichage Performance (oubliez le ray tracing, qui sacrifie trop la fluidité), le jeu profite de la puissance de la PS5 pour mettre en avant sa direction artistique très originale (joli travail sur les textures). Les environnements baignent dans une ambiance espionnage, tendance loufoque, très réussie (pensez à Austin Powers) — en témoigne la bande originale qui sait se nourrir de bruitages convaincants.
Arkane ne manque du reste pas d’exploiter comme il se doit la DualSense. Le haut-parleur intégré se signale assez souvent quand on lance un message audio (ou quand la mystérieuse Julianna nous parle). Les gâchettes adaptatives opposent de temps en temps une petite résistance quand on vise (même si on a connu mieux depuis la sortie de la PS5). Enfin, le retour haptique affine les vibrations, pour mieux ressentir les mouvements précipités de Colt. Si Deathloop finit par sortir sur Xbox, les consoles de Microsoft n’auront pas droit à ces spécificités exclusives à la manette de la PlayStation 5.
Le verdict
On a aimé
- Plutôt joli sur PS5
- Une enquête brillante
- La boucle temporelle intelligemment exploitée
On a moins aimé
- L'aspect action en retrait
- Un tantinet trop dirigé, finalement
- Encore un mode ray tracing décevant
Articuler une oeuvre autour d’une boucle temporelle est un exercice risqué. Arkane Lyon le réussit haut la main avec Deathloop, mélange très cohérent d’enquête savante et d’action/infiltration plus convenue. On se plie avec plaisir aux règles de Blackreef qui nous forcent à revivre la même journée, mais en jouant habilement sur les unités de lieu et de temps pour percer ses mystères.
Avec ses graphismes réussis (merci la direction artistique très Austin Powers) et les sensations qu’il procure au niveau de la DualSense, Deathloop offre une belle vitrine à la PS5.
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