Sony offre le jeu vidéo Maquette aux propriétaires d’une PS5 qui seraient abonnés au PlayStation Plus. Il s’agit d’un puzzle-game frustrant, malgré une belle histoire qui parle d’amour.

« Lors de ce premier mois passé ensemble, j’ai compris que le monde que je m’étais créé avant nous était petit » : Maquette, dont la version PS5 est offerte aux abonnés PlayStation Plus pendant tout le mois de mars, est d’abord une belle histoire d’amour. Elle s’appuie sur des souvenirs partagés par Kenzie et Michael, qui ont formé un couple avant de se résoudre à l’échec sentimental, comme cela peut arriver à tout le monde. Pendant trois à quatre heures, on revit leur idylle éphémère au travers de dialogues et de moments, qu’ils fussent heureux ou plus tragiques.

Mais Maquette, c’est aussi un puzzle-game frustrant, qui ne prend pas assez le temps d’expliquer ses mécaniques et ne fournit pas toujours des clés de compréhension claires pour résoudre les énigmes qui le constituent. Le concept est pourtant loin d’être inintéressant : au centre des décors basés sur des fragments de la mémoire, on retrouve une maquette reprenant à l’identique les environnements. Si on déplace un élément, les deux échelles seront affectées en conséquence. Pour le reste, il faut se débrouiller et observer les rares indicateurs — sonores ou visuels — que veut bien lâcher le jeu de temps à autre.

Maquette // Source : Annapurna Interactive

Maquette

Source : Annapurna Interactive

Maquette ou le puzzle à qui il manque quelques pièces

Maquette est une expérience assez difficile à expliquer, d’autant qu’elle ne débute par aucun tutoriel qui permettrait de mieux comprendre son fonctionnement. Il y a un aspect rebutant alors que, paradoxalement, la narration s’articule autour d’un récit très universel, qui touche parfois à l’intime. Maquette traite avec beaucoup de bienveillance les thématiques liées à l’amour — la rencontre, les premiers émois, les premières disputes, la rupture, le deuil de l’autre. Il est simplement dommage que l’argument poétique se noie dans une prise en main accouchant de situations tirées par les cheveux. Ou comment un jeu peut à la fois émerveiller, en faisant écho à sa propre histoire personnelle, et frustrer, après plusieurs longues minutes en quête d’une solution loin d’être évidente.

Une logique alambiquée

Il n’y a que peu d’interactions dans Maquette. Cela va par exemple être cette clé qui peut servir à ouvrir une porte ou se muer en pont dans la maquette puis dans le monde à taille humaine. Le gameplay mise sur les différentes proportions pour faire travailler notre matière grise. Et on peut rétrécir ou agrandir facilement un objet ramassé en fonction de l’endroit où on le place. Les énigmes jouent bien évidemment sur les différentes mensurations, forçant la joueuse ou le joueur à des allers et retours entre les tableaux. Les choses prennent encore plus d’ampleur quand une troisième échelle s’ajoute à l’équation. Les développeurs auraient simplement dû penser à autoriser un certain droit à l’erreur, ne serait-ce que pour laisser libre cours à un peu d’expérimentations. Dans Maquette, soit vous trouvez la solution, soit vous tournez en rond en pestant contre une logique alambiquée (astuce : on trouve déjà des guides sur YouTube). Pour le rythme, ce n’est pas l’idéal, sachant que les déplacements sont d’une lenteur affligeante.

Maquette // Source : Annapurna Interactive

Maquette

Source : Annapurna Interactive

C’est finalement quand il se recentre sur Kenzie et Michael que Maquette s’épanouit le plus. Il doit ses quelques réussites à d jolis graphismes, portés par une direction artistique inspirée et une bande-son à propos que l’on croirait tout droit sortie d’une comédie romantique. Il y a un côté feel good indéniable, qui nourrit une palanquée de métaphores et d’allégories. Le concept de base est, en soi, une figure de style : quand on forme un duo, les agissements de l’un ont forcément des répercussions sur l’autre. Visuellement, Maquette s’en remet aux jalons traversés par le couple pour s’exprimer : on commence par un conte de fées, avec un beau château, puis tout devient gris et les fondations s’égrènent, petit à petit. Maquette parvient à illustrer à merveille le bonheur et la tristesse. Il peine en revanche à incarner ce jeu vidéo qui allie avec justesse l’amusement et les messages qu’il souhaite faire passer.

Le verdict

On n’attaquera pas Maquette sur sa dimension artistique et les messages, centrés sur l’amour, qu’il entend faire passer. En revanche, force est de reconnaître que le studio Graceful Decay a opté pour une forme très étrange. Derrière la symbolique universelle, il cache un puzzle-game souvent trop frustrant et rebutant pour plaire au plus grand nombre.

Le concept de Maquette avait pourtant tout pour accoucher d’une expérience intelligente, autant capable de toucher le cœur que de faire travailler les neurones. La gratuité assurée aux membres PlaySation Plus, pourvu qu’ils soient propriétaires d’une PS5, permet quand même de lui laisser le bénéfice du doute.


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