On a parlé des toilettes des astronautes, de leurs couches, de la batterie de tests ultra-invasives qu’ils subissent à leur retour, mais il demeure un immense tabou dans l’espace : la sexualité. Malgré un intérêt scientifique (et public) pour le sujet, jamais le coït n’a été tenté, à notre connaissance, et jamais une grossesse n’a été observée dans l’espace.
La question peut pourtant se poser, alors que les missions spatiales sont appelées à devenir plus longues et plus lointaines. D’ailleurs, le film Les Quatre Fantastiques : Premiers Pas, en salles depuis le 23 juillet, contient justement une scène d’accouchement en pleine péripétie galactique.
Attention, la suite de cet article contient des spoilers sur Les Quatre Fantastiques.

Comment se passe la naissance du bébé dans Les Quatre Fantastiques ?
Deux des héros des Quatre Fantastiques, Reed et Sue, ont conçu un bébé, nommé Franklin. Après bien des rebondissements, l’enfant naît finalement dans l’espace, à l’intérieur d’un vaisseau en plein mouvement. Contrairement à nos capsules actuelles, le véhicule semble doté de tout le nécessaire à un accouchement, et tout se passe très bien.
Le bébé ne subit aucun effet secondaire lié à son arrivée mouvementée, en dehors d’étranges pouvoirs plutôt dus à son patrimoine génétique (en même temps, avec les gènes de Pedro Pascal et Vanessa Kirby, on part déjà avec un avantage dans la vie).

Un article de The Conversation fait justement le point sur les difficultés qui pourraient être soulevées dans notre réalité, si une telle situation se produisait. Et, tandis que certains envisagent un voyage vers Mars, un tel aller-retour serait suffisamment long pour concevoir et mettre au monde un enfant.
Même sur Terre, un bébé est « un peu » en apesanteur
D’après Arun Vivian Holden, de l’université de Leeds, même sans gravité, la conception et la grossesse ne poseraient pas de problèmes particuliers. À part des acrobaties sans doute complexes à mettre en place au moment-clé, il n’y aurait aucune conséquence sur l’embryon en croissance.
En effet, celui-ci flotte déjà dans le liquide amniotique et, même sur Terre, on peut le considérer en situation de microgravité, comme les astronautes qui s’entraînent dans des piscines, avant de partir dans l’espace.

En revanche, cette impesanteur pourrait être compliquée à long terme. Si dans le film, le bébé revient sur Terre semble avoir une croissance normale, ce ne serait peut-être pas le cas pour un long voyage. Sans même parler de l’accouchement, qui serait certainement délicat à organiser, la croissance en l’absence de gravité pourrait être problématique.
L’enfant devrait alors développer sa musculature et la coordination de ses mouvements, ce qui peut s’avérer complexe dans ces conditions. Il risque de ne pas être adapté à la vie sur Terre. On peut retrouver une idée similaire dans les romans formant la Trilogie de Mars de Kim Stanley Robinson, dans laquelle les enfants nés sur Mars sont plus grands et longilignes, avec des os plus fins.
Des radiations, mais pas de super-pouvoirs
En revanche, le plus gros problème lié à ce type de naissance n’est pas la gravité, mais les radiations. Dans Les Quatre Fantastiques, ces rayons cosmiques sont les mêmes qui ont donné leurs aptitudes incroyables aux personnages principaux. Dans la réalité, l’exposition à ces rayons, sans la protection de l’atmosphère terrestre, est avant tout synonyme de cancers et de malformations génétiques.
Plus précisément, les atomes qui constituent les rayonnements sont dépourvus d’électrons, et lorsqu’ils passent à travers le corps humain, ils arrachent nos propres électrons, en endommageant parfois des cellules très localisées, voire uniquement certaines parties des cellules, ou de l’ADN.
Autant dire que dans le cas d’un embryon en train de se développer, la moindre atteinte aux cellules, à ce moment-là, risque d’être lourde de conséquences. La collision avec des rayons cosmiques a peu de chance de se faire lorsque le fœtus est tout petit, mais en grandissant, il devient ensuite une cible plus facile.

Même avec des soins adaptés, une naissance prématurée serait d’ailleurs la plus probable, avec des complications à prévoir à la naissance. Et puis, même si le bébé naît normalement, en restant dans l’espace, il continuera d’être exposé aux risques des radiations. Cela pourrait notamment impliquer de gros problèmes cognitifs.
Comme le dit l’auteur en conclusion : « La grossesse dans l’espace reste une expérience à haut-risque, que nous ne sommes pas prêts à tenter »
Il faut noter que la loi prévoit des règles liées à la nationalité d’un bébé né dans l’espace, qui dépend du pays à qui appartient le module dans lequel la naissance aurait lieu. Mais, au vu des risques, c’est sans doute mieux de ne pas aller plus loin pour l’instant.
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