Andor n’est pas seulement la meilleure série Star Wars à ce jour : elle est aussi et surtout une excellente série de science-fiction. Pourtant, on entend bien moins parler d’elle que The Mandalorian ou Obi-Wan Kenobi. Et si vous laissiez une chance à une chance à cette œuvre qui sort nettement du lot ?
La série en cours de diffusion sur Disney+ fait office de préquel à l’excellent Rogue One. Ce film Star Wars de 2016 avait marqué les esprits en se différenciant de tous les autres épisodes de la saga — tant par son histoire politique singulière que son atmosphère plus sombre. Scénarisée et pilotée par Tony Gilroy, qui était aux manettes de Rogue One, Andor en reprend les codes — c’est politique, humain, touchant, inquiétant — autour d’une galaxie de personnages très relevés.
On retrouve ainsi Cassian Andor (Diego Luna), qui était l’une des figures du film, avant qu’il ne rejoigne pleinement la rébellion. Les enjeux diplomatiques sont posés : comment une résistance solidement constituée au sein de tout un Empire parvient, graduellement, à le faire vriller de l’intérieur en jouant avec ses propres dérives autoritaires. En clair : l’abus de pouvoir impérial est l’outil des rebelles. Le « mal », dans l’approche de Tony Gilroy, est avant tout une construction politique instiguée dans les institutions et les esprits de la galaxie.
C’est le Star Wars « gritty » qu’on aime, comme Rogue One
L’histoire développée par Tony Gilroy dans Andor ne fonctionnerait pas aussi bien si elle n’était pas également portée par une mise en scène se distinguant au sein de l’univers de Star Wars : comme Rogue One, mais plus encore, l’approche est « gritty ». En clair, elle est « poussiéreuse » au sens cinématographique — profondément terre à terre, charnelle, brutale sans être violente. Une forme d’ancrage dans la réalité, en somme, qui vient servir l’intrigue politique.
La musique joue étonnamment un rôle décisif dans cette atmosphère gritty. Nicholas Britell a composé une bande originale tout à la fois orchestrale et synthwave : résultat, les mouvements sonores nous entraînent dans une forme de Blade Runner spatial. Un thème différent a été composé pour chaque épisode, en diffusant des morceaux pendant le tournage afin de plonger le casting dans l’état d’esprit voulu.
Finalement, face à Andor, on aurait même tendance à oublier qu’il s’agit d’une production Disney et Star Wars : la sensation d’être face à une série indépendante de SF (hors d’une franchise devant répondre à une continuité et des codes) prend parfois le dessus. De fait, Andor s’installe aux côtés de The Expanse, Battlestar Galactica, Firefly, Star Trek Deep Space Nine — toutes ces séries de SF qui avaient les pieds sur Terre en même temps que la tête dans les étoiles.
Le fan service n’est pas au rendez-vous et, même le « lore » — le développement de l’univers Star Wars — reste très circonscrit. La démarche est cinématographique : elle répond à une vision artistique d’ensemble, avec Rogue One. La présence d’un droïd, certes mignon, n’y change rien, car même ce dernier comporte un rôle narratif essentiel. Voilà qui offre une respiration, au sein d’une franchise, pour se concentrer pleinement et simplement sur la tragédie, sur le destin pur et dur de personnages.
Le rythme d’Andor va crescendo au cours de la saison 1
Les audiences d’Andor pâtissent de l’une de ses plus grandes qualités : son rythme. Loin d’être linéaire ni déstructuré, celui-ci est maîtrisé pour aller crescendo au fil de la saison — un démarrage en douceur avant que s’ensuivent toujours plus de séquences intenses.
Cette montée en puissance participe à la puissance narrative de la série. Mais elle constitue aussi un obstacle d’entrée de jeu : oui, le début est lent, si ce n’est un peu mou. En réalité, les trois premiers épisodes forment, ensemble, une sorte de film pilote. Il faut se rappeler que Disney avait démarré la diffusion en les publiant tous trois d’une traite. Peut-être aurait-il été plus judicieux de les rassembler, justement, en un seul épisode allongé.
Quoi qu’il en soit, il faut attendre l’épisode 3 pour vivre la première séquence réellement captivante. Dès lors, ce cap franchi, il est impossible de lâcher Andor. Épisode après épisode, les personnages prennent de la matière, le récit s’affine, la mise en scène s’enrichit, l’intimité s’approfondit, l’action crée du suspense. Et il en résulte un petit bijou. Vous auriez bien tort de ne pas lui laisser une chance.
Andor, saison 1, sur Disney+. L’offre est disponible sur le site de Disney+ avec l’abonnement d’un an à 89,90 € ou 8,99 € par mois, ou dans les offres Canal+ à partir de 21,99 € par mois.
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