Shein, Temu ou encore AliExpress sont-elles à la veille de se faire exclure du marché français ? C’est une perspective qui ne déplairait certainement pas au Conseil du Commerce de France (CDCF) : d’ailleurs, l’association, qui défend les intérêts d’une bonne trentaine de fédérations du commerce, pousse clairement dans cette direction.
Dans une lettre ouverte publiée le 3 juin 2025, le CDCF interpelle justement le gouvernement pour lui demander « d’engager sans délai une procédure
de déréférencement » contre les trois sites de commerce en ligne d’origine chinoise, et considérés comme les symboles de la fast fashion, c’est-à-dire une mode (très) bon marché et constamment renouvelée.
Demande de déréférencement : quel serait l’impact pour Shein ou Temu ?
Si la demande de la CDCF était suivie d’effet, les sites web de Shein, Temu et AliExpress ne seraient plus référencés sur les moteurs de recherche — à commencer par Google, qui gère la quasi-totalité des requêtes. Mais sous ce régime, les sites pourraient toutefois être encore accessibles en cliquant sur des liens placés dans des pages ou en tapant directement l’adresse.

Mais face à ce trou dans la raquette, la lettre ouverte propose d’enclencher une gradation de la riposte face aux pratiques dénoncées de Shein, Temu et AliExpress. D’abord, une mise en demeure par la répression des fraudes (la DGCCRF), puis, le cas échéant, le déréférencement et, enfin, le blocage « si nécessaire » par les fournisseurs d’accès à Internet.
Cette dernière option permettrait ainsi de suspendre l’accès aux sites, même en tapant leur URL dans un navigateur web ou en cliquant sur un lien. À cela s’ajouterait sans doute aussi une « dé-plateformisation », c’est-à-dire le retrait de leurs applications mobiles des boutiques d’Android (Google Play) et iOS (App Store).
Examen de la loi anti fast fashion
À l’appui de sa demande, le CDCF note que « 94 % des produits contrôlés en provenance de plateformes comme Temu ou Shein sont non conformes, et 66 % sont dangereux », en citant les statistiques brandies par Amélie de Montchalin, la ministre des comptes publics, fin avril, qui pointait aussi « un risque pour les finances publiques ».
Ce lobbying arrive à un moment particulier, puisque de grandes manœuvres le terrain législatif ont lieu en parallèle avec la proposition de loi visant à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile. Déjà adoptée par l’Assemblée nationale en mars 2024, elle doit être votée au Sénat le 10 juin en séance plénière, après son examen le 2.
Ce texte est parfois présenté comme un texte anti-Shein ou anti-Temu, car il vise à « limiter le phénomène de la mode express et limiter l’augmentation des volumes mis sur le marché ainsi que les externalités négatives de ces modes de production et de consommation ». Parmi les leviers envisagés, il y a l’interdiction de la publicité pour la fast fashion.
Le précédent Wish
La perspective d’une exclusion, même temporaire, de ces trois plateformes du web français n’est pas du tout improbable. Un tel scénario s’est déjà joué en 2021 avec un autre site chinois, Wish, là encore parce que « 90 % des appareils électriques analysés étaient considérés comme dangereux », selon la répression des fraudes.

Résultat, Wish avait été éjecté des moteurs de recherche et des boutiques d’applications pour Android et iOS. Malgré les protestations du service, jugeant l’action de la DGCCRF « illégale et disproportionnée », le retour de la plateforme sur le net français a pris une année. Un précédent notable, que les organisations commerciales aimeraient bien reproduire aujourd’hui.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

Toute l'actu tech en un clin d'œil
Ajoutez Numerama à votre écran d'accueil et restez connectés au futur !
Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez la communauté Numerama sur WhatsApp !