Révolution en vue pour le Danemark. Le petit pays scandinave vient de faire passer une loi au Folketing, le Parlement danois, qui ouvre la possibilité d’un retour en grâce de la production d’électricité d’origine nucléaire dans le pays. Un vote qui s’est déroulé dans la matinée du 15 mai 2025, avec une forte majorité des parlementaires en faveur (71 voix pour, 34 contre).
Mais ce retour en grâce n’est toutefois pas encore acté. Le vote du jour vise en l’espèce à autoriser les pouvoirs publics à explorer la perspective d’un retour de la production nucléaire dans le pays — en étudiant les avantages ainsi que les inconvénients, pointe le Financial Times. Ces réflexions doivent s’étendre sur une année.

Malgré tout, le fait même que le Danemark accepte de rediscuter officiellement de la réintroduction de l’atome est un bouleversement majeur. Voilà 40 ans que Copenhague avait tourné le dos à cette option énergétique. En 1985, 6 ans après l’accident nucléaire de Three Miles Island, une résolution passait pour interdire la construction de centrales nucléaires.
Il y avait toutefois un drôle de paradoxe : si la production sur place de l’énergie nucléaire a été prohibée pendant 4 décennies, son importation de nations voisines ne posait manifestement pas de problème. Selon des statistiques de 2015, 40 % de l’énergie importée de Suède vers le Danemark était d’origine nucléaire. Cela constituait cependant une part modeste dans le mix.
Comme ailleurs en Europe, les réflexions danoises autour du nucléaire sont poussées par diverses réalités : le renouvelable est intermittent, empêchant un pilotage fin pour faire face des pics soudains de consommation. Il faut aussi tenir compte de la géopolitique du monde, et la nécessité de s’extraire de la dépendance au gaz russe. Ou encore le prix de l’énergie.
Aujourd’hui, les capacités de production installées au Danemark sont tournées vers les sources d’énergie renouvelable — solaire, éolien et biomasse. Elles représentent 90 % du mix électrique, ce qui est considérable. Enfin, outre l’import, on trouve aussi des capacités notables en charbon, gaz et fioul, qui sont des énergies fossiles et polluantes.

L’énergie nucléaire retrouve des couleurs en Europe
Le mouvement constaté aujourd’hui au Danemark s’inscrit dans une tendance de fond plus large dans toute l’Europe, avec des États qui renouent avec l’atome, de façon plus ou moins rapide, avec des projets parfois ambitieux, parfois plus modestes. C’est le cas de l’Italie, de la Suède, de la Belgique ou encore des Pays-Bas.
Au-delà, l’atome bénéficie d’un soutien important de la part de plusieurs pays de l’Union européenne, à l’image des membres de l’alliance européenne du nucléaire, qui réunit la Bulgarie, la Croatie, la Finlande, la France, la Hongrie, les Pays-Bas, la Pologne, la République tchèque, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et la Suède.
À l’inverse, quelques pays qui historiquement avaient fait ce pari suivent désormais une trajectoire inverse — c’est le cas typiquement de l’Allemagne et de l’Espagne. Cependant, si la transition énergétique espagnole a été citée par le passé en exemple, son récent black-out géant et son relatif isolement énergétique pourraient rebattre les cartes.
Il reste désormais à voir quelles seront les suites au Danemark de ce vote. Si la voie du nucléaire est empruntée, peut-être ne débouchera-t-elle pas sur de grosses installations, comme des réacteurs nucléaires EPR 2, mais sur des unités de production plus souples et plus petites, comme les SMR — les petits réacteurs modulaires. Un domaine qui intéresse aussi la France.
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