C’est la dernière tendance virale sur TikTok et plus généralement sur Internet : l’italian brainrot. Un phénomène qui met en scène des personnages sortis de nulle part en les animant avec de l’IA, et avec des noms à consonance italienne. Si vous détestez Skibidi Toilet, vous allez détester l’italian brainrot.

Depuis le début de l’année, des vidéos sans queue ni tête inondent les réseaux sociaux, en particulier TikTok et Instagram. La recette : des personnages absurdes avec des noms qui sonnent italiens. Le tout est doublé par une voix synthétique, avec un accent italien, qui raconte une histoire abracadabrante censée être leur biographie. Ça ne veut rien dire, ça ne signifie rien… et c’est justement ça le but.

L’italian brainrot expliqué : ne cherchez pas de sens, il n’y en a pas

Les vidéos générées par IA se démocratisent, tant et si bien qu’aujourd’hui n’importe qui peut créer et animer n’importe quoi. Un requin qui porte des Nike ? Ça existe désormais. Un hybride entre un avion et un crocodile ? Ça existe aussi. Nommez-les plutôt Tralalero tralala et Bombardilo crocodilo.

C’est ça, l’italian brainrot. Des courtes vidéos (qui sont devenues des memes) et qui mettent en scènes des créatures absurdes, souvent générées par intelligence artificielle. La plupart sont des hybrides entre des animaux et des objets. Ils ont tous des noms à consonance italienne (entendez avec beaucoup de « a » et de « o »).

Les vidéos d'italian brainrot pullulent sur TikTok // Source : Capture Numerama
Les vidéos d’italian brainrot pullulent sur TikTok

Les vidéos racontent pour la plupart la biographie d’un de ces personnages. Le style est sans cohérence et c’est voulu : les créateurs misent sur l’humour absurde et une forme de surcharge sensorielle. Le tout sur une voix synthétique qui mélange des mots anglais et italiens (très approximatifs), jouant sur les clichés de la langue. Rien n’est traduit ou sous-titré, ce qui ajoute à la confusion.

C’est quoi le brainrot ?

C’est de cette surcharge sensorielle (visuelle, auditive) que vient le nom du phénomène brainrot, qui signifie en anglais « pourrissement cérébral ». Il désigne à la fois la cause et l’effet de ce phénomène : des contenus à faible valeur qui détruisent le cerveau. Appliqué aux réseaux sociaux, cela désigne le fait de consommer des contenus répétitifs, absurdes, addictifs, voire abrutissant l’esprit. Sur TikTok, certaines vidéos comptent des millions de vues : au total, ce sont des centaines de millions, voire des milliards de vues, qui ont été générées par les vidéos de ce type.

Le style est volontairement absurde et dénué de sens, mais fascine // Source : Capture Numerama
Le style est volontairement absurde et dénué de sens, mais fascine // Source : Capture Numerama

L’Oxford English Dictionary a même désigné ce mot comme le mot de l’année 2024. Pour le prestigieux dictionnaire, l’expression a gagné en importance l’année dernière : il a été utilisé 230 % plus souvent en un an. Comme il l’écrit, « la première utilisation connue du terme « pourriture cérébrale » remonte à 1854, dans le livre de Henry David Thoreau , 
Walden , qui relate ses expériences de vie simple dans le monde naturel.
» Ce qui explique son succès, c’est le phénomène Skibidi Toilet : une série de vidéo mettant en scène des toilettes humanoïdes. C’est après lui et probablement grâce à lui qu’est né l’italian brainrot.

Les principaux personnages de l’italian brainrot

Il existe une multitude de personnages et de variantes — puisqu’ils sont créés par n’importe qui, impossible de tous les répertorier. Mais il y en a qui rencontrent un certain succès et son repris par de nombreux créateurs. On en connaît la biographie, constituée pièce par pièce par… tout le monde. Parfois, les histoires entre les personnages se mélangent, créant un lore de l’italian brainrot.

  • Tralalero Tralala : son nom vient de l’expression italienne « trallalero trallallà », utilisée pour se moquer ou narguer quelqu’un. Il s’agit d’un requin anthropomorphe qui porte des Nike. On le voit toujours marcher sur la terre ferme, avec une attitude absurde ou inquiétante. À la base, un humain (peut-être un prisonnier) a rencontré un bébé requin qu’il a caché et protégé. Ce requin a grandi depuis et est devenu Tralalero Tralala.
  • Bombardiro Crocodilo : il s’agit d’un avion bombardier dont l’avant est une tête de crocodile. Il s’agit du plus décrié des italien brainrot puisqu’en italien, il est expliqué qu’il passe son temps à « bombarder des enfants dans la bande de Gaza ». Vu la vacuité et l’absurde des personnages de la série, difficile de dire si son auteur original, inconnu, formulait un fait, une critique ou, ce qui serait le pire, une fierté. Comme l’explique une vidéo du Parisien, le degré auquel le texte de ces vidéos est pris peut amener à percevoir des messages haineux derrière la blague.
  • Ballerina Cappuccina : il s’agit d’une ballerine dont la tête est une grande tasse de cappuccino. Un personnage très féminin, dont l’univers est inspiré du ballet.
  • Chimpanzini Bananini : il s’agit d’un hybride entre un chimpanzé et une banane. Il a une tête de singe rose et aux poils verts, le reste de son corps est une banane. Il fait partie d’une série de memes où les singes sont fusionnés avec différents fruits.
  • Brrr Brrr Patapim : il s’agit d’un être mi-babouin, mi-arbre, dont le corps est fait de racines et de végétation, ses grands pieds sont attachés au torse par des racines, ce qui lui donne une allure mystique. Il est souvent représenté comme une créature sage, énigmatique, qui vivrait dans une forêt dense et tout aussi mystérieuse.
  • Trippi Troppi : il s’agit d’un hybride entre un chat et un poisson ou une crevette selon les versions.
  • Tung Tung Tung Sahur : c’est une batte de baseball vivante. Son corps est en fait une batte avec dessus un visage souriant, de grands yeux ronds, des pieds humains. Tung Tung Tung Sahur tient lui-même une batte de baseball dans les mains. La première apparition de Tung Tung Tung Sahur vient d’une vidéo utilisant un texte en indonésien, évoquant une malédiction pour ceux qui n’entendent pas l’appel au « sahur » (le repas de l’aube pendant le ramadan).

Ces personnages ne sont que des bases autour desquelles se construisent leur biographie par les créateurs de ces vidéos. Ce qui fait que leurs histoires n’ont ni queue, ni tête (mais les personnages, oui) : toutes les répertorier est impossible. Ce qu’il faut retenir, c’est que certains arcs narratifs deviennent suffisamment populaires pour intégrer l’imaginaire commun autour de ces personnages.

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