Le « Pentagon Pizza Index », aussi appelé « Pentagon Pizza Meter », est une théorie aussi savoureuse qu’inattendue : le nombre de pizzas commandées autour du Pentagone serait un baromètre officieux des crises internationales et des opérations militaires américaines.

Alors que les tensions entre l’Iran et Israël atteignent un nouveau sommet cette semaine, un signal inattendu a mis la puce à l’oreille des experts en renseignement OSINT : le 11 juin 2025, soit deux jours avant le début des bombardements, plusieurs comptes spécialisés ont repéré une affluence particulièrement élevée dans certaines pizzerias autour du Pentagone.

Simple coïncidence ou indice d’une mobilisation exceptionnelle des stratèges américains ? Le phénomène d’analyse, connu sous le nom de « Pentagon Pizza Index », intrigue autant qu’il amuse… Retour sur l’histoire et le fonctionnement d’un baromètre géopolitique officieux.

Les origines d’une théorie (presque) sérieuse

Comment en est-on arrivé à prédire les mouvements militaires de l’Oncle Sam à travers la consommation de pizza ? L’anecdote veut que cette tradition trouve ses racines chez les Soviétiques.

Pendant la Guerre froide, les services de renseignement du bloc Est auraient vu dans les habitudes alimentaires des employés du Pentagone une source de signaux faibles pour anticiper les grandes manœuvres américaines.

Une théorie qui prend de l’ampleur, dans les années 90, quand Frank Meeks, un pizzaiolo de la banlieue de D.C. un peu bavard, raconte au Los Angeles Times avoir remarqué un pic soudain de commandes à la veille de l’invasion irakienne au Koweit, ce qui marquera le déclenchement de la première Guerre du Golfe.

Les commandes vers les pizzerias commencent alors à être scrutées par les journalistes, et la tendance se confirme au fil des années. Frank Meeks, encore lui, signale à qui veut l’entendre une forte augmentation des commandes de pizzas, peu de temps avant le déclenchement de la procédure d’impeachment à l’encontre de Bill Clinton, autour de l’affaire Monica Lewinsky.

Tous les ingrédients sont réunis pour faire du « Pentagon Pizza Index » le baromètre de la culture populaire. La consécration ? Le phénomène s’est ensuite diffusé dans la culture web, où le Pizza Index est devenu un running gag parmi les journalistes, chercheurs en OSINT et passionnés de géopolitique.

Frank Meeks, ou l'effet domino // Source : Capture Numerama
Frank Meeks, ou l’effet domino. // Source : Capture Numerama / USM Foundation

Le Pentagon Pizza Index à la sauce Google Maps

Aujourd’hui, plus besoin de Frank Meeks pour nous alerter d’une recrudescence de la demande de pizzas autour des institutions américaines. Un petit tour sur Google Maps suffit.

Le mécanisme est simple : lors d’une crise, les équipes du Pentagone sont mobilisées en urgence, parfois pour des heures ou des nuits entières. Impossible de quitter le poste de travail, il faut donc commander des pizzas. Les enquêteurs sont à l’affut et à l’ère d’Internet, les informations en accès libre ne manquent pas : affluence en direct sur Google Maps, posts sur les réseaux sociaux ou même caméras de circulation autour des pizzérias. Les internautes scrutent les taux d’activité de toutes les enseignes proches du Pentagone ou de la Maison Blanche.

À chaque regain de tension internationale, les discussions sur le « Pizza Index » s’enflamment. Certains comptes, comme @PenPizzaReport sont même exclusivement dédiés à ce baromètre.

Pic d'activité enregistré le 12 juin 2025, veille des premières frappes israéliennes en Iran // Source : Compte X : @PenPizzaReport
Pic d’activité enregistré le 12 juin 2025, veille des premières frappes israéliennes en Iran. // Source : Compte X : @PenPizzaReport

Alors, véritable indicateur de crise ou théorie bancale ? Ce ne serait en tout cas pas la première fois que les Américains font n’importe quoi avec leurs pizzas.

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