Renault pourrait lever le pied sur le développement de son réseau de recharge rapide. Selon Les Échos ce 21 novembre 2025, le nouveau patron du groupe, François Provost, a gelé les plans d’ouverture de nouvelles stations Mobilize Fast Charge, remettant en cause l’ambitieux programme porté par Luca de Meo, son prédécesseur. Au lieu de viser 650 stations en Europe d’ici à 2028, Renault va déjà se concentrer sur la rentabilité des stations actuelles.
Certains pourraient parvenir trop vite à la conclusion que cette décision confirme une nouvelle fois que Renault rétropédale sur l’électrique. Mais il n’en est rien. François Provost a bien confirmé que l’électrique restait une priorité du groupe. Renault veut juste prendre le temps de remettre à plat les priorités et investissements, au lieu de foncer tête baissée.
Des investissements en pause pour recentrer le modèle
Le réseau Mobilize compte aujourd’hui 61 stations en France, avec 6 nouvelles ouvertures prévues d’ici à la fin de l’année. Le constructeur prévoit d’atteindre 95 stations en France d’ici à fin 2026, avant de marquer une pause dans les investissements.

Selon une source interne citée par Les Échos, le déploiement agressif laisse place à une « revue stratégique des actifs ». De son côté, Mobilize reconnaît qu’aucune décision finale n’est arrêtée, mais confirme un arrêt des nouveaux investissements à court terme.
L’idée de base de Mobilize Fast Charge était plutôt prometteuse. En installant les bornes chez des concessionnaires, cela réduisait les coûts liés au foncier et à l’exploitation (gardiennage, nettoyage) de la station et de son petit espace lounge pour celles qui en sont équipées. Ce schéma était pensé pour maximiser l’usage et limiter les charges, mais Renault confirme que la rentabilité reste un problème : « Le nombre moyen de recharges par jour est bien en deçà des attentes », selon des sources proches du dossier.
Même si les concessions ciblées pour ces stations sont généralement proches des grands axes, il y a probablement un déficit d’image du réseau (hors clients Renault) qui ne pousse pas vraiment le conducteur d’électrique vers cette station, plutôt qu’une station Electra située dans un hôtel ou un commerce à proximité.
Ne pas foncer tête baissée pour afficher un gros compteur
Pour François Provost, le temps est venu de faire un « bilan lucide » : plutôt que d’exploser les coûts dans un maillage trop ambitieux, notamment sur d’autres pays européens, il préfère consolider ce qui existe. Cette nouvelle orientation marque une rupture nette avec la feuille de route de Luca de Meo, qui voyait Mobilize comme un pilier majeur de la mobilité future de Renault. Le départ du directeur général de Mobilize, Gianluca de Ficchy, n’est certainement pas étranger à tout cela.

Pour autant, Renault ne renonce pas à son réseau. Mobilize reste un élément central de l’expérience client. Il faut juste prendre le temps de s’assurer que la stratégie est pertinente avant de multiplier les investissements dans toute l’Europe, une décision qui paraît particulièrement saine.
Le secteur de la recharge rapide est un domaine particulièrement concurrentiel depuis quelques années. Plusieurs leaders ont mis le turbo pour couvrir le territoire français et européen avec leurs bornes. Forcément, face à autant de points de recharge disponibles – pour un parc de véhicules électriques encore limité – certains acteurs ne mangeront pas à leur faim sur ce gâteau.
L’installation de stations ultra-rapides et leur entretien nécessite des investissements importants qui peuvent atteindre près de 100 000 euros par borne à haute puissance (borne, travaux et raccordement). La rentabilité des installations dépend ensuite de leur occupation et de leur bon fonctionnement. Et même si Renault peut déjà compter sur sa clientèle et le succès de ces nouveaux modèles, ce ne sera jamais suffisant. Si Mobilize veut rentabiliser ses installations, il va falloir détourner les clients d’autres réseaux. Cela est possible, mais il faut pour cela de la notoriété et/ou un coût de la recharge attractif, ce qui manque à Mobilize.
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