On changerait de voiture comme on change de smartphone : pour avoir la même, mais en mieux. Cette comparaison, bien qu’inexacte, est peut-être au fond criante de vérité. Après quelques années après, et quelques évolutions majeures comme mineures, on pourrait être tenté par la nouvelle Model Y pour remplacer l’ancienne. Est-ce le bon moment ? Qu’est-ce qu’on y gagne, mais surtout, qu’est-ce qu’on y perd ?

Il y a trois ans, je commandais une Tesla Model Y Standard, pour remplacer une Model 3 de 2019 qui avait alors plus de 130 000 kilomètres. Nous voilà trois ans plus tard, avec près de 90 000 kilomètres parcours en Model Y, qui a désormais bien changé.

En effet, Tesla a décidé de restyler son best-seller en 2025, pour le meilleur comme pour le pire. Comme toujours avec le géant américain, chaque nouvelle voiture arrive avec son lot de mesquineries, mais aussi avec des ajouts qui nous font souvent envie.

Il est temps de revenir en détail sur ce que m’a apporté ce Model Y après 12 saisons : ce qui plaît, comme ce qui désole. Et de vous expliquer pourquoi, après tant de temps, il ne me vient pas vraiment à l’idée de reprendre une autre voiture.

Tesla Model Y : un bilan très positif

Depuis 2019, soit l’année où j’ai pris livraison d’une Tesla, je n’imagine pas rouler dans une autre marque. En 2025, après 3 ans en Model Y, le bilan est encore une fois extrêmement positif.

L’une des forces de Tesla pour mon profil est évidemment la gestion des grands trajets. Et à ce jeu là, bien que le paysage européen ait évolué dans le bon sens, ce serait mentir que de dire qu’il existe une meilleure marque pour tailler la route. La simplicité d’utilisation des superchargeurs, couplée à l’infodivertissement fait pour entrer une destination et se laisser guider, laisse la concurrence sur le bord de la route. Si en plus de cela, on tient compte de la disponibilité et de la fiabilité des bornes, c’est une victoire par K.O au premier round.

La Tesla Model Y après 1 an et 30 000 km // Source : Bob JOUY pour Numerama
La Tesla Model Y après 1 an et 30 000 km. // Source : Bob Jouy pour Numerama

Mais en dehors des grands trajets — qui peuvent ne représenter que quelques trajets par an, pour une majorité de profils —, que vaut le SUV phare de Tesla au quotidien ? Et bien là encore, c’est presque un sans faute. On retrouve tout ce qui fait la force de Tesla depuis des années, à savoir une application mobile pour tout faire (y compris la clé sur téléphone qui est devenue indispensable), une conduite à une pédale presque inégalée, une tablette tactile aussi réactive qu’un iPad, ou encore un Autopilot qu’on adore détester, mais dont on ne veut plus se passer.

La consommation est aussi une des forces silencieuses de Tesla, qui arrive presque à faire des miracles avec un SUV de 2 tonnes et 4,70 mètres de long. Enfin, comment ne pas mentionner le volume utile, qui reste incontestablement le meilleur du segment ? Aucune autre voiture de la même longueur n’est comparable au Model Y. Il suffit d’ouvrir le coffre arrière pour se rendre compte de l’espace, et si ça ne suffit pas, le sous-coffre et le coffre avant sont là pour mettre fin à toute forme de débat.

Bien sûr, on n’oublie pas les défauts inhérents à Tesla, comme l’absence d’Apple Carplay et Android Auto, la gestion hasardeuse des feux automatiques comme des essuie-glaces, ou bien même les frayeurs que l’on se fait encore trop souvent en Autopilot. Malgré tout, si je voulais changer de voiture, ce serait pour une nouvelle Model Y.

Changer pour la même… en mieux ?

Les habitués de Tesla ne le savent que trop bien : les nouvelles versions viennent avec leur lot de nouveautés certes, mais enlèvent aussi parfois des fonctionnalités ou du matériel que l’on aurait bien aimé garder. Que ce soit le radar il y a quelques années, puis les capteurs à ultrasons, ou encore récemment le commodo pour avancer et reculer, il faut apprendre à accepter qu’en changeant de Tesla, on abandonne tout ça.

En l’occurence, avec la nouvelle version de Tesla Model Y, on récupèrerait tout de même une bien meilleure voiture, c’est indéniable. Parmi les plus grandes nouveautés : la caméra que l’on peut placer au niveau du pare-chocs avant, les sièges ventilés, ainsi que l’intérieur plus silencieux et plus haut de gamme — en tête de la liste.

Bien entendu, le restylage extérieur permet aussi d’avoir un sentiment de nouvelle voiture, même quand on la regarde depuis un parking. Il faut bien reconnaître que l’ancienne a pris un coup de vieux, que ce soit à l’avant ou à l’arrière, du fait de la nouvelle signature lumineuse futuriste.

Cependant, une fois derrière le volant, j’avoue me demander si cela en vaut vraiment la peine, compte tenu du surcoût loin d’être négligeable. En effet, avec la revente d’une vieille Model Y pour environ 25 000 euros maximum, il faut compter autour de 15 000 euros à ajouter pour prendre la nouvelle version. Mais, en récupérant une Tesla Model Y Standard de 2025, on oublie le toit vitré panoramique, le caisson de basse et plusieurs hauts-parleurs. Ainsi, pour récupérer un intérieur plus fidèle à ce à quoi on était habitué, il faut se diriger a minima vers la Grande Autonomie Propulsion, pour 7 000 euros de plus.

Tesla Model Y  // Source : Tesla
Tesla Model Y. // Source : Tesla

En somme, il faudrait donc compter 20 000 à 25 000 euros pour rouler dans une nouvelle Model Y Grande Autonomie Propulsion, seulement 3 ans après avoir pris possession de l’ancien modèle. On gagnerait certes en autonomie, en puissance de recharge et en qualité de l’intérieur, mais en l’essayant, on se rend rapidement compte que ce serait déraisonnable, compte tenu des petits points négatifs remarqués dès les premiers coups de volant.

Comme à son habitude, Tesla rend de plus en plus restrictif son Autopilot, et a osé l’impensable sur la nouvelle Model Y : désactiver le régulateur de vitesse adaptatif lorsque l’on change de voie en Autopilot. Plus clairement pour celles et ceux qui ne sont pas habitués à Tesla : avant les Model Y 2025, lorsqu’on désengageait l’Autopilot à l’aide du clignotant et d’une force plus importante sur le volant pour changer de voie, le régulateur de vitesse adaptatif était maintenu. Une fois le changement de voie effectué, on pouvait alors remettre l’Autopilot, qui reprenait contrôle de la direction. Désormais, dès que l’on donne un coup de volant pour reprendre le contrôle de la direction, le régulateur de vitesse disparait et il faut donc penser à accélérer de nouveau au pied, sans quoi la voiture se met à piler très franchement. Changer de Tesla en acceptant cela pourrait envoyer un message au constructeur : « continuez comme ça, on adore. » C’est non.

On peut aussi ajouter au rayon des mesquineries invisibles — contrairement aux sièges en tissu sur le modèle standard, au toit vitré mais masqué, à l’absence de filtre HEPA pour la climatisation, etc. — le fait d’avoir obligatoirement un rappel sonore lorsque l’on dépasse la limite de vitesse lue par la voiture. Il doit être désactivé à chaque trajet, voilà qui fait déborder un vase déjà bien rempli. En somme, une vieille Model Y fait encore largement l’affaire, et changer serait un caprice qui coûterait bien trop par rapport à ce qu’il apporterait de nouveau. Après 90 000 km et encore au moins 2 ans de garantie batterie/moteur, difficile de justifier un changement uniquement par envie de nouveauté.

Changer pour autre chose ?

Si l’on se rapproche des concurrentes et que l’on regarde l’état actuel du marché, on pourrait aller faire un tour du côté de Xpeng avec la G6, ou même considérer la Volvo EX30, la Renault Scénic E-Tech, la Skoda Elroq ou bien la Polestar 3, si l’on accepte une voiture bien plus chère.

La Polestar 3. // Source : Polestar
La Polestar 3. // Source : Polestar

Le principal problème de toutes ces concurrentes porte sur les piliers d’une voiture électrique : l’autonomie, la consommation et la vitesse de recharge… aucune n’arrive à faire mieux que la Model Y. Et quand on intègre le coût, la simplicité d’utilisation notamment en grand trajets, et le volume utile, c’est une victoire écrasante du SUV de Tesla. Les clients ne s’y trompent pas : elle se vend bien mieux que tous les autres SUV cités.

Quel est le secret de Tesla pour rendre ses clients aussi fidèles ?

Vous aurez sans doute remarqué que, si l’idée de changer de voiture m’est venue à l’esprit, il n’a jamais été question de considérer une autre voiture pour autant. Un peu à l’image des possesseurs d’iPhone qui en sont satisfaits : lorsque vient le moment de changer de smartphone, la plupart ne regardent même pas ce qu’il se fait ailleurs. C’est malheureusement un peu le cas avec Tesla.

Les habitudes prises au fil des années, que ce soit lors de grands trajets ou au quotidien, ont un effet : abandonner la marque est encore très difficile en 2025. Bien sûr, le PDG qui fait trop souvent parler de lui en mal est parfois une raison suffisante pour quitter le navire, mais c’est souvent à regrets.

Le nouveau Tesla Model Y Standard (2025) // Source : Tesla
Le nouveau Tesla Model Y Standard (2025). // Source : Tesla

Mais, lorsque l’on réfléchit uniquement en termes de voiture, et de rapport prix/prestations, battre une Tesla Model Y est une mission très difficile. Si mon avis n’est pas forcément celui de tout le monde, les chiffres vont tout de même dans mon sens : en septembre 2025, la voiture la plus vendue en Europe est encore la Model Y, même en prenant en compte les thermiques.

Tant qu’une expérience comparable sur le plan de la conduite, de l’infodivertissement, de l’infrastructure de recharge et de la simplicité d’utilisation ne sera pas au rendez-vous, il y a fort à parier que la majorité des clients de Tesla n’iront pas voir ailleurs au moment de remplacer leur véhicule. La balle est dans le camp de la concurrence pour aller grappiller des parts de marché au géant texan.

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