Près d’un demi-million de voitures livrées en trois mois : Tesla peut se féliciter de son sprint record. Mais, sans les aides américaines, la suite s’annonce bien moins glorieuse.

Après deux trimestres bien en deçà de son potentiel, Tesla semble retrouver de bons volumes. Le constructeur américain vient de publier, le 2 octobre, ses résultats de production et de livraison pour le troisième trimestre 2025. On peut y observer plusieurs points notables et inhabituels.

Tesla s’offre même un nouveau record de livraison avec un total de 497 099 véhicules. Est-ce que l’entreprise est de nouveau en piste pour écraser la concurrence ? Pas forcément. Cette embellie pourrait n’être qu’éphémère.

La fin des aides américaines : un coup dur à venir

Il ne s’est jamais autant vendu de voitures électriques aux États-Unis que ce dernier trimestre : plus de 410 000 exemplaires, selon les données Cox Automotives. C’est 22 % de plus que la même période en 2024. La part de marché de l’électrique a dépassé la barre des 10 % pour la première fois aux États-Unis.

Si les clients intéressés se sont précipités pour acheter une voiture électrique, c’est parce qu’ils pouvaient bénéficier jusqu’au 30 septembre d’un crédit d’impôt de 7 500 dollars. L’aide a depuis été coupée par l’administration Trump, et les constructeurs ignorent encore quel sera l’impact de cette décision sur les ventes à venir.

Chaîne d'assemblage Gigafactory Tesla  // Source : Tesla
Chaîne d’assemblage Gigafactory Tesla // Source : Tesla

Tesla fait partie des grands gagnants de ce dispositif de crédit d’impôt et du sprint avant sa clôture. La marque représente 38 % du volume des immatriculations des voitures électriques sur le trimestre avec 157 058 exemplaires. Cela représente donc un peu moins d’un tiers des livraisons réalisées par Tesla dans le monde sur un unique marché.

Néanmoins, les inquiétudes sont grandes pour le prochain trimestre. Si les livraisons s’effondrent aux États-Unis, Tesla finira l’année avec des résultats bien en dessous des volumes espérés. C’est probablement pour cette raison que l’arrivée de la version plus abordable du Model Y a été décalée à cette période. Tesla doit sûrement compter sur cette nouvelle proposition pour compenser une partie de la chute des ventes.

Ce trimestre a fait du bien au stock

Depuis le début de l’année, la production des usines était excédentaire pour Tesla. Ce troisième trimestre, avec des livraisons nombreuses, a permis d’écluser une partie de ce surplus de véhicules.

Tesla a souvent réussi à ne pas cumuler autant de stocks que ses concurrents, cela fait partie de ses forces. Néanmoins, les choses ont commencé à changer, et Tesla n’échappe plus forcément aux arrêts de certaines de ses chaînes de production pour temporiser. C’est notamment le cas pour la ligne de production qui devait être dédiée au Cybertruck.

Il fut un temps où la marque préférait jouer sur les prix en les augmentant pour ralentir la demande, faute de stock suffisant, mais ceci est désormais bel et bien de l’histoire ancienne. Sur plusieurs marchés, Tesla doit maintenant user de remises et offres de leasing promotionnelles pour séduire la clientèle comme le font les constructeurs traditionnels.

Avis de recherche : Cybertruck, Model S et X

Si les volumes des Model Y et Model 3 se portent bien, la production des « autres modèles » est parmi les plus bas niveaux enregistrés par la marque sur les trois dernières années.  Ces « autres modèles » regroupent les Model S et Model X, qui sont en phase de rafraîchissement, ainsi que le tristement célèbre Cybertruck.

Tesla Cybertruck tractant une pièce de fusée SpaceX // Source : Tesla
Un cybertruck Tesla tractant une pièce de fusée pour SpaceX. // Source : Tesla

Ce trimestre, Tesla a produit 11 624 de ces véhicules pour 15 933 livraisons. Les livraisons ont permis de vider un peu les stocks accumulés, mais, jamais la production de ces modèles n’a été aussi basse depuis 2021, et à cette époque, il n’y avait pas de Cybertruck. Décidément, le modèle qui devait propulser Tesla dans une autre galaxie apparaît de plus en plus comme un boulet.

Dans l’ensemble, les analystes financiers sont plutôt pessimistes sur les résultats du dernier trimestre 2025. Le constructeur américain pourrait terminer l’année avec 1,6 million de véhicules, soit 10 % de moins qu’en 2024. On serait alors bien loin des perspectives de croissance clamées par Elon Musk quelques années plus tôt, assez pour que les investisseurs remettent en question son package de rémunération astronomique (1 000 milliards) le 6 novembre prochain ?

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