Des Smart #1 et #3, on passe directement à la #5, le nouveau fleuron du constructeur sino-allemand (50 % Mercedes, 50 % Geely). Le plus grand modèle de la marque n’aurait presque plus rien à voir avec le reste de la gamme, tant les progrès se font sentir depuis notre essai de la #3. De quoi enfin donner de l’intérêt à Smart, dont les ventes peinent toujours à décoller ?
J’ai pris le volant du SUV électrique pendant près d’une semaine et parcouru plus de 1 100 km sur tous types de routes (et chemins). Spoiler : cette nouvelle Smart #5 est l’une de mes voitures électriques coup de cœur ! Voici mes impressions.
Design extérieur de la Smart #5 : parée pour l’aventure
Premier point de séduction : le style. Évidemment, cela reste subjectif, mais la Smart #5 joue la carte du SUV baroudeur et ça fait mouche. On y trouve quelques inspirations de Jeep avec cette signature lumineuse LED en pointillés à l’avant, tandis que la silhouette cubique massive peut faire écho au célèbre Land Rover Defender. Ce n’est absolument pas aérodynamique (on le verra dans les consommations), mais cela le distingue du reste de la production qui tend à ressembler à des galets bien formés. Pour parfaire son look d’aventurière, la #5 est bardée de boucliers et bas de caisse généreux.
À l’arrière, le toit chute de manière abrupte et laisse place aux mêmes diodes LED qu’à l’avant. Toutefois, si le profil est bien carré, les surfaces de la #5 sont bien lisses. Vous ne risquerez donc pas de passer inaperçus au volant de ce bébé de 4,70 m de long, 1,92 m de large et 1,71 m de haut. Et ce n’est pas la configuration de notre modèle d’essai qui va l’aider à se fondre dans la masse.
Ma monture est une #5 Summit Edition, dont la peinture matte spécifique « Vert Planète » pourrait presque nous faire passer pour un véhicule militaire. Le SUV est campé sur des jantes de 20 pouces diamantées, tandis que le choix des gommes s’est porté sur des Continental EcoContact 7, favorisant l’autonomie.
Design intérieur de la Smart #5 : une finition soignée et beaucoup d’espace
Habitacle et finition
Une fois à bord de la Smart #5, on observe franchement le bond en qualité de présentation. Si Mercedes est toujours aux commandes du design (extérieur et intérieur), le nouveau SUV possède un habitacle bien à lui, loin des inspirations du constructeur allemand et ça, ça fait plaisir. Le niveau de finition est vraiment au point et n’a vraiment plus rien à envier aux constructeurs premium.
En version Summit Edition, la #5 est garnie d’une sellerie en cuir « Olive Quasar » laquelle est surpiquée d’une couleur crème. Des éléments dorés ainsi que des inserts façon fibre de carbone complètent l’ensemble. C’est vraiment très sympathique.
On ne perçoit absolument aucun bruit de mobilier, tandis que l’assemblage est très bon. D’ailleurs, certains plastiques comme ceux présents sur la partie inférieure des contreportes sont moussés, rajoutant à la qualité perçue.
Confort et espace à bord
On prend place sur des sièges aux assises larges et aux dossiers moelleux. Étonnamment, dans cette version Summit Edition, ces derniers sont bien chauffants à l’avant, mais pas ventilés, tandis que les places arrière ne sont pas chauffantes non plus ! Des fonctions de confort pourtant présentes sur le modèle Premium, moins chère que mon modèle d’essai. Le volant est agréable à manipuler et regroupe divers boutons physiques simples à appréhender.
À l’arrière, les passagers peuvent voyager dans un confort digne de la Première classe. L’empattement de 2,90 m offre un large espace pour les jambes, tandis que les grands gabarits se réjouiront d’une garde de toit généreuse. Les dossiers sont inclinables électriquement pour encore plus d’aisance. Seul bémol, le passager assis au milieu devra s’accommoder d’une place assez ferme. C’est assez courant.
Tout cet espace à l’arrière ampute logiquement au volume de chargement du coffre, qui s’élève ici à 630 litres (ou 1 530 litres banquette rabattue). Cette capacité comprend un sous-coffre de 110 litres, tandis qu’un frunk à l’avant de 47 litres (72 L en version propulsion) vient complémenter le tout. Cela reste tout de même une valeur haute pour un SUV familial. Pour finir, l’habitacle regorge de rangements.
Info-divertissement et aides à la conduite de la Smart #5 : enfin au niveau
L’info-divertissement
Côté technologie, la planche de bord se compose de trois écrans (dès la version Premium) : une instrumentation de 10,25 pouces pour le conducteur et deux écrans tactiles de 13 pouces chacun, au milieu et face au passager. Si la résolution du premier est juste correcte, les deux autres profitent de la technologie OLED, offrant une résolution très flatteuse pour la rétine. L’affichage tête haute à réalité augmentée est un plus vraiment appréciable.
Quand on reconnaissait l’affiliation chinoise de la partie logicielle sur les Smart #1 et #3, celle dans la nouvelle #5 fait entièrement peau neuve. Oubliez le kitsch, place à plus de sobriété et de modernité dans les menus. Ces derniers restent d’ailleurs toujours aussi fournis, avec des sous-menus pouvant faire quitter la route des yeux longtemps si l’on ne trouve pas la fonction désirée.
Autre net progrès : la fluidité. Grâce à une nouvelle puce AMD, le système réagit véritablement au doigt et à l’œil et n’a rien à envier à celui de Tesla sur ce point. La barre des raccourcis présente en bas de l’écran central est plus intuitive, tandis qu’on retrouve des touches sensitives pour commander certaines fonctions du SUV à gauche de la dalle.
Lors d’un voyage en Auvergne, j’ai pu mettre à l’épreuve le planificateur d’itinéraire embarqué. Là aussi, Smart a fait évoluer son outil avec brio et permet de se passer totalement d’applications tierces. Veillez toutefois à vérifier dans les réglages que l’ajout automatique des arrêts recharges est activé, sinon vous devrez le faire à chaque trajet. Enfin, l’estimation du niveau de batterie à l’arrivée est plutôt optimiste et ne tiendrait pas compte du dénivelé, comme j’ai pu le constater en montagne. La navigation GPS est au point.
Les aides à la conduite
Point critique sur les autres modèles, la Smart #5 profite d’un ensemble d’ADAS plus performant à l’usage et légèrement moins intrusif. La conduite autonome de niveau 2 (régulateur de vitesse + maintien dans la voie) est très agréable sur autoroute où l’on perçoit peu de louvoiements, tandis que les changements automatiques de files sont efficaces. Le régulateur adaptatif manque encore un peu de douceur sur les freinages, même avec la distance réglée au minimum. Les réglages se font à la volée sur le volant et se montrent intuitifs.
Quelques aides à la conduite se pilotent via le menu rapide accessible en une touche, mais il manque toujours certaines incontournables. Une manière de dissuader de les désactiver ? Il faut obligatoirement passer par le menu dédié dans les réglages, qui est divisé en deux catégories. Cela demande plusieurs clics et peut distraire pendant la conduite.
Les caméras tout autour du SUV et la vue 360° permettent de manœuvrer avec une facilité déconcertante le bestiau aux dimensions loin des anciennes micro-citadines de la marque.
Au volant de la Smart #5 : un SUV confortable qui marche fort
Pour cet essai, j’ai pris la direction du Cantal et ait commencé ma prise en main par de l’autoroute. Les 588 ch de la Smart #5 me catapultent à la vitesse maximale autorisée en un éclair et pour cause : le 0 à 100 km/h ne demande que 4,9 secondes. Déraisonnable pour un SUV familial ? Oui, mais quelque peu grisant, je ne vais pas vous le cacher. Les kilomètres sont avalés dans un confort digne d’un tapis volant et, à moins que le vent souffle un peu fort à 130 km/h, les bruits d’air sont assez bien filtrés malgré le style armoire normande.
Avec 2 370 kg sur la balance, la Smart #5 n’est pas aussi sportive que sa puissance sous-entendrait. Sur routes secondaires, les suspensions du SUV privilégient grandement le confort au détriment de la tenue de caisse, ce qui implique un peu de roulis dans les virages. Le comportement reste quand même tout à fait sain. La direction se montre consistante dans ses modes « Moyen » et « Ferme », tandis que le freinage — efficace — présente une bonne course de pédale (pouvant être réglée plus mordante). On aurait aimé voir ce que la #5 donnerait avec des pneumatiques moins typés sur l’efficience.
Sur les revêtements souvent esquintés ou gravillonnés du Cantal, l’amortissement filtre correctement les imperfections, alors que les bruits de roulements sont peu perceptibles. La récupération au lever de pied (réglable sur trois modes) se gère avec souplesse. On aurait aimé un peu plus de mordant en mode « une pédale » (baptisé ici S-Pedal) pour stopper plus rapidement l’auto.
Sur les versions à quatre roues motrices comme cette Summit Edition, on retrouve en plus des modes Eco, Confort et Sport, le mode Off-Road. Celui-ci intègre plusieurs sous-modes selon la topologie du terrain (neige, sable, boue ou encore rocher). J’ai pu m’amuser à tester gentiment ce dernier sur des pistes de ski de fond, qui m’affiche les degrés d’inclinaison. Le contrôle de la motricité se déconnecte et permet d’évoluer tranquillement dans le chemin, même si, la plupart des #5 ne s’aventureront (malheureusement) pas hors des sentiers battus. Dommage, car il est carrément possible de transformer sa Smart en camping-car en mettant à plat les sièges pour y poser un matelas. Je vous avais bien dit que c’était une aventurière !
Autonomie, consommation et recharge de la Smart #5 : même pas le temps pour un café
L’autonomie
La nouvelle Smart #5 est disponible avec deux capacités de batterie : LFP de 76 kWh ou NMC de 100 kWh (94 kWh utiles). C’est cette dernière dont est dotée la Summit Edition. De quoi promettre 540 km selon le cycle WLTP. Un rayon d’action limité, un peu en deçà de la concurrence en raison de son aérodynamisme disons… moins performant, et de ses presque 600 ch cumulés.
Après 1 151 km d’essai, j’ai relevé une consommation moyenne de 22,6 kWh/100 km. Comptez donc sur une autonomie réelle de 415 km environ. Sur autoroute, la moyenne oscille entre 25 et 26 kWh/100 km, soit à peu près 380 km d’autonomie. En ville, il est possible de tomber à 15 kWh/100 km.
La recharge
Pour rattraper ses consommations, la Smart #5 peut compter sur des performances de recharges tout bonnement impressionnantes : 18 minutes pour passer de 10 à 80 % de batterie sur borne rapide. En Chine, la marque annonce une valeur encore plus basse : 15 minutes. Une prouesse possible grâce à son architecture 800 V et une puissance de charge pouvant grimper à 400 kW. L’une des meilleures sur le marché.
Dans la pratique, on ne nous a pas menti puisque j’ai pu passer de 19 à 86 % de batterie en seulement… 16 minutes. Lors d’un autre arrêt recharge, sans m’en apercevoir, la #5 est allée de 28 à 92 % après juste 17 minutes. À 55 %, elle tirait encore une puissance de 310 kW et toujours 128 kW à plus de 90 %… Et encore, il s’agissait « juste » de bornes 350 kW. Les prétendues contraintes de temps de la voiture électrique sont aux oubliettes ici et laissent à peine le temps de marcher jusqu’à la station pour un café.
Prix et concurrence de la Smart #5 : le juste prix ?
La voiture étant produite en Chine, il ne faudra pas compter sur la moindre aide de l’État. La Smart #5 s’affiche à partir de 46 600 € dans sa version Pro de 340 ch équipée de la batterie LFP 76 kWh (465 km WLTP). Cette version serait peu recommandable, car elle ne bénéficie pas des mêmes performances de recharge que les autres.
Ma version d’essai Summit Edition est proposée à 57 600 €, ce qui est un tarif convenable quand on voit son package assez complet (et la couleur matte). Toutefois, le choix le plus raisonnable se portera sans doute sur le modèle Premium de 363 ch, qui allie l’efficience grâce à un seul moteur et la grosse batterie pour une de 590 km WLTP, vendu dès 56 100 €. On mettra de côté la version Brabus, qui bascule dans le démentiel avec ses 646 ch.
Côté concurrence, la Smart #5 vient se frotter au cador du segment, le Tesla Model Y transmission intégrale (dès 52 990 €), sans oublier l’autre rival chinois, le Xpeng G6 AWD (dès 50 990 €). Les deux offrent des autonomies semblables, même si l’Américain sort un peu plus du lot. Ce dernier est surtout moins cher et éligible au bonus/coup de pouce CEE si important pour stimuler les ventes.
Le verdict
Smart #5
Voir la ficheOn a aimé
- Confort
- Espace à bord
- Info-divertissement bien au point
- Qualité de finition
- Recharge ultra-rapide
On a moins aimé
- Poids dans les virages
- Consommations
- Coffre pourrait être plus grand
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