Verre à moitié plein ou à moitié vide ? Malgré mon caractère pessimiste, j’ai tendance à relativiser les chiffres de ventes des voitures électriques du premier semestre 2025 en France. Même si la tendance apparaît baissière par rapport à 2024, tout n’est pas si mauvais durant ces 6 premiers mois de l’année. Pour ne pas tirer de conclusions trop hâtives, il convient de remettre les chiffres dans leur contexte.
Comme si la tension du marché n’était pas assez palpable en cette fin de trimestre et de semestre, un bug qui s’est glissé dans les données d’immatriculations compilées par le gouvernement a mis les nerfs des constructeurs à rude épreuve. Il a fallu attendre la soirée du 1ᵉʳ juillet pour que les statistiques de juin soient livrées. Alors, bonnes ou mauvaises nouvelles ? C’est le grand écart, en fonction des marques. Beaucoup ont quand même enclenché le mode survie, et pas uniquement pour leurs modèles électriques.

Un moindre mal
Certains analystes hostiles à l’électrique retiendront surtout une baisse de 6 % des immatriculations au premier semestre 2025 par rapport à 2024 : 148 331, contre 158 398. Soit un déficit d’environ 10 000 voitures. Un recul qui pourrait inquiéter le marché, mais ce serait oublier que l’année dernière avait été gonflée artificiellement, par près de 50 000 livraisons en leasing social concentrées durant les six premiers mois (hors Citroën ë-C3). En comparant un semestre « normal » à un semestre « sous stéroïdes », le bilan aurait pu être bien plus sanglant.

Or, il ne manque « que » 10 000 unités à l’appel. C’est le signe que les ventes de voitures électriques progressent malgré tout, même sans dopage gouvernemental. Avant même la deuxième salve de leasing social attendue à partir de septembre, la part de marché est en légère hausse : 17,6 %, contre 17,4 % un an plus tôt. Une augmentation timide, certes, mais bien réelle — ce sont les hybrides qui tirent vraiment profit du recul des motorisations thermiques classiques.
Une bataille plus rude pour certains
Pour les modèles électriques du groupe Stellantis, la comparaison avec l’année précédente est tout simplement cruelle. Ils accusent des chutes allant de 60 à 75 % (aïe) : Peugeot e-208 et e-2008, Fiat 500e et 600e, Opel Corsa et Mokka electric, Jeep Avenger, Citroën ë-C4, Abarth… C’est le revers de la médaille d’avoir été le plus gros vendeur pendant le leasing social, mais pas seulement. Cette chute des immatriculations cache aussi un désintérêt grandissant des clients pour les véhicules électriques du groupe et cela va être difficile à rattraper sans une sérieuse remise en question.

Tesla continue aussi de se débattre avec de mauvais résultats. Même si les livraisons des Model Y ont repris en fanfare en juin, le premier semestre se conclut quand même avec un -40 % qui fait mal, surtout lorsqu’on a longtemps été le leader incontesté de l’électrique. Morale de l’histoire : il ne faut rien prendre pour acquis.
À l’inverse des constructeurs qui patinent, Renault profite d’une embellie dans ses immatriculations : +18 % par rapport à l’année dernière sur les électriques. Le succès de la Renault 5 ne se dément plus, et avec Renault Scénic, les deux modèles participent à la croissance de la marque sur ce segment. D’autres marques comme Skoda ou Volkswagen profitent également de ventes plus encourageantes.
Toutes les immatriculations ne se valent pas
Lors d’une précédente newsletter Watt Else, j’évoquais le cas des immatriculations tactiques, ces méthodes utilisées pour gonfler artificiellement les chiffres — quitte à cacher la poussière sous le tapis. Mais, ce jeu peut coûter cher : certaines marques risquent de le payer tôt ou tard, car la rentabilité en prend un coup. Prenons le cas du Cadillac Lyriq : 153 immatriculations ce semestre, mais seulement 4 pour des particuliers et 6 pour des véhicules de société. Le reste ? 132 exemplaires enregistrés chez des loueurs courte durée. Pas réellement un bon signe pour le modèle — et sans doute pas un cas isolé. D’autres constructeurs préfèrent saturer les concessions de véhicules à 0 km. Là aussi, c’est aussi une stratégie à double tranchant.

Plusieurs constructeurs continuent de se casser les dents sur le marché français avec leurs modèles électriques. Soit parce qu’ils ne correspondent pas aux besoins de Français, soit parce qu’ils ont été lancés au mauvais prix (erreur potentiellement fatale), mais le plus souvent parce qu’ils ne bénéficient tout simplement pas du sacro-saint bonus (ou de son nouvel équivalent) : un sésame qui continue à faire la pluie et le beau temps sur les ventes.
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