En Chine, les marques automobiles sont tellement nombreuses que leur décompte officiel n’est pas toujours très clair. Une certitude, cependant : toutes ne seront pas rentables dans les prochaines années. C’est la conclusion d’un article de Bloomberg du 11 juillet 2024.
Sur les 137 constructeurs chinois de voitures électriques actuellement en activité, moins de 20 devraient être rentables d’ici à 2030, selon le cabinet Alixpartner’s cité par Bloomberg. Pour autant, cela ne veut pas dire que les marques chinoises seront dominées à l’international. Rappelons qu’il a fallu un bon moment à Tesla pour atteindre son seuil de rentabilité.
Jusqu’à 45 % des voitures électrifiées dans le monde
Selon cette analyse, d’ici à 2030, les constructeurs chinois auront conquis au moins un tiers des ventes mondiales d’automobiles. La part serait encore plus grande en se limitant aux véhicules électrifiés (NEV), qui couvrent aussi bien les véhicules hybrides rechargeables que les modèles électriques. Le cabinet estime que les constructeurs chinois pourraient conquérir jusqu’à 45 % des parts de ce marché mondial, ce qui serait tout simplement énorme.
Pour autant, tous les continents ne seront pas concernés de la même manière. Avec les mesures protectionnistes des États-Unis, l’Amérique du Nord ne devrait pas voir les constructeurs chinois de véhicules électriques venir bouleverser le marché. Selon ce cabinet, l’Europe, avec la nouvelle surtaxe des droits de douane des véhicules électriques chinois, devrait freiner aussi l’essor des marques de voitures électriques chinoises sur son territoire. Les premières estimations prévoyaient seulement 15 % de part de marché en 2030, elle ne serait désormais plus qu’à 12 % avec les mesures prises par l’Europe. Ce n’est pas la révolution crainte par les dirigeants politiques, quoi qu’il arrive.
Le raz de marée chinois devrait surtout être massifs sur les autres marchés : d’Asie, d’Amérique latine, du Moyen-Orient, d’Afrique, sans oublier la Russie, où les marques chinoises font déjà une percée importante.
Une concurrence chinoise particulièrement féroce en Chine
Avant d’imaginer s’exporter et survivre à l’étranger, les constructeurs chinois de voitures électriques doivent déjà assurer leur survie sur leur marché d’origine. Les marques qui ont voulu trop vite s’affranchir du marché local sont déjà rattrapées par les difficultés financières. C’est le cas d’Aiways, pour ne citer qu’un exemple.
Certaines marques ont pensé (à tort) que l’Europe pourrait être leur planche de salut face à une guerre des prix intense en Chine. Depuis deux ans, les marques chinoises de voitures électrifiées voient les prix tirés à la baisse pour continuer d’attirer les clients. Les prix ont chuté en Chine d’environ 13 % sur l’année dernière.
La rentabilité devient donc un sujet particulièrement sensible pour certains constructeurs. Pendant ce temps, les grands groupes (comme BYD) réussissent le pari d’augmenter leurs marges malgré la baisse des prix. Ce n’est certes pas sans malmener les fournisseurs avec des réductions de coûts drastiques et sans abuser des salariés dévoués. Les heures supplémentaires explosent en Chine dans ces entreprises.
C’est un marathon dans lequel les marques chinoises se sont engagées, mais elles le courent à la vitesse d’un sprint. C’est ce qui effraie autant les constructeurs européens et américains qui ne peuvent pas s’aligner. Les constructeurs chinois sortent de nouveaux modèles à un rythme effréné. Ils séparent d’ailleurs la production matérielle et logicielle pour aller encore plus vite, quitte à réaliser la moitié des évolutions du modèle après sa livraison au client.
Forcément, les groupes les plus solides seront ceux qui auront une intégration verticale de tous les besoins de conception. À ce jeu-là, BYD a même pris une certaine avance sur ses concurrents. Quant à savoir quelles sont les marques qui vont survivre jusqu’à la fin de cette décennie, c’est un pari assez difficile à faire tant les choses bougent vite en Chine.
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