Pour la troisième fois en moins de deux ans, le constructeur chinois Aiways change de CEO et revoit sa stratégie. L’entreprise mise de nouveau tout sur l’international et notamment l’Europe. Cependant, il est difficile de rester optimiste quant à la survie de la marque dans ces conditions.

Jamais deux sans trois ? En 18 mois, la marque de voitures électriques Aiways a déjà changé pour la troisième fois de direction. Le nouveau PDG, Hugo Zhu, vient d’être nommé le 1er août 2023 selon le communiqué de presse de la société. Son objectif consiste à revenir à la stratégie initiale : se concentrer sur le marché automobile hors Chine. Vu d’Europe, difficile de croire que cela pourra être suffisant pour faire (sur)vivre le constructeur, dans le milieu toujours plus concurrentiel de la voiture électrique.

Le nouveau PDG doit redresser la situation après un premier semestre financièrement catastrophique, comme le relataient nos confrères des Survoltés (Frandroid) en mai dernier. En Chine, Aiways s’est retrouvé avec des comptes en banque bloqués lors d’un changement d’investisseurs. Le constructeur a été incapable de maintenir le paiement de ses bureaux, la production automobile s’est arrêtée, les fournisseurs et les salariés ont subi des impayés. Ces incidents sont arrivés alors que la marque était en plein lancement de son nouveau modèle : le Aiways U6.

Peut-on croire à un nouveau rebond d’Aiways en Europe ?

La marque Aiways a été fondé en 2017 à Shanghai. À la différence d’autres marques créées à la même période, Aiways dispose d’une capacité de production existante de 150 000 véhicules par an. Elle peut donc produire en masse rapidement. Elle s’attaque au marché européen de la voiture électrique en 2020 avec son premier SUV nommé U5. Un modèle qu’elle espère vendre en Europe à près de 3 000 unités par an pour démarrer.

Aiways U5 // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
Aiways U5. // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

Le modèle s’adresse aux familles, avec un grand espace à bord assez plaisant, mais son style extérieur, un peu original, reste clivant. Le U5 bénéficie d’un avantage à ce moment-là : un prix inférieur à 40 000 €. Il offre un bon rapport qualité/prix par rapport aux autres modèles concurrents équivalents. Il a depuis revu son tarif à la hausse pour atteindre 46 000 €.

Pour autant, les ventes ne sont pas vraiment au rendez-vous, ni en France, ni dans les autres pays européens où le SUV est lancé. Il faut dire que la marque a choisi de se passer de points de vente physiques. Pour l’entretien, elle a créé un partenariat avec les ateliers Feu Vert. Cela aurait pu être une idée brillante, mais cela n’offre pas suffisamment de notoriété pour séduire un grand nombre d’acheteurs.

Pour la France, ce sont 200 Aiways U5 qui ont été immatriculés en 2022 et 90 pour le premier semestre 2023. Ce modèle reste donc assez exotique, même s’il fait mieux que quelques références plus connues qui trainent dans le bas du classement des immatriculations françaises.  

En Europe, les immatriculations de U5 peinent à dépasser 1 200 véhicules par an en 2021 et en 2022. Pour le premier semestre 2023, seuls 416 Aiways U5 et 25 Aiways U6 (dont les véhicules utilisés pour les essais presse) ont été immatriculés. Il faut espérer pour la marque que la production et les livraisons puissent relever la barre sur la seconde partie de l’année. Il est impossible d’imaginer devenir rentable avec ce volume de vente, en tout cas pour la branche européenne. Les calculs ne sont pas bons.

Aiways U6 // Source : Aiways
Aiways U6. // Source : Aiways

D’autres pays en ligne de mire

Aiways importe des véhicules en Israël, mais là encore, les volumes restent anecdotiques. Finalement, c’est sur le marché local chinois que la marque a assuré le plus gros de ses ventes. C’est pourtant un marché que la marque veut laisser au second plan, car la concurrence y est trop rude, notamment avec une guerre des prix intensive.

Fin 2022, alors qu’Aiways ne dépassait pas les 15 000 voitures électriques produites depuis sa création, selon le site chinois IThome, la marque signait un accord de coopération conséquent avec une société thaïlandaise. Cet accord vise à livrer plus de 150 000 modèles électrifiés pour la Thaïlande dans les 5 prochaines années. La construction d’une nouvelle usine en Thaïlande est même déjà en cours.

Si l’accord est une bonne nouvelle pour Aiways, le volume et les délais de l’accord soulèvent quelques questions. C’est peut-être enfin le vrai point de départ pour une expansion d’Aiways à l’international. Mais, sans changement de la stratégie pour l’Europe, on doute de voir la marque persister bien longtemps.

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