La première voiture électrique de Xiaomi fait des vagues jusqu’à l’international, mais attention au retour de bâton pour ce nouvel acteur chinois de la mobilité électrique. Il était pourtant impossible de passer à côté de ce phénomène pour l’édito Watt Else du 4 avril.

J’étais très loin d’imaginer un tel succès pour la première voiture électrique de Xiaomi. Malgré les premières images du modèle SU7 et ses principales caractéristiques dévoilées en décembre, j’ai continué à croire que ce ne serait qu’une grande berline électrique de plus sur un marché chinois déjà saturé. Grossière erreur ! 

Ce lancement de Xiaomi déjoue tous les pronostics. Cette entreprise, plus connue pour ses smartphones et autres objets connectés, fait le buzz et le phénomène autour de cette nouveauté défie l’entendement. Difficile pour autant de savoir si la fusée qui s’est lancée sous nos yeux ne va pas se désagréger en plein vol tout aussi vite. 

Un lancement longtemps compromis 

Xiaomi a annoncé vouloir se lancer sur le marché de la voiture électrique en mars 2021. Il aura fallu plus de deux ans à l’entreprise pour obtenir, en août 2023, toutes les autorisations du gouvernement chinois pour le faire. Le patron de Xiaomi, Lei Jun, n’a pas vraiment attendu les autorisations officielles pour avancer sur ce projet qui lui tenait particulièrement à cœur. 

La construction de l’usine a démarré il y a deux ans. Elle est équipée des dernières technologies (gigacasting, robots…) et n’a apparemment rien à envier à Tesla. Les capacités de production de la première phase doivent permettre à Xiaomi d’assembler entre 100 000 et 150 000 voitures électriques. Les premiers modèles sont d’ailleurs sortis de la chaîne en mars. L’objectif est ensuite d’atteindre 300 000 véhicules produits. 

Une copie conforme de Porsche ?

Que serait une voiture électrique chinoise sans accusation d’avoir plagié des constructeurs étrangers ? À l’exception des mini-citadines, qu’il serait difficile d’accuser de plagiat puisque plus aucun constructeur européen n’en crée, aucun constructeur chinois n’y échappe. C’est devenu un rite de passage, voire un adoubement, signifiant que le design plait aussi hors de Chine. Rien d’anormal à cela après tout, les Chinois débauchent à tour de bras les designers automobiles européens. Xiaomi n’échappe pas à la règle. L’inconvénient, c’est que cela finit par donner des voitures très uniformisées sur tous les continents, mais ce reproche n’est certainement pas réservé à la Chine.

Xiaomi SU7 : gabarit similaire à la Porsche Taycan // Source : Xiaomi
Xiaomi SU7 : gabarit similaire à la Porsche Taycan // Source : Xiaomi

Pour une fois, ce n’est pas une copie de Tesla ! La Xiaomi SU7 ressemble plutôt à une belle interprétation de la Porsche Taycan : même gabarit, mêmes performances pour la SU7 max, et des similitudes sur le style intérieur et extérieur. C’est de toute façon la méthode de Xiaomi depuis ses débuts : prendre des produits réussis et les transformer afin d’en faire une version beaucoup plus abordable pour le grand public. 

Une Porsche Taycan est vendue en Chine au minimum 115 000 €, la Xiaomi SU7 s’échelonne de 27 400 € à 38 400 € pour sa version la plus puissante. Elle est même moins chère qu’une Tesla Model 3. Même si la marque perd de l’argent sur ce modèle, elle s’assure un lancement réussi pour son avenir dans ce domaine. Surtout qu’un second modèle devrait arriver avant la fin d’année pour enfoncer le clou.

Grande berline électrique SU7 // Source : Xiaomi
Grande berline électrique SU7 // Source : Xiaomi

Aussitôt présentée, aussitôt livrée ! 

Là encore, Xiaomi réalise un sacré tour de force qui doit estomaquer certains constructeurs historiques. De la feuille blanche de la création de Xiaomi Auto à la commercialisation des SU7 ce 28 mars, le délai est incroyablement court pour l’industrie auto. Moins d’une semaine après, les premiers clients ont déjà été livrés de leur voiture. Comble de la provocation pour nos constructeurs : sur le papier, cette voiture apparaît très aboutie pour un premier modèle. La pilule doit être dure à avaler pour les concurrents, y compris chinois.

Encore plus fort, les boutiques Xiaomi ont été prises d’assaut. De longues files d’attentes à l’extérieur des boutiques se sont formées pour approcher les modèles d’exposition. Certains sites sont restés ouverts jusqu’à 3h du matin pour réaliser des essais. Qui pourrait imaginer cela en France pour une voiture électrique ? 

Que restera-t-il des plus de 100 000 pré-commandes réalisées ? C’est un autre débat à suivre dans les mois à venir. À 8 000 km de distance, j’ignore si tout ceci se révélera n’être qu’un buzz éphémère ou si Xiaomi a réussi le casse du siècle. Xiaomi peut encore échouer, notamment si la marque livre des voitures moins prometteuses qu’il n’y parait. Le retour de bâton pourrait être tout aussi rapide que l’ascension de la marque.

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