Une option jusqu’à présent peu répandue chez EDF fait de plus en plus parler d’elle : Tempo. Sur la base d’un historique assez fourni, on peut dresser un bilan : combien gagne-t-on en pratique avec un contrat EDF Tempo par rapport au reste des offres ?

Les hausses d’électricité récentes ont incité de nombreux clients à reconsidérer leur contrat. Pour la plupart des abonnés EDF, la dernière augmentation en date a fait grimper la facture de 10 % en moyenne, mais tout le monde n’est pas forcément logé à la même enseigne.

En l’occurrence, ceux qui ne sont pas en tarif base et ceux qui sont abonnés chez un autre fournisseur d’énergie peuvent avoir un impact bien différent à la fin. À ce petit jeu de l’électricité la moins chère possible, les gros consommateurs sont souvent ceux qui cherchent le meilleur plan.

En première ligne, on retrouve donc les possesseurs de voiture électrique, pour qui le premier poste de consommation est parfois leur véhicule branché. Certains — comme le rédacteur de cet article — font le choix de l’option Tempo d’EDF pour s’assurer une facturation avantageuse, quand d’autres préfèrent ne pas tenter le diable et conserver une offre plus classique. À l’aide d’un bilan réel, voyons si l’offre Tempo permet vraiment de faire des économies, ou si le grand perdant de l’histoire est votre portefeuille.

Qu’est-ce que l’option Tempo d’EDF ?

L’option Tempo d’EDF est probablement méconnue parce que la souscription est toujours obligatoirement faite par téléphone. Sous-entendu : il faut réellement le vouloir pour souscrire un contrat Tempo. On pourrait conjecturer sur la raison pour laquelle il n’est pas aussi simple de souscrire à l’offre Tempo qu’aux autres offres directement en ligne, mais ce n’est pas le sujet.

L’offre Tempo se base sur une répartition entre des heures pleines (de 6 h à 22 h) où l’électricité est plus chère, et des heures creuses (de 22 h à 6 h) où elle est moins chère. Jusque-là, rien de très original. Cependant, en plus de ces plages horaires, les tarifs sont différents selon les jours, répartis en trois couleurs :

  • Jours bleus : 300 jours par an, avec près de 40 % d’économies sur le tarif heures pleines/heures creuses classique,
  • Jours blancs : 43 jours par an, avec près de 30 % d’économies sur le tarif heures pleines/heures creuses classique,
  • Jours rouges : 22 jours par an, avec 24 % d’économies en heures creuses, mais un tarif presque 3 fois plus cher en heures pleines.
Les tarifs Tempo d'EDF en février 2024 // Source : EDF
Les tarifs Tempo d’EDF en février 2024. // Source : EDF

Tout ceci peut être déjà bien casse-tête pour certains qui préfèreront donc s’arrêter là et passer leur chemin sur l’offre Tempo, la dernière ligne liée aux jours rouges leur ayant fait craindre le pire. Cependant, factuellement, les tarifs sont bien moins chers en Tempo qu’avec les autres contrats, et ce l’immense majorité du temps.

Un tarif préférentiel 96 % du temps

Une autre manière de présenter le contrat Tempo d’EDF est de remarquer que les heures pleines rouges représentent 22 fois 16 heures dans une année complète qui comporte 8 760 heures. C’est-à-dire, 4 % du temps.

Le reste des heures, soit 96 % de l’année, le tarif est très avantageux, puisqu’il permet de réaliser entre 24 et 40 % d’économies selon la couleur du jour et la période. Bien entendu, pour que Tempo ait un intérêt, il faut tout de même accepter de ne pas faire n’importe quoi lors des heures pleines en jour rouge, sous peine de déconvenue.

C’est d’ailleurs tout le problème de certains simulateurs qui calquent votre consommation actuelle sur un contrat Tempo et qui peuvent vous laisser penser que le gain ne sera pas forcément au rendez-vous. Si l’on prend l’exemple d’un foyer ayant un contrat EDF base et une voiture électrique, et qui la charge en rentrant du travail à 18 heures pendant 4 heures, lors des jours rouges Tempo, le coût sera exorbitant. Mais, ce même foyer accepterait sans doute volontiers de lancer la recharge à 22 heures s’il était client Tempo, puisque le résultat serait le même finalement : la voiture serait chargée au petit matin.

Prise Green'Up. // Source : Capture d'écran YouTube Mac4Ever
Prise Green’Up. // Source : Capture d’écran YouTube Mac4Ever

Un simulateur utilisant les données actuelles va donc vous annoncer que la charge de 30 kWh de votre voiture va passer de 7,5 euros en tarif base à 22,5 euros lors d’un jour rouge Tempo en heures pleines. Alors même que, sans changer la couleur du jour (c’est-à-dire en gardant l’hypothèse pessimiste que c’est un jour rouge), mais en décalant la charge à partir de 22 heures, elle ne coûterait plus que 4,8 euros. Soit 35 % de moins qu’en tarif base.

Le tout est de réussir à estimer, après le passage en EDF Tempo, la quantité de kilowattheures en heures pleines lors des jours rouges qui sera impossible à effacer. Une fois que vous en avez une idée, vous pourrez estimer plus précisément le coût des jours qui sont plus chers que les autres options tarifaires.

Tout le reste de l’année, même sans aucune optimisation, une chose est sûre : ce sera moins cher que le reste.

Le bilan chiffré : des gains conséquents, même en hiver

Plutôt que de rester sur des considérations théoriques, il faut regarder en pratique ce que coûte une offre Tempo depuis le début de la saison Tempo, comme l’appelle EDF. Une saison Tempo va du 1er septembre au 1er août de l’année suivante. Dans cette période, les 22 jours rouges sont à placer entre le 1er novembre et le 31 mars. À grosses mailles : en hiver.

Les couleurs des jours de la saison Tempo en cours // Source : URL
Les couleurs des jours de la saison Tempo en cours. // Source : URL

Parmi les subtilités des jours Tempo, il faut savoir que les week-ends et les jours fériés ne peuvent pas être rouges. Par contre, il peut y avoir jusqu’à 5 jours rouges consécutifs, notamment pendant les périodes de grand froid. Si les conditions de détermination de la couleur du jour vous intéressent, RTE met à disposition le document faisant foi.

Nous sommes le 11 mars 2024 au moment de la publication de cet article, et il reste encore 2 jours Tempo rouge. On a donc passé la majorité des jours rouges. Cette année, comme souvent, le mois de janvier comportait quasiment deux semaines rouges consécutives. C’est dans ces périodes qu’une optimisation est nécessaire pour ne pas voir sa facture s’envoler.

Dans mon logement actuel, le chauffage est électrique (pompe à chaleur air/eau) et j’ai donc choisi de ne chauffer qu’en heures creuses, quelle que soit la couleur du jour. En l’occurrence, j’ai testé cette méthode dès le début de la période de chauffe, en me disant que ce serait ma solution de secours pour les jours rouges. Finalement, j’ai laissé tel quel, tant la température reste correcte en journée avec l’inertie de la nuit.

Pour suivre finement la consommation — spoiler : ce n’est pas du tout indispensable –, j’utilise Home Assistant sur lequel j’ai un dashboard dédié à l’électricité. Lors des jours rouges, je peux ainsi vérifier que tout est sous contrôle. On peut le voir ci-dessous.

La puissance instantanée en sortie de Linky en ordonnées, et l'heure en abscisse // Source : Bob JOUY pour Numerama
La puissance instantanée en sortie de Linky en ordonnées, et l’heure en abscisse. // Source : Bob JOUY pour Numerama

On voit nettement la consommation liée au chauffage dès 22 heures, puis une courbe fortement aplatie dès 6 heures du matin, lorsque le chauffage se coupe. La vie normale se poursuit en heures pleines et généralement, on termine un jour rouge avec entre 5 et 7 kWh consommés en heures pleines.

En moyenne, depuis septembre, les heures pleines d’un jour rouge coûtent 4,78 € pour 6,3 kWh, alors que cela coûterait seulement 1,6 € en tarif base. Mais, comme attendu, c’est insignifiant face aux économies de tous les autres jours.

Le bilan des jours rouges Tempo de la saison en cours // Source : Bob JOUY pour Numerama
Le bilan des jours rouges Tempo de la saison en cours. // Source : Bob JOUY pour Numerama

Avec notre consommation moyenne depuis septembre de 21,53 kWh par jour, on obtient un coût en incluant la part relative à l’abonnement de :

  • 6,04 €/jour en abonnement base,
  • 5,66 €/jour en abonnement heures pleines/heures creuses,
  • 4,19 €/jour en abonnement EDF Tempo.

Cet écart en faveur de l’option Tempo ne fera que s’accroître jusqu’à la fin de la saison, puisque les jours rouges sont quasi tous derrière nous. Synthétiquement, pour le moment, les coûts au kWh sont de 0,195 €/kWh en incluant l’abonnement, alors qu’ils seraient de 0,263 €/kWh en HP/HC et 0,281 €/kWh en tarif base.

Sur la saison en cours, le bilan est donc ultra-favorable pour l’option Tempo, le total payé en incluant l’abonnement étant de 780 € pour 4004 kWh depuis le 1er septembre. En face, les autres tarifs auraient donné :

  • 1 053 € en tarif HP/HC, soit un surcoût de 35 %,
  • 1 124 € en tarif base, soit un surcoût de 44 %.

Encore une fois, cet écart ne va faire que s’accroître jusqu’à la fin de la saison, mais même en période a priori peu favorable, les économies sont bien présentes. Annuellement, c’est entre 400 et 600 euros d’économies sur une facture globale de moins de 1 500 euros : il n’y a pas de doutes possibles sur l’intérêt de l’offre Tempo.

Dans quels cas EDF Tempo n’est-il pas valable ?

Pour dire les choses simplement, seuls ceux qui savent à l’avance qu’ils vont surconsommer en heures pleines les jours rouges peuvent hésiter à passer à l’option Tempo. Pour les autres, les économies sont évidentes. On pense, par exemple, à tous les clients qui ne chauffent pas à l’aide de l’électricité, pour qui la surconsommation lors de périodes de grand froid est imperceptible.

Pour ceux qui, comme moi, chauffent à l’électricité, il y a plusieurs cas de figure. Soit il est possible de décaler son chauffage en heures creuses, ce qui implique d’avoir une isolation suffisante pour conserver la bonne température en journée. Soit la consommation liée au chauffage ne représente au final qu’une petite part de la consommation totale annuelle. C’est parfois le cas des gros rouleurs en voiture électrique, qui peuvent avoir besoin quotidiennement de 30 kWh ou plus à remettre dans leur véhicule. Dans ce cas-là, il y a fort à parier que l’option Tempo restera financièrement intéressante, puisque même sans décaler le chauffage les jours rouges, la part consommée en heures creuses restera importante.

Il ne faut donc pas craindre les heures pleines des jours rouges Tempo (4 % des heures de l’année), qui ne sont pas réellement problématiques, même sans bouleverser ses habitudes. Quitte à faire un minimum attention (sans aller jusqu’à allumer les bougies plutôt que les lumières et la télévision), tout se passera bien, et les économies seront au rendez-vous.

Bien sûr, plus la consommation électrique est globalement importante, et plus le gain en euros sera conséquent. Gagner 30 % de 4 000 euros ou 30 % de 500 euros n’est absolument pas pareil. Pour les petits consommateurs, le gain espéré en passant à Tempo peut ne pas valoir le petit casse-tête supplémentaire.

Enfin, et il est important de le rappeler, comme toutes les offres au tarif bleu d’EDF, l’option Tempo n’est pas soumise à un engagement. Ceci sous-entend donc, par exemple, que si vous souscrivez en mars, une fois que les jours rouges sont terminés, et que la période hivernale vous fait craindre le pire, libre à vous de partir ailleurs sans aucuns frais. Cela permet notamment à ceux qui chauffent avec des radiateurs électriques dans des logements mal isolés de ne pas voir les factures hivernales exploser, si la consommation en heures pleines lors des jours rouges Tempo est impossible à maîtriser.

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