Pour être éligible au bonus écologique pour les voitures électriques, il faut produire en Europe. Plusieurs marques chinoises avancent sur le sujet, mais Leapmotor pourrait bien les coiffer tous au poteau grâce à son partenariat avec Stellantis

MG et BYD ont annoncé la construction d’usines en Europe pour produire certains de leurs modèles destinés au marché européen. Mais il faudra encore de longs mois avant qu’elles ne soient opérationnelles. En attendant, ces marques seront privées du bonus écologique de 4 000 € (ou 7 000 € pour les ménages les plus modestes) à cause de leur production en Chine qui ne leur permet pas de bénéficier des aides à l’achat du gouvernement, selon les nouveaux critères de 2024.

Leapmotor pourrait toutefois bénéficier d’usines européennes livrées sur un plateau grâce à Stellantis, ce qui représenterait un avantage indéniable pour ce nouveau venu sur le marché européen de la voiture électrique. C’est en tout cas ce qu’il se murmure ce 19 février 2024, selon le média Automotive News Europe.

Un pied de nez de Stellantis au gouvernement italien 

La fabrication par Stellantis des voitures électriques du constructeur chinois Leapmotor fait partie de l’accord signé entre les deux entreprises. Mais, jusqu’à maintenant, on ne savait ni où, ni quand cet accord pourrait se concrétiser.

gamme Leapmotor sur le salon de Shanghai // Source : Leapmotor
Gamme Leapmotor sur le salon de Shanghai. // Source : Leapmotor

Carlos Tavares, patron du groupe Stellantis, a suggéré lors de la conférence des résultats Stellantis du 15 février que l’Italie pourrait accueillir la production des modèles chinois « si cela s’avérait rentable ». D’autres indiscrétions internes semblent confirmer cette piste. Les voitures Leapmotor pourraient être assemblées à l’usine Mirafiori de Turin, qui fabrique actuellement la Fiat 500e. Cela serait une bonne nouvelle pour cette usine qui cumule les périodes de chômage partiel, faute de demande européenne suffisante sur les modèles qui y sont produits.

C’est aussi une bonne manière pour Stellantis de renvoyer dans son but le gouvernement italien. Celui-ci reprochait au groupe de privilégier la France face à l’Italie, une critique renforcée par la rumeur de fusion avec Renault. Il faut dire que la production réalisée dans les différentes usines du groupe en Italie a baissé. Le gouvernement s’inquiète de voir le chômage gonfler, en plus de perdre un savoir-faire précieux pour produire les fleurons de l’automobile italienne. De 750 000 voitures produites en Italie en 2023, Stellantis pourrait revenir à près d’un million de véhicules avec environ 150 000 modèles Leapmotor, ce qui semble pour l’heure particulièrement optimiste.

Ce n’est probablement pas vraiment ce qu’avait en tête le gouvernement italien quand il pressait le groupe Stellantis à réinvestir plus massivement dans l’avenir des usines italiennes. Il faudra pourtant très certainement s’en contenter.

Leapmotor, le premier constructeur chinois à produire en Europe ?

Si l’usine de Mirafiori est déjà prête à l’usage, elle n’est pas préparée pour assembler des voitures électriques Leapmotor, pensées très différemment des modèles Stellantis, comme les Peugeot, les Fiat ou les Maserati.

Nouvelle plateforme développée par Leapmotor // Source : Raphaelle Baut
Nouvelle plateforme développée par Leapmotor. // Source : Raphaelle Baut

Le projet pourrait prendre du temps à être mis en place. Les premiers modèles chinois pourraient être accueillis sur des chaînes de production italiennes. L’une des sources aurait déclaré à Automotive News Europe que cela pourrait commencer en 2026 ou 2027. Cela semble particulièrement tardif vis-à-vis de l’avance que la marque chinoise pourrait actuellement avoir face à ses concurrents.

Finalement, les usines de MG ou BYD pourraient-elles être plus rapides à lancer leur production européenne ? Là encore, il est probablement un peu tôt pour pouvoir savoir qui gagnera cette course. BYD a communiqué en décembre que l’entreprise construira son usine en Hongrie, pays dans lequel elle a déjà une usine pour la construction de bus électriques. De son côté, MG ne parait toujours pas avoir tranché pour l’emplacement d’une future usine. En fonction du pays choisi, les lenteurs administratives vont jouer un rôle dans l’arrivée de ces modèles chinois produits en Europe.

Avec un espoir feint, on espère toujours que d’ici là un bonus écologique sera toujours disponible, mais là encore, rien n’est moins sûr. À défaut de bonus, cela permettra aux constructeurs chinois d’éviter les frais de douanes que l’Europe veut leur imposer à l’importation de voitures électriques finies.

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