Le patron de Fisker a remis en main propre les deux premiers Fisker Ocean livrés aux Pays-Bas et en Allemagne. C’est depuis le fraîchement inauguré showroom de Munich qu’Henrik Fisker a répondu aux questions du média Automobilwoche le 10 mai 2023. Si beaucoup de propos concernent forcément la marque, le patron s’est également exprimé sur la concurrence chinoise avec une vision semble tout assez pertinente des forces et des faiblesses de ces constructeurs.
Sur fond de « tout est possible, le marché est en mouvement », le discours d’Henrik Fisker sonne juste. Même si la marque est récente sur le marché, le chef d’entreprise a fait toute sa carrière dans l’industrie automobile. À la différence d’Elon Musk, il a pu observer cette industrie évoluer sur plusieurs décennies et il n’hésite pas à affirmer que les anciennes règles ne s’appliquent plus : « Le client a envie de nouveauté. »
Les voitures chinoises auront plus de mal à conquérir l’Europe et les USA
Nul constructeur n’échappe désormais aux questions sur les (redoutables) concurrents chinois. Henrik Fisker n’apparait pas aussi défaitiste que les grands patrons de groupes automobiles historiques. Face à l’arrivée de cette concurrence, le patron est très lucide : « Ils arrivent plus vite que prévu, avec de bons véhicules et une bonne technologie. »
Il confirme qu’ils dominent largement leur marché local, un marché sur lequel Fisker va quand même tenter sa chance en 2024. Mais il reste persuadé que les marques auront plus de mal à s’imposer aux États-Unis et en Europe que sur leur marché national, pour deux raisons : leur politique tarifaire hors de Chine et leur manque d’histoire.
« Ils ne sont pas vraiment ‘bon marché’ », cette phrase, le patron de Fisker nous l’avait déjà prononcée lors de notre interview sur le Mondial de Paris. Une observation que l’on retrouve à chaque nouveau lancement d’un modèle 100 % chinois.
Pour le second point, c’est une vision plus personnelle du chef d’entreprise : « Les Européens veulent comprendre une marque : d’où viennent-ils, que représente la marque, quelle est son histoire ? Ce n’est pas clair. Les marques sont abstraites. L’histoire manque. » Il est vrai que l’on classe rapidement les constructeurs chinois selon leur pays d’origine, sans forcément chercher à leur attribuer une histoire ou même une philosophie particulière. Ce n’est probablement pas pour rien que des groupes comme Geely ou SAIC ont racheté des marques européennes pour partir à la conquête du monde : Volvo et Lotus pour Geely, MG pour SAIC Motor.
Quand le journaliste d’Automobilwoche fait remarquer à Fisker que sa marque n’a pas vraiment d’histoire non plus, le patron répond sans se démonter qu’ils sont du sud de la Californie, qu’ils travaillent dans le monde entier et qu’ils produisent actuellement en Europe, avant d’ajouter : « Nous sommes relax, nous agissons de manière durable, nous sommes des surfeurs ! » Voilà donc la recette secrète de Fisker.
Les clients veulent conduire des voitures passionnantes au quotidien
Pour Henrik Fisker, le temps où l’on se faisait plaisir avec une voiture d’exception le week-end est quelque peu révolu. Les clients veulent maintenant pouvoir conduire des voitures excitantes au quotidien : « Tout l’art consiste à trouver le bon équilibre entre ces exigences. »
C’est pour cette raison qu’il a créé le Fisker Ocean. En se positionnant sur du premium abordable, Fisker considère qu’il n’aurait pas beaucoup de concurrents directs sur le segment. Il voulait un nouveau défi, c’est pour ça qu’il s’est lancé sur un « SUV, sportif, mais utile, abordable et beau. » Dommage que le projet de PEAR soit déjà retardé ; c’est probablement sur ce modèle qu’Henrik Fisker pourrait réellement faire bouger les lignes.
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