« Nous accédons à la requête du Parquet d’interdire les activités de la compagnie Meta ». Un tribunal de Moscou a pris la décision le 21 mars 2022 d’interdire Facebook et Instagram, deux des principaux réseaux sociaux de Meta, a indiqué l’AFP.
Les deux sites étaient déjà interdits en Russie : Facebook était banni depuis le 5 mars et Instagram inaccessible depuis le 14. Mais cette nouvelle décision n’est pas si anodine que ça. Elle concerne l’entière du groupe Meta, et non plus seulement les deux réseaux sociaux. La raison de l’interdiction est également différente : le groupe est banni pour « extrémisme ».
Qu’est-ce que cela change ?
Pour l’instant, la décision de justice ne change rien à la situation actuelle : les deux réseaux sont toujours interdits. L’AFP a cependant précisé que « l’application de messagerie WhatsApp, elle aussi détenue par Meta, n’est pas concernée par cette mesure », ce qui aurait été une nouveauté importante : 67 millions de Russes utilisent l’app. Rien ne dit cependant que cette autorisation pour WhatsApp perdurera, car il s’agit bien des activités du groupe entier qui ont été déclarées « extrémistes ». De même, rien n’a été annoncé pour Occulus, une autre entreprise appartenant à Meta.
Facebook et Instagram avaient été interdits jusque-là pour discrimination, notamment à cause du fait que Facebook laisse certains de ses utilisateurs insulter les soldats russes. Le fait qu’ils le soient désormais pour cause d’« activités extrémistes » ne devrait pas changer beaucoup de choses dans l’immédiat, mais pourrait, à terme, avoir des conséquences plus importantes.
Vladimir Poutine a promulgué en juin 2021 une loi interdisant aux personnes en relation avec des groupes extrémistes d’être élues. Facebook et Instagram sont utilisés par des millions de personnes en Russie. Si elle est appliquée strictement, cette loi pourrait peut-être empêcher de potentiels candidats ayant un jour eu un compte Facebook d’être un jour élus. Toutes les personnes ayant eu un jour un compte Facebook ne seront sûrement pas considérées comme des « extrémistes », mais le fait que certaines puissent éventuellement l’être est déjà une conséquence désastreuse.
Le terme « d’extrémiste » est de toute façon lui-même très large : il fait référence à une loi votée en 2007, officiellement pour « lutter contre l’extrémisme politique ». Cette dernière sanctionne très sévèrement toute personne condamnée pour des crimes commis pour « motifs de haine politique et idéologique » avec des peines de prison pouvant aller jusqu’à 12 ans. Cette loi permet également aux forces de l’ordre d’écouter les conversations téléphoniques des personnes soupçonnées d’infractions, « quelle qu’en soit la gravité », écrivait Le Monde en 2007. Potentiellement, les utilisateurs russes d’Instagram ou de Facebook dans le pays pourraient être concernés par ces écoutes.
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