5 000. Voilà le nombre de drones que la Russie a lancé contre l’Ukraine au cours du mois de juin. De fait, la guerre d’agression que Moscou a lancée contre son voisin est principalement rythmée par ces vagues d’aéronefs sans pilote. Des assauts nocturnes essentiellement, qui sont d’ailleurs en augmentation : c’est 15 fois plus qu’en juin 2024.
Mais pour y faire face, l’Ukraine développe une nouvelle parade : les tirs de fusil d’assaut. Cette stratégie n’est certes pas nouvelle, mais elle repose sur un type de munition inédite, décrite comme spécialement taillée pour abattre les drones FPV (first person view), c’est-à-dire qui se manœuvrent en vue immersive avec une caméra embarquée.

Cette munition, signalée initialement par le journal Kyiv Post, et relayée par Opex 360, est de calibre 5,56 x 45 mm, ce qui lui permet de répondre au standard OTAN — ce qui lui permet de fonctionner dans les fusils d’assaut occidentaux, et donc dans ceux que Kiev reçoit de la part de ses alliés pour résister à l’invasion.
Cette munition, est-il précisé, a été développée par Brave 1, le centre ukrainien de développement d’armements innovants. Cette plateforme s’était déjà illustrée par le passé sur le terrain des drones navals, terrestres et aériens. Les engins qu’elle développe mènent la vie dure aux forces russes, en explosant parfois du matériel adverse de grande valeur.
« À première vue, il s’agit de cartouches ordinaires du calibre le plus courant. Mais grâce à l’utilisation d’une ogive spéciale, elles permettent de toucher un drone FPV ou un Mavic avec une probabilité bien plus élevée, avant qu’il n’ait le temps d’attaquer », a communiqué fin juin Brave 1 dans une courte vidéo présentant cette munition.


« Notre objectif commun est que chaque fantassin dispose d’un chargeur contenant de telles cartouches et puisse en équiper sa mitrailleuse en cas de menace aérienne », est-il ajouté. Les caractéristiques précises de la balle n’ont pas été livrées. Selon Opex 360, on parle d’une « ogive spéciale » qui se « désintègre » en fragments à l’approche de sa cible.
Une option de dernier recours
Comme le pointe le Kyiv Post, le fusil d’assaut contre le drone est une option de dernier recours, afin que les fantassins puissent se défendre face à un engin qui s’apprêterait à leur foncer dessus ou tenterait de leur larguer un explosif, alors qu’ils sont planqués dans une tranchée. Les armes actuelles sont déjà utilisées, mais avec une efficacité moindre.
Avec son format OTAN, la munition pourrait aussi finir par équiper les forces de l’Alliance atlantique, ce qui leur offrira un rideau défensif supplémentaire — au niveau du combat rapproché. Il reste à la balle de faire ses preuves sur le champ de bataille. En fonction, il pourra être envisagé de la produire en masse, avec l’aide de l’industrie de défense européenne.
Aujourd’hui, l’Ukraine actionne principalement deux leviers contre les drones : des missiles tirés depuis des avions, des hélicoptères ou des plateformes terrestres, mais aussi des brouilleurs pour rompre la liaison entre les drones et les opérateurs. L’Ukraine peut aussi utiliser des drones pour aller percuter les aéronefs adverses.

Ces leviers connaissent toutefois certaines limites : les missiles coûtent chers et les produire prend du temps. Quant au brouillage, celui-ci peut être enjambé avec des matériels filoguidés. Les signaux sont donc transmis par fibre optique, ce qui les rend beaucoup moins vulnérables aux perturbations électromagnétiques.
À défaut d’avoir une solution parfaite contre les vagues de drones, le cumul de plusieurs couches de défense apparaît comme la meilleure stratégie à avoir, en les faisant toutes progresser. Mykhaïlo Fedorov, le ministre chargé de la transformation numérique de l’Ukraine, le dit bien : cela « contribuera à protéger les militaires ukrainiens. »
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