Le métaverse rêvé par Mark Zuckerberg n’arrivera pas de si tôt. Ce monde virtuel, où l’on pourra se retrouver pour discuter, se balader, faire des réunions ou jouer à des jeux, va demander « une puissance de calcul multipliée par 1 000 par rapport à aujourd’hui », a affirmé un cadre haut placé de chez Intel.
Dans un billet de blog, Raja Koduri, un responsable de l’innovation chez Intel, s’est permis d’exprimer le 16 décembre 2021 quelques réserves sur les fantasmes virtuels de Mark Zuckerberg et des autres défenseurs du métaverse.
Internet n’est pas prêt pour le métaverse
« Imaginez ce qui est requis aujourd’hui pour mettre deux personnes dans un contexte social au sein d’un environnement virtuel : des avatars convaincants et détaillés avec des vêtements, des cheveux et des teintes de peau réalistes. Le tout rendu en temps réel et basé sur des données de capteurs détectant des objets 3D dans le monde réel, des gestes, des sons et bien plus encore », énumère le responsable, comme pour montrer la difficulté de faire interagir, ne serait-ce que deux personnes, dans un métaverse convaincant.
« Maintenant, imaginez résoudre ce problème à grande échelle — pour des centaines de millions d’utilisateurs simultanément » déroule Raja Koduri, « vous vous rendrez rapidement compte que notre infrastructure de calcul, de stockage et de mise en réseau actuelle n’est tout simplement pas suffisante pour permettre cette vision », conclut-il.
Selon Raja Koduri, le métaverse va exiger « une capacité de calcul très largement supérieure » à celle qu’offrent les ordinateurs actuels. La latence, ces micros-délais entre l’exécution d’une action par un internaute et sa prise en compte par le serveur, devra aussi être réduite de manière significative, tout simplement pour ne pas lagger dans le métaverse. « L’infrastructure entière de l’Internet aura besoin d’une mise à jour majeure », explique le responsable.
Un métaverse de privilégiés
Aujourd’hui, seulement les coins du monde les plus riches ont une infrastructure et des moyens économiques suffisants pour se plonger dans un monde virtuel. Et encore, ces mondes se rapprochent plus de Second Life que du vrai métaverse promis par Mark Zuckerberg. Il faudra effectivement des technologies beaucoup plus avancées et beaucoup plus accessibles pour faire de ce rêve une réalité. Répliquer tous nos mouvements sur un avatar en 3D requiert aujourd’hui des outils de performance capture chers et complexes. Le faire pour des millions, voir des milliards de personnes simultanément, est encore un doux fantasme de technophile.
Il ne faut pas oublier non plus que remplacer les infrastructures, produire de nouveaux gadgets et continuer la course à la puissance a un coût écologique non négligeable. Rappelons, que, selon le Sénat, « 70 % de l’empreinte carbone totale du numérique en France est due à la fabrication des terminaux (40 % au niveau mondial). » Produire plus de casques de VR, de gadgets connectés et de puces, pour espérer un jour plonger dans le métaverse, c’est aussi polluer plus. La question ici n’est pas de stopper l’innovation, mais de se demander si les sacrifices demandés valent le coup.
Au niveau mondial, 40 % de l’empreinte carbone du numérique est due à la fabrication de terminaux
Sénat
Au niveau d’Intel, la production de processeurs « 1000x plus puissants » que ceux d’aujourd’hui ne signifie pas que l’empreinte écologique sera 1000x plus importante. Les améliorations technologiques permettent souvent d’avoir des processeurs plus puissants et moins énergivores.
Intel reste optimiste
De plus, un tel bond en puissance ne se fera pas seulement à coup de semi-conducteurs. Les algorithmes, les réseaux neuronaux, les techniques de compression… Toutes ces technologies amélioreront également notre expérience sur le web. Combinées, ces innovations rendent la promesse d’un futur « 1000x plus puissant » assez réaliste. Le responsable d’Intel est d’ailleurs plutôt optimiste sur ce sujet, jurant que « cette technologie, qui permet aux mondes virtuels immersifs d’augmenter le monde réel, ouvre tellement de possibilités, c’est ce qui me donne envie de travailler tous les jours ».
Pour le moment cela dit, Internet n’est pas prêt pour le métaverse et vouloir se mettre la tête dans un univers virtuel risque de coûter cher économiquement et écologiquement.
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